Depuis que le coronavirus s’est propagé dans le monde, de nombreux gouvernements ont pris des mesures de restriction des déplacements. En France, elles ont été trop tardives et n’ont pas empêché une progression rapide de l’épidémie. On aurait pu s’attendre à ce que ces restrictions amènent à une remise en cause du dogme de l’ouverture des frontières et de l’immigration de masse. De nombreux exemples nous montrent qu’il n’en est pour l’heure rien. En dépit de déclarations de façade, nos dirigeants ne veulent rien lâcher de leur idéologie sans frontières. Pourtant, à l’issue de cette période de réclusion, il y aura urgence à inverser les flux migratoires.
La condamnation de pays d’Europe de l’Est
Hasard du calendrier, en pleine période de propagation du coronavirus, trois pays d’Europe de l’Est, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, ont été condamnés le 2 avril par la Cour de justice de l’Union européenne pour n’avoir pas pleinement pris leur part à la répartition de migrants extra-européens décidée par le Conseil de l’Union européenne le 22 septembre 2015, en pleine « crise des migrants » (1).
Si cette condamnation n’est pas assortie de peines, elle illustre néanmoins la volonté intacte de la Commission européenne de contraindre les États membres à participer à la submersion migratoire qu’elle organise. Le président Macron est très en pointe pour réclamer non seulement un mécanisme de répartition automatique des clandestins arrivant sur les côtes européennes, mais également des sanctions contre les pays qui le refuseraient (2).
Au-delà de cette décision de justice, l’ardeur de nos dirigeants à organiser une immigration de masse est à peine freinée par la pandémie du coronavirus. Elle s’illustre tant en ce qui concerne l’immigration « administrée » qu’en ce qui concerne l’immigration illégale.
L’immigration administrée
En toute discrétion, plusieurs pays, dont la France, se sont engagés récemment à accueillir près de 1 600 jeunes clandestins présents en Grèce. C’est une nouvelle fois le critère de vulnérabilité qui est mis en avant par la Commission européenne pour imposer l’immigration clandestine. Des titres de la presse quotidienne régionale parlent ainsi d’« enfants » que vont accueillir plusieurs pays européens (3).
On le voit, la manipulation de l’opinion est aussi menée sur le terrain sémantique, avec un choix des mots illustrant des migrants avant tout vulnérables qu’il serait inhumain de ne pas accueillir. Les mineurs étrangers sont appelés des « enfants », les clandestins sont tous des « réfugiés ». Un chantage affectif qu’utilisent de leurs aveux mêmes des femmes qui arrivent enceintes sur le sol européen pour se voir proposer des prestations sociales (4).
L’Italie ferme ses ports, mais pas aux migrants
L’annonce par le gouvernement italien de la fermeture de ses ports pendant la durée de l’épidémie du coronavirus ne doit pas faire illusion (5). Cette décision, qui concerne également les bateaux des O.N.G. qui recueillent des clandestins en mer, ne met pas fin au pont maritime entre la Libye et l’Italie. Les arrivées sur l’île de Lampedusa sont toujours très nombreuses (6). Le bateau Alan Kurdi de l’O.N.G. Sea-Eye continue de croiser en Méditerranée, en dépit des critiques du gouvernement maltais qui estime que cette action encourage le trafic d’êtres humains (7).
De retour en mer après une courte pause, l’Alan Kurdi a recueilli, le 6 avril, 150 clandestins qui ont été placés en quarantaine sur un autre bateau près des côtes italiennes, en l’attente d’un débarquement.
Cet accueil entretient l’appel d’air et illustre l’absence de volonté du gouvernement italien de combattre fermement l’immigration clandestine. Celui-ci n’invoque qu’un motif sanitaire pour refuser, à des bateaux étrangers, l’accès à ses ports. Il ne remet aucunement en cause tant l’arrivée de clandestins sur son sol que la répartition administrée des migrants dans les différents pays européens.
L’immigration illégale continue
En raison de bonnes conditions climatiques, les arrivées de bateaux chargés de clandestins sont toujours nombreuses sur l’île de Lampedusa, ce qui provoque des protestations d’une partie de la population (8). En Tunisie, la baisse des traversées vers l’Italie commence à se faire sentir. Des repris de justice souhaitant émigrer en Europe sont contraints de « jouer les prolongations » au Maghreb (9).
En Grèce, les tentatives d’intrusion de « migrants » téléguidées par le président turc Erdogan ont largement échoué. Mais cela ne semble que partie remise, les autorités grecques suspectant le gouvernement turc d’affréter six cargos pour convoyer des migrants vers les côtes grecques (10). Pendant ce temps, le coronavirus continue sa propagation. Un deuxième camp de migrants vient d’être mis en quarantaine (11).
En Espagne, à Ceuta et Melilla, les deux enclaves espagnoles en Afrique, les agressions par des migrants à la frontière contre la Garde civile continuent, même si l’on constate une légère baisse des intrusions (12).
Tous ces exemples montrent que, sans une volonté ferme des dirigeants européens, l’immigration clandestine est prête à de nouveau déferler à l’issue de la période du confinement.
Le président Macron arrimé aux frontières extérieures de l’Europe
En France, le président Macron a été l’un des derniers chefs d’État à annoncer la fermeture des frontières nationales. On ne peut qu’être stupéfait du contraste entre la débauche de moyens mis en œuvre pour empêcher des Français de partir à la campagne pendant les jours fériés et la passivité dont avait fait preuve le gouvernement lors de l’arrivée, sans aucun contrôle, de Chinois de la région de Wuhan à l’aéroport de Roissy – Charles-de-Gaulle, en pleine épidémie du coronavirus.
