Helena Dvorsk, ingénieure de formation, et d’origine tchèque comme son nom l’indique, nous adresse une tribune au sujet du déboulonnage de la statue du maréchal Ivan Koniev, éminent maréchal sous l’Union soviétique. Nous la reproduisons ci-dessous, notre média étant avant tout un espace de libertés et de débats.
Le 3 avril, la mairie du sixième arrondissement de Prague a fait enlever de son piédestal la statue du maréchal soviétique Ivan Koniev.
La décision avait été prise par le conseil municipal en septembre dernier. Ivan Konev commanda les troupes de l’Armée rouge qui libérèrent Prague des nazis en 1945. L’ironie veut que, lors de l’assaut de la ville, il ordonna de ne pas utiliser d’artillerie lourde pour préserver les monuments de la capitale tchèque.
Le démantèlement des statues à la gloire des soldats et responsables soviétiques est devenu un élément d’une campagne politique dans plusieurs États est-européens. En faisant cela, des politiciens cherchent à se débarrasser du passé communiste de leur pays et capter des voix de l’électorat, notamment celles de la jeunesse. Eux, les jeunes, aimeraient vivre dans une Europe démocratique et libérale. Mais sont-ils vraiment prêts ? En effet, les valeurs européennes ne se limitent pas à la liberté, mais incluent aussi la responsabilité envers le passé, quelles que soient ses pages sombres.
La démocratie encourage la préservation du patrimoine historique. La tyrannie, par contre, ne tolère aucun rappel du passé controversé. Or, les Tchèques semblent ne pas encore réaliser cela. Bien que le président, Milos Zéman, ait fustigé la décision des autorités municipales de la région de Prague-6, le ministère tchèque des Affaires étrangères s’est déchargé de toute responsabilité en mettant de l’huile sur le feu dans les relations avec la Russie.
Il est impossible d’imaginer une telle réaction du Quai d’Orsay si la mairie du 8ème arrondissement de Paris avait décidé d’enlever le Monument du Corps expéditionnaire russe.
Malheureusement, l’incident lié à la statue du maréchal soviétique à Prague a démontré l’incapacité de la société tchèque d’embrasser les valeurs européennes essentielles. La lutte contre des fantômes empêche aux Tchèques d’avancer.
Voici donc une solution simple : au lieu de tourner la colère contre un objet en bronze, il faut apprendre à pardonner et accepter le passé.
Helena Dvorsk
Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V