Remarques préliminaires
Quand la crise du coronavirus rejoint la géopolitique mondiale
Il n’aura échappé à personne que la gestion du « chacun pour soi » de l’épidémie du coronavirus avait mis à mal la cohésion de l’UE et celle de l’OTAN : inutile de revenir sur des faits que nous avons déjà évoqués à plusieurs reprises. Par ailleurs, tant le FMI que les gouvernements occidentaux prévoient que l’année 2020 va se terminer par une récession et des difficultés économiques, voire sociales plus fortes en occident que dans le bloc eurasiatique de l’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï), beaucoup moins affecté par la pandémie. La France, pour sa part envisage une récession de 8%, un déficit public de 9 % et l’explosion d’une dette déjà considérable…
C’est bien dans ce contexte général que va se poser, dans les mois qui viennent, le double problème du respect, par les pays membres, de leurs engagements financiers vis à vis de l’Alliance Atlantique et de l’élaboration d’un nouveau concept stratégique qui doit intervenir en 2021.
Ce concept stratégique devra, comme tous ceux qui l’ont précédé, justifier l’existence de l’OTAN en définissant une menace, ne serait-ce qu’imaginaire, et il ne fait aucun doute que cette menace sera directement tirée de la dernière «National Defense Strategy US» de février 2018. En clair, pour les USA qui «gouvernent» l’OTAN, la Chine et la Russie devront être désignées comme les deux menaces principales pour la sécurité de l’Occident.
La définition d’une menace ne se décrète pas à la dernière minute lors du processus de réactualisation d’un concept stratégique. Il faut évidemment diaboliser l’adversaire durant de longs mois, en exploitant toutes les occasions et en utilisant tous les moyens possibles, pour convaincre les opinions publiques de l’existence d’un adversaire sournois et mal intentionné. Il faut aussi rebâtir la cohésion de l’OTAN, autour du «chef de meute» US, face à un adversaire puissant, clairement désigné et justifier/assurer le financement de l’Organisation.
Quelques indicateurs précis, notamment la multiplication des articles de presse malveillants contre la Chine et la Russie, me font penser que la campagne de diabolisation est désormais lancée et qu’elle va durer jusqu’au prochain sommet de l’Alliance de 2021.
Il conviendra d’observer ce qui va se passer dans les semaines et les mois qui viennent. Les principaux acteurs de cette diabolisation sont toujours les mêmes: certains médias mainstream US et Européens soutenus par les GAFAM et par une myriade de sites internet dits de réinformation ou d’ONG, tenus ou subventionnés par des services spéciaux (CIA) ou des fonds US (Soros par exemple). Quels médias faut-il suivre avec vigilance ? Aux USA, le New York Time, le Washington Post et CNN ; en France, BFMTV, France Info, RMC, Le Monde, Le Figaro, voire Ouest-France.
Il va certainement y avoir du sport car la Russie et la Chine ne se laisseront plus faire comme par le passé. Et c’est déjà parti avec le dénigrement de la Chine sur l’épidémie…
Le point sur la situation au 17 avril 0h00 GMT
Depuis le début de l’épidémie :
210 pays ou territoires ou bateaux (2) ont été affectés par le virus, pour 2 181 308 cas déclarés.
145 470 décès (+ 6 996 hier) ; 547 069 guérisons (+ 37 023 hier) ; 1 488 769 patients (+ 51 203 hier) en cours de soins, dont 56 602 en état critique (+5 442 hier).
A noter que:
10 pays ou territoires ne seraient toujours pas affectés par l’épidémie à ce jour ( Corée du Nord, Tadjikistan, Turkménistan, Lesotho, Comores, Tonga, Salomon, Îles Marshall, Micronésie, Palaos))
42 pays ou territoires ont eu de 1 à 20 cas détectés depuis le début de l’épidémie (29 d’entre eux ne comptent aucun décès, et les 13 autres ne comptent, au total, que 17 décès.)
53 pays ou territoires comptent entre 21 et 200 cas détectés depuis le début de l’épidémie pour un total de 184 décès.
Sur les 210 pays ou territoires concernés par l’épidémie, 124 ont déclaré de 0 à 10 décès…..
- 6 996 nouveaux décès du coronavirus (- 964 par rapport à la veille) dans la seule journée du 16 avril. .
- 15 pays ont déclaré plus de 1 000 décès depuis le début de l’épidémie (Italie, Espagne, USA, France, Chine, Iran, Royaume Uni, Pays Bas, Belgique, Allemagne, Brésil, Suisse, Turquie, Suède, Canada)
- Sur les 145 470 décès enregistrés dans le monde depuis le début de l’épidémie, 135 585 l’ont été dans ces 15 pays (93,2%) et 130 195 (89,5%) dans les pays de la «coalition occidentale» (US, UE, OTAN).
