Quels liens existe-il entre l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) et la Chine ? La question se pose après l’octroi d’une aide supplémentaire de 30 millions de dollars du pays à l’Organisation mondiale de la Santé.
La Chine en remplacement des USA auprès de l’OMS ?
La nature a horreur du vide. Tout comme les caisses de l’OMS ? Après la déclaration des États-Unis la semaine passée concernant l’arrêt de son financement de l’Organisation mondiale de la Santé, notamment car le pays estimait que cette dernière avait encouragé la « désinformation » chinoise au sujet du coronavirus, la Chine, justement, a décidé de mettre la main à la poche.
Le 23 avril, Pékin a annoncé le versement de 30 millions de dollars [NDLR : 28 millions d’euros] supplémentaires à l’OMS tandis que celle-ci cherche actuellement à réunir plus d’un milliard de dollars pour financer la lutte contre le Covid-19. Une soutien qui ne risque donc pas de dissiper les suspicions quant aux éventuels penchants pro-chinois de l’organisation.
Selon les propos tenus lors du point presse accompagnant l’annonce par Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, cette aide « servira notamment à la prévention et au contrôle de l’épidémie de Covid-19 et à soutenir le développement des systèmes de santé dans les pays en développement ».
Des contributeurs privés aussi de la partie
Cette dotation vient ainsi s’ajouter à un précédent versement de 20 millions de dollars [NDLR : 19 millions d’euros] de la part de la Chine à l’OMS au mois de mars. Pour Geng Shuang, « soutenir l’OMS à un moment critique de la lutte mondiale contre l’épidémie, c’est défendre les idéaux et les principes du multilatéralisme et défendre le statut et l’autorité des Nations Unies ».
Afin de remettre les choses dans leur contexte, rappelons que jusqu’à présent, les USA étaient le plus important soutien financier de l’OMS, avec une contribution annuelle de 400 à 500 millions de dollars, soit 22 % du total des contributions. Là où la Chine n’en représentait que 7,9 %. Devant l’Allemagne (6,3 %), la France (4,8 %) et le Royaume Uni (4,4 %).
Mais des contributeurs privés apportent également des deniers à l’Organisation mondiale de la Santé. Ainsi, la fondation Bill & Melinda Gates arrive en seconde position derrière les États-Unis…
Tedros Adhanom Ghebreyesus, l’obligé de la Chine ?
Le désengagement américain auprès de l’OMS a été perçu par de nombreux États comme une victoire symbolique pour le gouvernement chinois. De quoi redouter une influence grandissante de ce dernier sur l’organisation ?
En se penchant sur la personnalité de Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, difficile d’infirmer les craintes. Et pour cause. L’Éthiopien âgé de 55 ans, ancien ministre de la Santé de l’Éthiopie, est à la tête de l’organisation depuis juillet 2017. Peu après sa prise de fonction, il décida de nommer Robert Mugabe, alors président du Zimbabwe et proche du président chinois Xi Jinping, ambassadeur de bonne volonté de l’OMS.
Depuis le début de la pandémie de coronavirus, d’autres critiques se concentrent cette fois sur la non-volonté de Tedros Adhanom Ghebreyesus de remettre en cause les chiffres sanitaires communiqués par la Chine. Se pose aussi la question de la publication par l’OMS, le 14 janvier dernier, de résultats d’une étude chinoise niant la possibilité d’une transmission inter-humaine du Covid-19. Et ce, tout en ignorant une alerte indiquant le contraire et transmise par Taïwan le 31 décembre.
Autre élément à charge, le 3 février, sur demande de la Chine, le directeur général de l’OMS déclare qu’il n’est pas nécessaire de prendre des mesures qui « interfèrent inutilement avec les voyages et le commerce internationaux » afin d’endiguer la propagation du Covid-19.
Puis, le 7 avril 2020, Donald Trump accuse l’OMS d’avoir pris pour argent comptant les chiffres du coronavirus communiqués par la Chine. Des accusations que Tedros Adhanom Ghebreyesus rejettera. Enfin, lorsque Taïwan a émis des critiques à son égard le 8 avril, l’Éthiopien dénonce « une campagne raciste »… Une défense un peu légère si l’on tient compte du fait que Taïwan n’a pas droit de citer à l’OMS, là encore sur demande de la Chine qui ne reconnaît pas le petit pays en tant qu’État.
AK
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Monusco Photos)
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