Remarques préliminaires
La pandémie qui frappe principalement les pays de la coalition occidentale, le confinement forcé qui en découle pour la population de la majorité d’entre eux et le temps libre gracieusement offert à de nombreux citoyens ont favorisé la recherche d’information et les échanges par internet.
Comme souvent, les parties complotistes de la société ont proposé des réponses, évidentes pour elles, mais peu convaincantes, in fine, aux questions les plus fréquentes que chacun se pose sur cette pandémie.
Avec le recul qui est le mien, du fait de mon âge et de mes activités antérieures liées au renseignement, j’ai identifié deux courants de complotisme diamétralement opposés : un complotisme que je qualifie d’atlantiste et un complotisme altermondialiste. Analysons le premier aujourd’hui, le second le sera demain.
Le complotisme atlantiste est clairement anti-chinois et anti-russe (normal puisqu’il est atlantiste). Je rappelle, à ceux qui l’ignorent, que la Chine et la Russie sont les deux « menaces majeures » présentées dans la « National Defense Strategy » US de février 2018 et que, jusqu’à preuve du contraire, les États-Unis sont le chef de meute incontesté de l’OTAN. On retrouve très facilement les « sites sources » des fakes news, des allégations et des insinuations malveillantes contre la Chine et la Russie. Ce sont le plus souvent des sites anglo-saxons, souvent d’ONG qui s’autoproclament indépendantes, mais déjà connues pour être financées par Monsieur Soros ou la CIA. Ces allégations et insinuations sont souvent reprises par des journalistes mainstream européens très peu regardants sur leurs sources.
Que nous disent ces « complotistes » atlantistes ? Ils nous disent que les Chinois et les Russes (qui ont eu l’impertinence de présenter un bilan bien meilleur que celui des occidentaux dans la gestion de l’épidémie et qui ont eu l’audace d’apporter leur aide à certains pays de l’OTAN, Italie et USA entre autres), mentent dans leurs déclarations (calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose…). Certains vont jusqu’à insinuer très clairement que les méchants Chinois auraient créé le Covid-19 pour être une arme bactériologique anti-occidentale, destinée à affaiblir, voire à abattre l’OTAN. La preuve ? Le différentiel de pertes inexplicable autrement… Nombreux sont les « innocents » lecteurs de ces fadaises qui finissent par y croire…
Bien sûr, les sites complotistes et les lecteurs ne se posent pas la question de savoir pourquoi et comment le Japon a fait trois fois mieux que la Chine en ne déplorant que 108 décès pour 6 750 cas enregistrés dans un pays de 125 millions d’habitants, très densément peuplé, où une telle épidémie avait tout pour s’étendre comme un feu de paille. Le Japon aurait-il triché sur les données déclarées? Aurait-il inventé une arme bactériologique anti-occidentale dont il serait le seul à avoir l’antidote? Impossible, bien sûr, puisque c’est un allié de l’OTAN…
Pourquoi diffuser de telles fake news et les répandre sur internet et les réseaux sociaux? Je ne vois que deux raisons possibles: la première est de relativiser l’échec des pays occidentaux (USA et UE en tête) dans la prise en compte et la gestion de cette crise. En blâmant la Chine et la Russie, concurrents de toujours, on fait diversion, on désigne des boucs émissaires et l’on irait presque jusqu’à convaincre les benêts, shootés à la propagande martelée 24h sur 24 par CNN et BFMTV, que ces deux pays sont à l’origine de tous nos malheurs et que la médiocre qualité de nos gouvernances ne serait pour rien dans nos bilans désastreux… La deuxième raison est de tenter de rebâtir « une cohésion otanienne », face à un adversaire commun (imaginaire), le duo Chine-Russie. Cette cohésion a été mise à mal par la gestion du « chacun pour soi » de l’épidémie Covid-19 en Occident. Le manque de solidarité de l’UE et de l’OTAN à l’égard de l’Italie, la piraterie US sur les cargaisons de masques destinées à la France resteront dans les mémoires…
Le Point sur la situation au 11 avril 0h00 GMT
Depuis le début de l’épidémie :
210 pays ou territoires ou bateaux (2) ont été affectés par le virus, pour 1 779 743 cas déclarés.
