La Bretagne a besoin de masques. Mustapha Laabid peut les trouver. Chez lui, au Maroc.
Les ennuis judiciaires de Mustapha Laabid, député de Rennes Bruz, ont fait couler beaucoup d’encre et de salive. Il avait été condamné le 6 août 2019 par le tribunal de grande instance de Rennes à trois ans d’inéligibilité, à une peine d’emprisonnement de six mois avec sursis et à 10 000 euros d’amende, pour abus de confiance. On lui reprochait en effet, alors qu’il était président du collectif rennais Intermed – un collectif pour l’insertion professionnelle et contre les discriminations – , d’avoir utilisé l’argent de l’association à des fins personnelles, pour un total de 21 330 euros, dont 15 000 euros de frais de bouche (achats alimentaires et restaurants). Difficile d’expliquer, par exemple, les 1 000 euros dépensés à l’hôtel Pullman de Marrakech…
Laabid avait bien sa petite idée sur celles et ceux qui se trouvaient à l’origine de ses malheurs : « Des forces obscures qui se sont agitées pour me dénoncer auprès de Tracfin. Je ne saurai jamais qui a été à la manœuvre. » (Le Télégramme, Bretagne, jeudi 7 novembre 2019). À qui songe-t-il ? Rappelons que cet ancien proche du PS, rallié à En Marche fin 2016, a ravi une circonscription considérée comme un fief du PS. Et puis il y a la politique de la Ville menée dans les quartiers dans les années 2006 – 2014. « Cette période avait vu la création d’une myriade d’associations, sur fond de lutte d’influence entre courants et élus adverses au sein du PS rennais ». « La Ville a fait de grosses conneries avec la politique des grands frères », dénonçait Mustapha Laabid » (Le Télégramme, Bretagne, lundi 3 juillet 2019). Il est donc possible que les « forces obscures » soient à rechercher du côté de l’hôtel de ville.
On avait beaucoup moqué le Marocain Laabid pendant l’année 2019. Certains lui avaient même suggéré de songer à une reconversion dans son pays. En effet, s’il était capable de se faire élire à Rennes, il était tout autant capable de devenir député à Marrakech ; il possédait déjà le savoir-faire. Mais, avec l’affaire du coronavirus, il peut prendre de haut ses détracteurs et leur montrer que son pays est beaucoup mieux organisé que la France. Le Maroc peut nous donner des leçons. Vu sous cet angle, il est plus glorieux d’être député marocain que député français. Là, Laabid a fait le mauvais choix. « Il existe un pays à moins de deux heures d’avion de Paris où le port du masque est obligatoire. Et où les masques sont en vente dans les rayons de tous les supermarchés pour la modique somme de 8 centimes d’euros. Un prix fixé par l’État. Non seulement ce pays, le Maroc, a pu en équiper pratiquement tous ses citoyens, mais il s’apprête aussi à en exporter, à partir du 15 avril, vers d’autres nations européennes et arabes. Pour parvenir à cette autosuffisance, le royaume chérifien a réussi à produire 5 millions de masques quotidiennement, au cours des derniers jours. Un record battu par deux entreprises de Casablanca et de Marrakech, qui ont été mobilisées dès le début de la pandémie par le gouvernement de Rabat. Et huit autres sociétés sont en train de se convertir pour améliorer ce résultat. Faut-il préciser que tous les agents des ministères de la Santé, de la Défense et de l’Intérieur sont équipés de masques ? Un exploit qui fait rêver, dans l’Hexagone… » (Le Canard enchaîné, 15 avril 2020).
À coup sûr, Mustapha Laabid apparaît le mieux placé pour prendre en main la livraison de masques à la Bretagne. Loïc Chesnais-Girard, président du conseil régional de Bretagne, gagnerait à le nommer ambassadeur « breton » préposé aux masques au Maroc. Laabid s’occuperait avec efficacité des livraisons et cette occupation lui donnerait un statut social qui le changerait des petites magouilles du quartier du Blosne… Et les juges lui parleraient avec respect !
B.M.
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