À Rennes, la gauche libérale (PS) dispose d’une solide base électorale : les cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS). Si bien que la droite a peu de chance de s’emparer de l’hôtel de ville.
Nantes et Rennes, les deux grandes métropoles bretonnes, connaissent le même problème politique : la droite ne peut pas espérer réussir l’alternance et le RN n’y fait que de la figuration. L’explication se trouve dans la répartition des catégories socioprofessionnelles, telles que les définit l’Insee. La sociologie répond donc à la question.
Dans l’ouvrage récent Sociologie de Rennes (La Découverte, janvier 2020), plusieurs universitaires ont étudié la question. Le chapitre IV démarre par une phrase qui résume bien l’affaire : « Rennes a l’image d’une ville dynamique, jeune, où il fait bon vivre et qui attire de plus en plus de cadres ».
À défaut de nous fournir des chiffres concernant la ville de Rennes au sens strict (216 000 habitants), Sociologie de Rennes nous livre un tableau se rapportant à l’ensemble de la métropole (443 000 habitants, 43 communes). On a le droit de considérer qu’il n’existe pas de différences fondamentales entre la part des catégories socioprofessionnelles propres à la ville de Rennes et celles qui se rapportent à Rennes Métropole. Dans ce dernier cas, on trouve 16,4 % d’ouvriers, 26,5 % d’employés, 28,3 % de professions intermédiaires (57 500) et 24 % de cadres et professions intellectuelles (49 000) ; c’est-à-dire que ces deux dernières catégories socioprofessionnelles réunies représentent 52,3 % de la population. Réduits à la portion congrue, les artisans et commerçants représentent 4,3 % de la population et les agriculteurs 0,5 %. On remarquera que deux quartiers rennais présentent les parts de CPIS les plus fortes : les Mottais avec 46,4 % et Jean Macé avec 50,11 %.
Dans une métropole, ces populations CPIS surreprésentées forment la « gauche bourgeoise », gens aisés partisans d’une société « ouverte », favorable au libre-échange et à la mondialisation et adeptes du « double libéralisme », économique et sociétal. Dans cet univers, on vote pour la social-démocratie ou pour ce qui en fait offre, c’est-à-dire Hollande à la présidentielle de 2012 (39,80 % au premier tour et 69,1% au second à Rennes) et Nathalie Appéré (PS) aux municipales de 2020 (32,78 % au premier tour). Pour modifier le résultat des élections à Rennes, il faudrait transformer la sociologie de la ville. Moins de bobos et plus de classes populaires, par exemple.
Bernard Morvan
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