Remarques préliminaires
La journée d’hier a été marquée par deux événements notables :
1 – La réactualisation par la Chine de son bilan de fin d’épidémie en rajoutant 1 290 décès à domicile de patients confinés, n’ayant pu être pris en charge par des structures hospitalières débordées lors des premières semaines de l’épidémie. C’est une opération de régularisation que la France, qui ne compte aujourd’hui que les décès à l’hôpital et les décès en EHPAD, devra faire à son tour en fin d’épidémie. Ce nombre de décès à domicile de patients y ayant été confinés sur prescription médicale, faute de place à l’hôpital, n’est sûrement pas négligeable. Notre pays a lui même déjà effectué deux régularisations tardives les 2 et 3 avril dernier pour rajouter au bilan des décès en EHPAD qui n’étaient pas comptés jusqu’alors: (+884 le 2 avril et + 532 le 3 avril = + 1416 décès en EHPAD ajoutés en régularisation.).
2 – Des attaques malveillantes du secrétaire d’État US Mike Pompeo à l’encontre de la Chine et des allusions perfides du président français à décrypter: « Des choses se sont passées qu’on ne sait pas…». Pour évaluer la crédibilité du propos de Mike Pompeo il faut se souvenir de sa déclaration devant un auditoire d’étudiants lors d’un débat à l’université A&M du Texas le 15 avril 2019. Je cite: « Lorsque j’étais élève officier à West Point, quelle était la devise du cadet ? Tu ne mentiras pas, tu ne tricheras pas, tu ne voleras pas et tu ne toléreras pas que d’autres le fassent. J’ai été directeur de la CIA et nous avons menti, triché, volé. C’était comme si nous avions eu des stages entiers de formation pour apprendre à le faire ».
S’agissant de la déclaration du Président français, il est tout à fait vrai que « l’on ne nous dit pas tout…». « Des choses se sont passées qu’on ne sait pas…» et que l’on aimerait savoir, par exemple sur la gestion de cette pandémie par l’exécutif français : où sont les masques, les respirateurs, les tests de dépistage ? Pourquoi ou pour qui a-t-on interdit aux médecins de ville de prescrire la chloroquine ? Pourquoi avoir mis tant de « bâtons dans les roues » au professeur Raoult et à son équipe ? Pourquoi avoir déclaré que la France était prête alors qu’elle ne l’était manifestement pas ? Pourquoi un tel différentiel d’efficacité avec l’Allemagne ? Etc. etc.
Alors oui, c’est vrai: « Des choses se sont passées qu’on ne sait toujours pas...» et qu’on ne saura probablement jamais… Merci, monsieur le Président, de nous l’avoir si opportunément et intelligemment rappelé.
Le point sur la situation au 18 avril 0h00 GMT
Depuis le début de l’épidémie :
210 pays ou territoires ou bateaux (2) ont été affectés par le virus, pour 2 248 864 cas déclarés.
154 145 décès (+ 8 672 hier) ; 571 573 guérisons (+ 24 504 hier) ;
1 523 146 patients (+ 34 377 hier) en cours de soins, dont 56 963 en état critique (+361 hier).
A noter que :
10 pays ou territoires ne seraient toujours pas affectés par l’épidémie à ce jour ( Corée du Nord, Tadjikistan, Turkménistan, Lesotho, Comores, Tonga, Salomon, Îles Marshall, Micronésie, Palaos))
46 pays ou territoires ont eu de 1 à 30 cas détectés depuis le début de l’épidémie (31 d’entre eux ne comptent aucun décès, et les 15 autres ne comptent, au total, que 23 décès.)
55 pays ou territoires comptent entre 11 et 300 cas détectés depuis le début de l’épidémie pour un total de 242 décès.
Sur les 210 pays ou territoires concernés par l’épidémie, 135 ont déclaré de 0 à 20 décès…..
- 8 672 nouveaux décès du coronavirus (+ 1 676 par rapport à la veille) dans la seule journée du 17 avril. .
- 15 pays ont déclaré plus de 1 000 décès depuis le début de l’épidémie (Italie, Espagne, USA, France, Chine, Iran, Royaume Uni, Pays Bas, Belgique, Allemagne, Brésil, Suisse, Turquie, Suède, Canada)
- Sur les 154 145 décès enregistrés dans le monde depuis le début de l’épidémie, 143 669 l’ont été dans ces 15 pays (93,2%) et 136 444 (88,5%) dans les pays de la «coalition occidentale» (US, UE, OTAN).
- 6 736 des 8 672 décès déclarés hier (77,7%) sont « US, UE, OTAN ». C’est ce camp qui paiera le prix le plus fort tant sur le plan humain que sur le plan économique (récession inévitable, crise économique possible)
Au niveau de la planète, le nombre de nouveaux cas et des décès du jour s’inscrit en hausse. A noter la régularisation faite par la Chine des décès survenus à domicile, faute pour les patients concernés, d’avoir pu être pris en charge dans des hôpitaux débordés. La France, soucieuse de la sincérité de ses données, fera sans aucun doute, le même type de régularisation en fin d’épidémie lorsque les données concernant les décès du coronavirus à domicile seront connues. S’agissant du nombre des cas critiques, le record absolu est à nouveau battu à près de 57 000. Le cap des 2,40 millions de cas et des 165 000 décès sera franchi ce week-end.
Si l’on excepte la régularisation chinoise de fin d’épidémie, les bilans les plus lourds de la journée d’hier restent ceux des USA , de la France et du Royaume Uni. Ces trois pays enregistrent, à eux trois 45,8% des nouveaux cas, 56,1 % des nouveaux décès et 36,8% des cas critiques de la planète.
Un tableau du bilan actuel du nombre de cas et de décès par grande région du monde permet de réaliser celles qui s’en sortent bien, pour l’instant, et celles qui ont souffert et continuent de souffrir.
L’Asie, à l’exception de l’Iran, est quasiment sortie de l’épidémie. Lorsque les Européens et Nord Américains en seront sortis à leur tour, dans quelques semaines, le pourcentage cumulé de leurs pertes sera supérieur à ce qu’il est aujourd’hui…
Pour relativiser encore et toujours les bilans humains de cette pandémie, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) nous apprend que, chaque année, la grippe saisonnière est responsable de 5 millions de cas « graves » qui entraînent entre 280 000 et 600 000 décès. Le Covid-19 n’a, à ce jour, affecté que 2,25 millions de personnes dont près de 310 000 cas graves qui se sont traduits par près de 154 000 décès.
La situations pays par pays
La situation des USA semble se détériorer encore. La barre des 700 000 cas déclarés a été franchie. Le record des décès du jour déclarés par un seul pays est battu. Un nombre de décès quotidiens supérieur à 2 500 est prévisible, après «la pause dominicale». La barre des 40 000 décès devrait être franchie ce week-end. Il est encore trop tôt pour envisager un bilan global en fin d’épidémie, mais un bilan de 80 000 à 120 000 décès pour les USA, et peut être davantage, ne serait pas surprenant.
La situation de la France commence juste à s’améliorer. La France n’ayant confirmé qu’un tiers des nouveaux cas enregistrés hier, ses données concernant le nombre total de cas ont été revues à la baisse. Pour autant, le nombre des décès du jour est stable et reste supérieur à 700. Par ailleurs, le compteur du nombre de tests s’est soudainement débloqué : 130 000 tests supplémentaires ont été rajoutés au titre de la régularisation. Les résultats «en dents de scie» des déclarations de la France, notamment sur le nombre de cas, les décès et les nombres de tests, témoignent d’un suivi de l’épidémie plus approximatif que dans la majorité des autres grands pays occidentaux.
La situation du Royaume Uni semble stable autant qu’on puisse en juger. Le compteur des cas critiques est bloqué à 1 559 depuis plus de huit jours. Le nombre des patients traités continue d’augmenter (+ 4 750 hier). Le nombre de décès quotidiens devrait rester dans une fourchette de 700 à 1000, dans des structures hospitalières de plus en plus sollicitées.
La situation de l’Italie s’améliore lentement, avec une baisse des nouveaux cas et des cas critiques. Pour autant le nombre de décès se maintient à un niveau supérieur à 500/jour.
Poussée de fièvre pour l’Espagne avec, d’une part, une hausse sensible des nouveaux cas et des décès et d’autre part, des cas critiques qui ne baissent pas et qui portent en germe des pertes quotidiennes encore supérieures à 500 pendant quelques jours.
La situation de l’Allemagne est stable : plus de guérisons que de nouveaux cas, légère hausse des décès mais baisse sensible du nombre des patients sous traitement. L’Allemagne s’achemine doucement vers la fin d’une épidémie qu’elle aura contrôlé de bout en bout sans jamais atteindre la saturation de ses capacités hospitalières. Entrée dans l’épidémie en même temps que la France, elle entamera un déconfinement progressif dès lundi 20 avril avec trois semaines d’avance sur notre pays et avec un taux de perte par million d’habitants près de six fois inférieur au nôtre. Ces données interpellent, d’autant plus que le nombre de cas détectés outre Rhin a été proche du notre. Seul l’anticipation permanente, une structure hospitalière solide, disposant des moyens nécessaires en temps voulu et, bien sûr, les tests massifs permettant de détecter et soigner les patients au plus tôt avant que leur état ne se détériore peuvent expliquer un tel différentiel d’efficacité dans la gestion de l’épidémie.
La situation de la Turquie est stable, et celle du Canada s’améliore très légèrement avec une légère baisse des décès.
Les situations de la Belgique, de la Suisse, du Brésil, de l’Iran sont stables, celle de la Russie se détériore très légèrement. Si les pertes restent très importantes pour un petit pays comme la Belgique et importantes pour la Suisse, elles restent faibles pour le Brésil et très faibles pour la Russie. Bien que peu affectée par l’épidémie, la Russie teste énormément sa population pour prendre les mesures de confinement sélectif ou de traitement au plus tôt qui s’imposent. Elle est dans l’anticipation et dans la prévention permanente.
La situation de la Suède s’améliore: réduction des cas critiques et des décès Elle recherche toujours son immunité de groupe.
Toutes les situations observées ce jour devraient se stabiliser, voire s’améliorer dans les rapports des prochaines 48 heures, en raison de l’effet «pause dominicale.» Les données de rattrapage seront observées dans le rapport du 21 avril 0h00 GMT
Les taux de mortalité par million d’habitants des 15 pays ayant dépassé les 1000 décès (+ Russie) donne une petite idée de la qualité de la gestion de l’épidémie par les gouvernances de chacun des états. Le classement est aujourd’hui le suivant :
Le tableau ci après ne comporte que les 64 états ou territoires ayant enregistré plus de 1 500 cas. Ce tableau représente plus de 99 % du bilan humain de la pandémie.
Général (2s) Dominique Delawarde
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