108 779 décès (+ 6 095 hier) ; 402 659 guérisons (+ 26 475 hier) ;
1 268 305 patients (+ 48 338 hier) en cours de soins, dont 50 594 en état critique (+ 763 hier).
A noter que :
11 pays ou territoires ne seraient toujours pas affectés par l’épidémie à ce jour ( Corée du Nord, Tadjikistan, Turkménistan, Lesotho, Comores, Tonga, Salomon, Marshall, Micronésie, Palaos, Sao-Tomé-et-Principe)
26 pays ou territoires ont eu de 1 à 10 cas détectés depuis le début de l’épidémie (19 d’entre eux ne comptent aucun décès, et les 7 autres ne comptent, au total, que 8 décès.)
56 pays ou territoires comptent entre 11 et 100 cas détectés depuis le début de l’épidémie pour un total de 94 décès.
Sur les 210 pays ou territoires concernés par l’épidémie, 106 ont déclaré de 0 à 5 décès.
- 6 095 nouveaux décès du coronavirus (- 876 par rapport à la veille) dans la seule journée du 11 avril. Cela représente près de deux fois les pertes de la Chine depuis le début de l’épidémie, en une seule journée.
- 13 pays ont déclaré plus de 1 000 décès depuis le début de l’épidémie (Italie, Espagne, USA, France, Chine, Iran, Royaume Uni, Pays Bas, Belgique, Allemagne, Brésil, Suisse, Turquie)
- Sur les 108 779 décès enregistrés dans le monde depuis le début de l’épidémie, 100 191 été dans ces 13 pays (92,1%) et 95 791 (88,1%) dans les pays occidentaux (US, UE, OTAN).
- 5 540 des 6 095 décès d’hier (90,9%) sont « US, UE, OTAN ». C’est ce camp qui paiera le prix le plus fort tant sur le plan humain que sur le plan économique (récession inévitable, crise économique possible)
Au niveau de la planète, le nombre de nouveaux cas et des décès du jour est en baisse. Mais il faut être prudent avant d’en déduire une amélioration de la situation épidémique. Nous sommes en plein week-end pascal et l’effet « pause dominicale » dans les bilans a toujours été observé. Compte tenu du lundi de Pâques, ce n’est que dans le bilan du 15 avril 0h00 GMT que nous retrouverons des données plus fiables, voire quelques rattrapages…
Les bilans les plus lourds de la journée d’hier restent ceux des USA, du Royaume Uni et de la France qui continuent, à eux trois, d’enregistrer près de la moitié des nouveaux cas détectés sur la planète (49,5%); 55,6% des décès et 39,4% des cas critiques. Le cap des 150 000 décès devrait être franchi le week-end prochain.
La situation de l’Italie, de l’Espagne et de l’Allemagne s’améliore peu à peu, celle de l’Iran reste stable.
Un tableau du bilan actuel du nombre de cas et de décès par grande région du monde permet de réaliser celles qui s’en sortent bien, pour l’instant, et celles qui ont souffert et continuent de souffrir.
Notez que l’Asie, à l’exception de l’Iran, est quasiment sortie de l’épidémie. Lorsque les Européens et Nord Américains en seront sortis à leur tour, dans quelques semaines, le pourcentage de leurs pertes sera bien supérieur à ce qu’il est aujourd’hui.
Pour relativiser encore et toujours les bilans humains de cette pandémie, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) nous apprend que, chaque année, la grippe saisonnière est responsable de 5 millions de cas « graves » qui entraînent entre 280 000 et 600 000 décès. Le Covid-19 n’a, à ce jour, affecté que 1,7 million de personnes dont près de 220 000 cas graves qui se sont traduits par près de 110 000 décès.
