Dans un communiqué en date du 23 avril, le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) met en garde à propos des « protocoles de recherche clinique et prescriptions hors AMM » liés à la pandémie de covid-19. Sans qu’il soit nommé, le professeur Raoult serait-il dans le collimateur de cette institution ?
Après avoir précisé que « dans les circonstances très particulières de la pandémie de Covid-19, il « est conscient du poids qui pèse sur les médecins en l’absence d’une thérapeutique spécifique, mais les médecins doivent être un repère encore plus fiable pour les patients », le CNOM « rappelle fermement à l’ensemble des médecins qu’en cette période de vulnérabilité particulière et face à l’inquiétude de nos concitoyens, leur parole prend un sens encore plus important. Il serait inadmissible dans ce contexte de susciter de faux espoirs de guérison. Les Français, nos patients, vouent une confiance importante au corps médical, qui se doit d’en être à la hauteur pendant cette crise sanitaire sans précédent. »
Le CNOM ajoute que « eu égard à la communication qui a été faite sur ces protocoles dans la presse « grand public », les conseils départementaux de l’Ordre où les médecins concernés exercent ont été invités à recueillir les explications de leurs confrères sur leurs dits protocoles et à leur rappeler leurs obligations déontologiques, inscrites dans le Code de la santé publique. A la suite de cet entretien les conseils départementaux informeront le conseil national des suites qu’ils lui donneront. »
Et l’Ordre des médecins poursuit en indiquant que « La mise en danger des patients, s’il apparaissait qu’elle puisse être provoquée par des traitements non validés scientifiquement, pourrait justifier dans ces circonstances la saisine du Directeur général de l’ARS pour demander une suspension immédiate de l’activité de ces médecins. En temps de crise sanitaire, la spécificité du recueil du consentement des patients soumis à un protocole de recherche clinique et les règles de la prescription hors AMM doivent également faire l’objet d’une application très stricte de la part des professionnels. » Avant de conclure qu’il « sera très vigilant sur ces dérives. »
Raoult visé par ce communiqué ?
Le professeur Raoult est-il visé par ce communiqué ? Cela ne fait aucun doute pour Vincent Olivier, qui publie dans L’Express une tribune à charge contre Raoult. Pour cet ancien journaliste, qui est à la tête de Recto Verso, une « société de conseil en communication, stratégie, et management », « ce qui est grave dans cette affaire, c’est que cela fait des semaines que de nombreux chercheurs dénoncent le comportement de Didier Raoult. Et que toutes les institutions officielles le savent – L’ANSM, le Conseil de l’Ordre, l’Académie de Médecine, l’Inserm et j’en passe – sans que personne ne prenne ses responsabilités. Ce qui est grave, c’est qu’un Président de la République adoube un personnage peu scrupuleux en se faisant présenter des travaux qui ne sont pas sérieux. Ce qui est grave, c’est que des Français sont toujours convaincus que Didier Raoult est victime d’une cabale parce qu’il est marseillais, atypique, grande gueule et à contre-courant de la doctrine « officielle ». Oui, c’est grave docteur. » Fermez le ban.
Ce que semble ou feint d’ignorer Vincent Olivier, c’est que les « travaux qui ne sont pas sérieux » de Didier Raoult ont guéri pas mal de monde. Et pas que des cas peu graves concernant des patients qui auraient été de toute façon guéris, comme l’insinuent les adversaires du médecin marseillais, mais des malades très sérieusement atteints.
Guéri grâce à la chloroquine
C’est le cas notamment du Breton René Louail, 68 ans, un paysan syndicaliste écolo des Côtes-d’Armor, qui livre un témoignage édifiant sur France3 Bretagne.
« Au début, j’ai ressenti des courbatures énormes. Très douloureuses, pendant une semaine. C’était atroce, je ne savais plus dans quelle position me mettre ; (…) Je n’avais pas de fièvre.(…) Brutalement, le lendemain, dans l’après-midi, en 3-4 heures, je suis passé d’une température normale à plus de 40 degrés. Ça va très vite. Je commençais à être essoufflé. J’ai appelé le 15 qui m’a conseillé d’aller à l’hôpital. (…) En arrivant, la distance à parcourir entre le parking et les urgences m’a semblé interminable, j’ai cru que je ne pourrais pas y arriver. On m’a mis immédiatement sous oxygène. En deux heures, j’ai ressenti plus de facilité à respirer. (…) Le médecin m’a avoué qu’il n’avait rien en magasin à proposer comme traitement. On a eu une discussion sur la chloroquine. Un échange de très bonne qualité. Il a été hyper honnête. En m’expliquant les risques, les effets indésirables. Je me suis senti accompagné. Après des examens cardiaques, j’ai pris trois cachets de chloroquine par jour. Au bout de 24 heures, la fièvre et la tension artérielle se sont stabilisées. La situation s’est améliorée après quelques jours. »
L’Ordre des médecins du Morbihan va-t-il se pencher sur le cas de ce médecin de l’hôpital de Pontivy qui a osé prescrire de la chloroquine, avec l’accord, il est vrai, du patient ? On attend la réponse…
PLG
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine