L’Autriche ne veut plus accepter la répartition obligatoire des migrants imposée par l’Union européenne. Un revers supplémentaire pour Bruxelles.
Fermeté de l’Autriche face aux migrants
Le plan de répartition des migrants à travers les États de l’Union européenne n’est pas du goût de l’Autriche. Le pays l’a fait savoir par l’intermédiaire de sa ministre des Affaires européennes Karoline Edtstadler, laquelle a déclaré le 2 avril que ce plan était un « échec » et qu’il revenait aux États membres de se prononcer sur l’acceptation ou non de migrants.
Malgré la pression de nombreuses ONG sur l’UE pour que celle-ci accueille davantage de demandeurs d’asile à la suite des derniers évènements à la frontière gréco-turque en arguant que ces demandeurs d’asile avaient besoin de protection face au coronavirus, deux porte-paroles du gouvernement autrichien ont expliqué que le pays maintiendra sa politique actuelle et n’acceptera pas de migrants supplémentaires. En Grèce, deux camps de migrants ont déjà été placés en quarantaine ces derniers jours après la détection de cas de coronavirus et les ONG en question réclament donc leur évacuation.
La position de l’Autriche n’est pas esseulée en Europe puisque la Pologne, la Hongrie et la République tchèque avaient déjà refusé les quotas de migrants et avaient alors été condamnées par la Cour de justice de l’UE. Selon Karoline Edtstadler, si la solidarité entre les États européens n’est pas à remettre en cause, ces derniers devraient toutefois pouvoir choisir le type d’aide qu’ils souhaitent apporter. Outre l’accueil de migrants, les États membres pourraient aussi opter pour l’octroi d’aides financières ou encore l’envoi de fonctionnaires de Frontex. Pour la ministre autrichienne des Affaires européennes, la Commission européenne devrait désormais « mettre sur la table une nouvelle proposition sur le système européen commun d’asile ».
Sebastian Kurz avertit sur l’appel d’air migratoire
Cette position de fermeté fait écho à de précédentes déclarations du chancelier Sebastian Kurz sur la question migratoire, lorsqu’au cours du mois de mars il critiquait la volonté de l’UE de transférer des migrants depuis la Grèce afin de les répartir à travers les différents pays de l’Union. Quant à ouvrir les portes de l’Europe aux demandeurs d’asile, Sebastien Kurz avertit que « si l’Union européenne permet à ces personnes d’entrer, des dizaines de millions seront en route ».
Sebastian Kurz, le 3 mars dernier, montait déjà au créneau face au président turc Recep Tayyip Erdoğan en dénonçant l’« attaque de la Turquie contre l’Union européenne et la Grèce ». Selon le chancelier autrichien, Ankara se servait alors des migrants « comme des armes » pour faire pression sur l’UE. Sans que la riposte de celle-ci ne soit à la hauteur de l’attaque. Et l’Autriche n’avait d’ailleurs pas attendu que la superstructure européenne ne se décide à agir pour venir épauler les militaires grecs sur leur frontière avec la Turquie en déployant des forces autrichiennes sur place.
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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