La situation pays par pays :
Pour les USA, dont les pertes quotidiennes sont désormais les plus importantes et devraient le rester, les indicateurs du nombre de nouveaux cas et de décès montrent une amélioration, mais l’effet «pause dominicale» a du jouer. Le nombre des décès du jour est repassé sous la barre des 2000, mais le nombre des cas critiques est en augmentation. Ces cas critiques portent en germe les décès des jours à venir.
Le Royaume Uni s’est emparée de la deuxième place malgré une baisse des nouveaux cas et des décès (effet pause dominicale?). Les données du 15 avril 0h00 GMT pourraient bien nous surprendre… Le pic épidémique n’est pas encore en vue, loin s’en faut. Le compteur des cas critiques est toujours bloqué à 1 559.
La France a donc pris la 3ème place pour les pertes humaines de la journée d’hier. Avec 13 832 décès, son bilan est déjà plus de 4 fois plus lourd que celui d’une Chine en fin d’épidémie et près de 5 fois celui de l’Allemagne aujourd’hui. Après avoir oublié, dans les dix premiers jours, de compter les décès en EHPAD, la France s’est honoré en effectuant un rattrapage le 2 avril et en comptabilisant ces décès depuis une dizaine de jours. Pour autant, la comptabilité n’est toujours pas pleinement sincère.
En effet, les décès à domicile liés au Covid-19 ne sont toujours pas comptabilisés et les patients qui consultent à l’Hôpital sont souvent renvoyés chez eux, tant que leur état n’est pas « jugé préoccupant ». Un nombre important d’entre eux finissent par y décéder faute d’avoir pu être pris en charge assez tôt.
Le témoignage d’Olivier Mazerolle au 13 heure de TF1 du 11 avril fut édifiant. Au plus mal, mais rejeté par un premier hôpital qui jugeait que son état n’était pas critique, il estime avoir eu la vie sauve, grâce à l’insistance de son médecin traitant auprès d’un deuxième hôpital, qui a enfin accepté de le prendre en charge et traité… à la chloroquine. Merci qui ?
La sincérité étant, bien sûr, un marqueur important de la politique gouvernementale dans la présentation de ses bilans, on espère tous que le bilan déclaré à l’OMS sera corrigé au plus vite pour tenir compte des décès Covid-19 à domicile, ce que font nos amis allemands.
J’ajoute que la France s’honorerait plus encore à tenir compte des décès par Covid-19 des SDF ou des familles que l’on a confiné dans le seul refuge qu’elles puissent se payer : leur voiture… Il y a là, pour nos journalistes d’investigation, fouille-merde chez les autres (Russie, Chine, Iran) un excellent sujet d’enquête à réaliser chez nous…
La situation de l’Italie, de l’Espagne et de l’Allemagne continue de s’améliorer.
S’agissant de l’Allemagne, il semble que des actes anti-français liés à l’épidémie de coronavirus aient eu lieu dans les zone frontalières. Ces actes montrent, s’il en était encore besoin, que la solidarité européenne a des limites. Quel projet de défense européenne peut on encore envisager quand des tensions se font jour entre les peuples, à la moindre difficulté…?
Les situations de l’Iran, des Pays Bas, de la Turquie et de la Suisse restent stables.
Pour la Belgique et le Brésil, les indicateurs montrent une amélioration. Pause dominicale ou réalité ? Il faudra attendre le bilan du 15 avril 0h00GMT pour savoir…
La situation du Canada et celle de la Russie sont stables. Le nombre de victimes reste très faible pour le Canada et extrêmement faible pour la Russie. Les bilans humains de ces deux états restent très bons.
Le tableau ci après ne comporte que les 59 états ou territoires ayant enregistré plus de 1500 cas. Ce tableau représente plus de 99 % du bilan humain de la pandémie.
Général (2s) Dominique Delawarde
Crédit photo : DR
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