- 6 380 des 6 996 décès d’hier (91,2%) sont « US, UE, OTAN ». C’est ce camp qui paiera le prix le plus fort tant sur le plan humain que sur le plan économique (récession inévitable, crise économique possible)
Au niveau de la planète, le nombre de nouveaux cas du jour poursuit sa hausse, celui des décès est en baisse et celui des cas critiques a battu son record depuis le début de l’épidémie. Le cap des 2,25 millions de cas et des 150 000 décès sera franchi aujourd’hui.
Les bilans les plus lourds de la journée d’hier restent ceux des USA, de la France et du Royaume Uni qui enregistrent, à eux trois 54% des nouveaux cas, 54,1 % des nouveaux décès et 37,4% des cas critiques de la planète.
Un tableau du bilan actuel du nombre de cas et de décès par grande région du monde permet de réaliser celles qui s’en sortent bien, pour l’instant, et celles qui ont souffert et continuent de souffrir.
L’Asie, à l’exception de l’Iran, est quasiment sortie de l’épidémie. Lorsque les Européens et Nord Américains en seront sortis à leur tour, dans quelques semaines, le pourcentage cumulé de leurs pertes sera supérieur à ce qu’il est aujourd’hui…
Pour relativiser encore et toujours les bilans humains de cette pandémie, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) nous apprend que, chaque année, la grippe saisonnière est responsablede 5 millions de cas « graves » qui entraînent entre 280 000 et 600 000 décès. Le Covid-19 n’a, à ce jour, affecté que 2,2 millions de personnes dont près de 300 000 cas graves qui se sont traduits par près de 146 000 décès.
La situation pays par pays
La situation des USA semble se stabiliser. Un nombre de décès quotidiens supérieur à 2 200 est prévisible dans les prochains jours. La barre des 36 000 décès sera franchie dès demain. Il est encore trop tôt pour envisager un bilan global en fin d’épidémie, mais un bilan de 80 000 à 120 000 décès ne me surprendrait pas pour les USA.
La situation de la France reste stable avec une hausse très sensible des nouveaux cas (rattrapage ?) et une légère baisse des cas critiques. Pour autant, le nombre des décès déclarés est presque la moitié de celui de la veille (qui était un jour de rattrapage). Par ailleurs, le compteur du nombre de tests semble toujours bloqué depuis plus de 72 heures à 333 807 (probablement un retard de déclaration qui sera rattrapé dans les prochains jours.) Les résultats « en dents de scie » des déclarations de la France, notamment sur les décès et les nombres de tests, témoignent d’un suivi de l’épidémie moins rigoureux que dans la majorité des autres grands pays occidentaux.
La situation du Royaume Uni semble stable autant qu’on puisse en juger. Le compteur des cas critiques est bloqué à 1 559 depuis plus d’une semaine. Le nombre des patients traités continue d’augmenter (+ 4 000 hier). Le nombre de décès quotidiens devrait rester dans une fourchette de 700 à 1000 dans les prochains jours.
La situation de l’Italie s’améliore lentement, avec une baisse des décès et des cas critiques. Pour autant le nombre de décès se maintient à un niveau supérieur à 500/jour.
La situation de l’Espagne s’améliore avec une baisse sensible des nouveaux cas et des décès. En revanche le nombre des cas critiques continue de rester très élevé et porte encore en germe des pertes quotidiennes de l’ordre de 500 pendant quelques jours.
La situation de l’Allemagne s’améliore, celle de la Turquie se détériore légèrement avec un afflux de nouveaux cas, et celle du Canada se détériore aussi avec une hausse des nouveaux cas et une forte hausse des décès.
Les situations de la Belgique, de la Suisse, du Brésil, de l’Iran et de la Russie sont stables, Si les pertes restent très importantes pour un petit pays comme la Belgique et importantes pour la Suisse, elles restent faibles pour le Brésil et très faibles pour la Russie.
La situation de la Suède s’améliore : forte réduction des cas critiques et des décès Elle recherche toujours son immunité de groupe.
Les taux de mortalité par millions d’habitants des 15 pays ayant dépassé les 1000 décès (+ Russie) donne une idée du prix payé à l’épidémie par les gouvernances de chacun des États. Le classement est aujourd’hui le suivant:
Le tableau ci après ne comporte que les 63 états ou territoires ayant enregistré plus de 1 500 cas. Ce tableau représente plus de 99 % du bilan humain de la pandémie.
Général (2s) Dominique Delawarde
Crédit photo : DR
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