Une étude menée à Wuhan sur des personnes ayant contracté le coronavirus vient semer le doute quant à la production d’anticorps par ces dernières, remettant ainsi en question l’efficacité potentiel de l’immunité collective.
Immunité collective : mauvaise nouvelle pour ses défenseurs
Pour plusieurs détracteurs du principe de confinement mis en place pour endiguer la propagation du Convid-19, l’une des alternative souvent avancée est celle de l’immunité collective. Une politique qui consisterait alors à laisser une part importante (au moins 50 %) de la population au contact du virus. Une fois contaminés, les individus développeraient alors des anticorps au cours de leur guérison. De quoi permettre de casser les chaînes de transmission du coronavirus.
Mais cette perspective vient d’être mise à mal par les travaux de scientifiques chinois dont le Wall Street Journal s’est fait l’écho. À Wuhan, les autorités locales ont initié une vaste campagne de tests sérologiques auprès de milliers de personnes reprenant le travail après les deux mois de confinement total de la région mais aussi auprès de cas asymptomatiques. Ces tests destinés à détecter les anticorps de ces individus ont vocation à évaluer le niveau d’immunité de la ville de 11 millions d’habitants afin de tenter d’éviter l’arrivée d’une deuxième vague de Covid-19 tant redoutée.
Quant aux résultats, ils ne sont pas rassurants puisque l’étude menée à l’hôpital Zhongnan de Wuhan indique que seulement 2,4 % des personnels soignants (3 600 testés, tous en bonne santé) et 2 à 3 % des 5000 patients testés auraient développé des anticorps.
Le vaccin pour seul espoir ?
Au sujet de ces résultats, l’analyse de Wang Xinghuan, le directeur de l’hôpital Zhongnan, est sans appel : « On est loin de l’immunité collective ». Il a par ailleurs ajouté qu’« un vaccin pourrait être notre dernier espoir » et considère que des restrictions et autres mesures de distanciation sociale doivent être maintenues à Wuhan tant qu’un vaccin n’est pas disponible.
Toutefois, les médecins chinois ont tenu à préciser que les résultats évoqués avaient été obtenus à partir d’échantillons de population relativement faibles, incitant donc à la prudence quant à leur interprétation. De nouveaux tests d’anticorps à grande échelle devraient être réalisés dans un avenir proche à Wuhan mais également dans d’autres grandes villes chinoises.
En outre, autre problématique, soulevée cette fois-ci par Lin Xihong, professeur de biostatistique à Harvard et cité par le Wall Street Journal, « il n’est pas sûr de supposer que si l’on a un test d’anticorps positif, on est immunisé et peut retourner au travail ». Une inquiétude confortée par le fait des médecins de Wuhan ont rapporté plusieurs cas où des personnes ayant contracté le virus se sont rétablies et ont été testées négatives, pour ensuite être à nouveau déclarées positives. Si certains soupçonnent que cela peut être dû à des résultats de tests erronés, d’autres restent préoccupés par le risque de réinfection.
AK
Crédit photo : DR (Photo d’illustration)
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