La vente de masques de protection est un sujet sensible car chaque jour ils sont demandés aux pharmaciens qui ne peuvent les distribuer, créant l’incompréhension de nombreux Français.
Après de longs atermoiements, et la pression des instances ordinales, des syndicats et des groupements de pharmaciens, le ministre de la Santé a déclaré mardi 21 avril qu’en complément des gestes barrières et de la distanciation sociale, les masques alternatifs seront progressivement déployés partout en France, avec l’appui des pharmacies, des villes, de la grande distribution. Une décision qui ne passe pas !
Les masques que tout le monde réclame
Pas une journée sans que la demande ne soit la même, « avez-vous des masques ? » et la réponse est toujours la même et incompréhensible pour les patients : on ne peut ni vous les donner, ni les vendre. « En dehors du covid, on est incapable de fournir un masque aux malades chroniques. Les gens ne vont plus chez les médecins car ils n’ont pas de masque » se désole un pharmacien.
Une décision incompréhensible
Avec l’autorisation de commande et de stockage mais l’interdiction de les vendre, le gouvernement place les pharmacies dans une situation ubuesque. Ces masques chirurgicaux, étaient de leur monopole jusqu’au 3 mars dernier, aujourd’hui le gouvernement ne revenant pas sur ce décret, pénalise les officines par rapport à la grande distribution qui depuis le 19/4, dispose de cette autorisation et les propose déjà sur les sites de e-commerce.
« On a l’impression que le gouvernement a fait un choix en faveur de la grande distribution au lieu de préférer le circuit traditionnel des produits de santé, que sont les pharmaciens d’officines. Ce choix sera le marqueur de la politique du gouvernement sur ce produit de première nécessité sanitaire pour le déconfinement », prédit David Abenhaim, Président du groupement Pharmabest (groupement de 90 des plus importantes pharmacies françaises)
Une politique de 2 poids 2 mesures incompréhensible au regard de l’impératif de santé ?
Le circuit de distribution des pharmacies est pourtant un circuit à part : les pharmacies sont des commerces garants de la sécurité sanitaire qu’il s’agisse des conditions d’approvisionnement, de stockage, de délivrance à la différence des autres circuits de distribution. Les pharmaciens sont à la fois des auxiliaires de santé, partie prenante du parcours de soin des français et en mesure de répondre aux questions de santé que se posent les français, de les conseiller et les instruire sur les protocoles médicaux. Chaque jour 6 millions de français poussent les portes des officines. C’est pourquoi ce choix d’autorisation à la grande distribution conduit de fait à une distorsion de concurrence et marque une défiance vis-à-vis des pharmacies La question logistique n’est pas recevable : avec les répartiteurs, les 22 000 pharmacies françaises sont en mesure de stocker en sécurité tous les produits de santé, capables de faire des suivis de lots, et être approvisionnées 2 fois par jour.
« Les pharmaciens ont été capables de vacciner en deux mois des centaines de milliers de français contre la grippe et ne seraient pas capables de distribuer des millions de masques. D’autant que le problème se poserait de la même façon pour les masques alternatifs. C’est une blague ! » s’insurge David Abenhaim.
Un appel solennel
Le groupement lance un appel pour faire cesser ce flou délétère qui chaque jour prive les pharmaciens de la possibilité de reconstituer des stocks leur permettant de vendre les masques chirurgicaux à compter du 11 mai. « Monsieur le ministre, assez de tergiversation, prenez enfin le décret que nous attendons et autorisez la vente des masques chirurgicaux en officine. Permettez- nous de faire notre métier ! » conclut David Abenhaim
Photo : pixabay (cc)
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