Si on en croit les données de l’OMS au 30 mars dernier, Israël serait le pays le plus sûr pour la pandémie du coronavirus, devant Singapour… et la Slovaquie. Dans un article en date du 31 mars 2020, le blogueur-globetrotter israélo-russo-ukrainien Puerrtto (Alexandr Lapshin) affirme que tout n’est pas si rose en Israël. Selon lui, il y a dans ce pays des zones et des populations qui échappent à tout contrôle… notamment les migrants. Au 9 avril il y avait officiellement 9 968 cas en Israël (+564 en 24 heures), pour 86 décès (+13) et 1 011 guéris.
« Hier dans le second journal d’Israël Makor Rishon (anciennement Maariv) est sorti un grand article au sujet des 220 000 migrants illégaux en Israël au moment du coronavirus. La moitié d’entre eux viennent de pays africains (Soudan, Érythrée, Nigéria, Côte d’Ivoire), un tiers viennent d’Amérique latine et des Philippines et le reste d’ex-URSS (Géorgie, Ukraine, Moldavie principalement). 220 000 illégaux dans un pays de 9 millions d’habitants, c’est beaucoup – c’est comme si en Russie [142 millions d’habitants] il y en avait 5 millions.
Israël est un des rares pays du monde où il n’y a pas de lois migratoires en principe – je parle de l’immigration de travail, des réfugiés, des illégaux. En Israël tous ces gens n’ont aucun statut légal, ni droits sociaux minimaux, ni droit aux soins. Mais les déporter massivement est tout aussi impossible : la plupart n’ont pas de papiers, et leurs pays d’origine ne sont pas prêts à coopérer sur ce sujet. Personne ne veut aussi leur donner la nationalité israélienne.
Résultat, depuis des années et des décennies, ils sont livrés à eux-mêmes. Ils vivent une existence misérable dans les villes israéliennes, surtout dans la banlieue sud de Tel-Aviv. N’ayant pas le droit au travail légal, ils travaillent au noir, vendent de la drogue, sont actifs dans la prostitution et le vol. Ils vivent dans les banlieues les plus sordides à dix dans des appartements dans des conditions d’hygiène déplorable. Ils ont près de 15 à 20 000 enfants […] qui n’ont aucun papier, pas le droit à la scolarité, aux visites médicales, aux vaccins…
Ces illégaux ne peuvent pas non plus s’adresser à un médecin ou venir dans un hôpital israélien. Ils n’ont aucun statut légal et personne ne veut les soigner gratuitement. Ils ont la tuberculose ? Qu’ils restent malades dans leurs bidonvilles, loin. Cependant […] diverses organisations humanitaires ouvrent des dispensaires dans ces secteurs défavorisés et les soignent. Des infirmières et des médecins des hôpitaux y vont, bénévolement. On ne transplante pas de rein, mais on peut vacciner, guérir une blessure, aider à accoucher.
[…] Israël est devant tout le monde pour la quarantaine, la fermeture des frontières, l’arrêt de l’économie. Chaque jour la quarantaine se durcit. Il n’y a plus ni de transports, ni de restaurants, la plupart des magasins sont fermés, on peut sortir à 100 mètres de chez soi, tout le monde s’isole, il y a des amendes énormes et des arrestations.
Cependant l’absence de sens de la menace liée au coronavirus est la plus visible justement à l’exemple des illégaux : aucune de ces restrictions ne les concerne. Il est impossible de les faire se maintenir chez eux, puisqu’ils n’ont pas de maison, à part des dortoirs où ils sont à plusieurs dans chaque pièce. Impossible de les mettre à l’amende : ils n’ont ni papiers, ni compte bancaire, ni moyens. On peut toujours les arrêter et les mettre en garde à vue, mais ils se retrouvent du coup isolés, nourris et guéris aux frais de la police – ce que les policiers savent et évitent de faire ; de plus, la police en a peur, car beaucoup ont des maladies exotiques et personne ne sait combien, ni les vaccine.
Résultat, pendant que les Israéliens sont forcés de se mettre en quarantaine, un tiers de la population de Tel-Aviv – les illégaux représentent exactement cette proportion – ont « occupé » la ville. Ils se promènent où ils veulent, leurs magasins sont ouverts, les cafés africains sont blindés de monde, tandis que les rues désertes permettent de casser les voitures, les entrepôts, les distributeurs automatiques.
Par ailleurs, en Israël, les citoyens arabes ne respectent presque pas la quarantaine – il y en a beaucoup à Jérusalem et dans les montagnes de Galilée. Ils sont près d’un million et ils ont la nationalité israélienne, mais pour l’hygiène et l’accès aux soins, c’est très difficile pour eux. En outre ils sont persuadés qu’un homme est fort d’esprit et ne va pas à l’hôpital pour une peccadille.
Pendant la quarantaine nationale, les cafés continuent de marcher dans les villages arabes, et même certains restaurants, les gens se rencontrent comme d’habitude et les vieux jouent au trictrac comme ils le faisaient l’année dernière ou il y a cent ans. Personne ne sait vraiment combien il y a de cas de coronavirus dans les secteurs arabes, et les statistiques officielles, comme pour les illégaux africains, sont très loin de la réalité.
[Autre population qui ne respecte pas la quarantaine] les Juifs ultra-orthodoxes. Ils sont plusieurs centaines de milliers. Dans leur ensemble, ils ne respectent pas la quarantaine, continuent les prières, les mariages, les enterrements, les réceptions. Leurs rabbins estiment qu’ils sont protégés par Dieu.
Je ne suis pas médecin et je ne comprends rien à la lutte contre les épidémies. Mais quand le pouvoir affirme réussir à lutter contre le coronavirus, et ce alors que 30 % de la population est hors de tout contrôle – dont 220 000 illégaux qui n’ont par principe pas accès aux soins – je pense que ces affirmations du pouvoir sont loin de correspondre à la réalité.
Même en diminuant le nombre de malades en théorie dans certains secteurs de la ville [de Tel-Aviv] et en supprimant la quarantaine, Israël aura immédiatement une nouvelle vague de coronavirus. Car dans les secteurs peuplés par les illégaux, les Arabes et les ultra-religieux tout va mal et il n’y a a aucun progrès pour la lutte contre le coronavirus ».
Traduit par Louis-Benoît Greffe
Crédit photo :DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V