Le retour à la « souveraineté » annoncé par le président Macron lors d’un déplacement à Angers le 31 mars a fait long feu (13). Quand il parle de la prolongation de la « fermeture » des frontières jusqu’en septembre, il ne s’agit évidemment pour lui que des frontières extérieures de l’Europe. Ceci bien que le respect de ces frontières soit un échec. Deux raisons principales en sont à l’origine :
– d’une part, les traités internationaux ratifiés par de nombreux pays européens permettent à tout clandestin qui met un pied en Europe de déposer une demande d’asile. Les expulsions étant marginales, c’est un quasi-sauf-conduit qui est délivré ;
– d’autre part, les moyens de Frontex pour contrôler les frontières extérieures de l’Europe sont, de l’aveu même de son directeur exécutif, largement insuffisants et ne permettent pas de refouler les très nombreux clandestins qui arrivent chaque année en Europe (14).
Certaines décisions prises par les autorités françaises pendant la pandémie laissent pantois : des clandestins sont libérés de centres de rétention administrative alors que d’autres sont logés à l’hôtel, pour éviter une trop grande promiscuité (15). Pendant ce temps, des résidents français présentant des signes de contamination sont renvoyés à leur domicile sans être isolés ni testés (16). Des masques seraient distribués à des migrants alors que l’immense majorité des Français n’y a pas droit (17).
La situation économique après le confinement
Le bilan économique de la période de confinement va être très lourd. De nombreuses entreprises vont être obligées de mettre la clef sous la porte. On peut redouter une récession plus ou moins longue.
Sur le plan humain, après les milliers de morts dues au coronavirus, ce seront des centaines de milliers de personnes qui risquent de se retrouver sans emploi et avec une baisse importante de revenus. Encore plus qu’avant l’épidémie, il n’y aura pas de travail pour tous, loin de là. Les comptes de l’État, de la Sécurité sociale et des collectivités seront largement dégradés, ce qui entraînera inéluctablement une hausse des impôts.
L’heure sera plus que jamais à une remise en cause de la politique immigrationniste menée jusqu’à maintenant. Car les pays africains et du Moyen-Orient sont également affectés par la récession. Les candidats au départ pour l’Europe seront plus nombreux que jamais à l’issue du confinement de la population.
Or, comme nous l’avons vu, plusieurs dirigeants européens, Macron, Renzi, et d’autres, n’ont pas mis à profit la pandémie du coronavirus pour changer leur doctrine en matière migratoire. Pourtant, si des décisions radicales ne sont pas prises pour stopper l’immigration, la crise économique, sociale et culturelle n’en sera que plus grave.
Il y a fort à parier que le président Macron temporise, jusqu’à ce que le pays soit au bord de la banqueroute, dans tous les sens du terme. Le principe de réalité devra alors s’imposer, sous peine de conduire le pays au chaos. D’ici là, ayons le courage d’espérer qu’un changement démocratique amène une nouvelle classe de dirigeants débarrassée des oripeaux du vieux monde.
Paul Tormenen via Polemia
Notes
(1) « Communiqué de presse 40/20 de la Cour de justice de l’Union européenne ». 2 avril 2020, « Décision UE 2015/1601 du Conseil du 22 septembre 2015 ». Journal officiel de l’Union européenne.
(2) « Macron veut des sanctions financières aux pays qui refusent d’accueillir des migrants ». BFM Business. 21 juin 2018.
(3) « Coronavirus, des enfants vont très probablement être accueillis au Luxembourg ». Ouest-France. 4 avril 2020.
(4) « Pourquoi les Ivoiriennes migrent-elles plus que les autres Africaines ? » Infomigrants. 23 mars 2020.
(5) « Italy closes all port to cruise ships ». The Local.it. 20 mars 2020.
(6) « Tensions on Italian islands as refugees arrive after ports closed ». Al Jazeera. 10 avril 2020.
(7) « Malta acusa a las ONG de facilitar el tráfico de personas con el rescate de migrantes en le Mediterráneo ». Europa Press. 10 avril 2020.
(8) « Italia cierra por decreto sus puertos pero Lampedusa está en alarma por la llegada de pateras ». ABC Internacional. 9 avril 2020.
(9) « Immigration clandestine : l’effet dissuasif du… coronavirus ! » La Presse.tn. 27 février 2020.
(10) « Turkish ships preparing to smuggle illegal immigrants spotted by Greeks ». Voice of Europe. 7 avril 2020.
(11) « Coronavirus. La Grèce met un deuxième camp de migrants en quarantaine après un test positif ». Ouest-France. 5 avril 2020.
(12) « Une cinquantaine de migrants ont forcé le passage à Melilla ». Bladi.net. 5 avril 2020.
(13) « “Nous devons rebâtir notre souveraineté nationale et européenne”, exhorte Emmanuel Macron ». Le Figaro. 31 mars 2020.
(14) « Frontières européennes et Covid-19 ». Audition du directeur exécutif de Frontex. 9 avril 2020.
(15) « Première évacuation de migrants depuis l’épidémie de coronavirus ». La Croix. 24 mars 2020. « Mises à l’abri » de migrants à l’hôtel, à Calais, Vitré, Saint-Martin-lès-Boulogne, Flers-en-Escrebieux, etc.
(16) « Coronavirus : “On a tellement de cas suspects qu’on ne peut plus dépister tout le monde” ». Le Parisien. 29 février 2020.
(17) Tweet de Marine Le Pen. 12 avril 2020.