Maires toxiques : quel but poursuivait Marianne en attaquant le maire de La Haie-Fouassière ?

À quelques jours du premier tour des élections municipales du 15 mars dernier, l’hebdomadaire Marianne mettait en couverture de son numéro 1200 du 13 mars un dossier intitulé : « Le tour de France des maires toxiques ».

Le palmarès des maires toxiques de Soazig Quéméner

Marianne précisait qu’il s’agissait du « palmarès des pratiques qui peuvent détruire une ville ». Il classait ces maires toxiques sous diverses rubriques : clientélistes, corrompus, bétonneurs, incompétents, amoureux des supermarchés, etc.

Soazig Quéméner, la journaliste responsable de ce dossier entièrement à charge, sans possibilité pour les maires incriminés de s’expliquer avant le scrutin du premier tour, expliquait : « Tandis que certains maires, découragés, ne se représentent pas aux municipales, d’autres, au profil trouble, n’hésitent pas à le faire. Sans scrupules malgré leurs coupables arrangements avec les principes républicains ».

Elle enfonçait le clou en expliquant : « Cette semaine, Marianne a choisi d’épingler ces maires à la dérive, nocifs pour leur communauté, qui ont rompu brutalement le pacte tacite d’exemplarité qui les liait à leurs administrés. Il ne s’agit pas de généraliser à partir de cas particuliers, mais, au contraire, d’attirer l’attention sur des élus aux profils très ciblés. »

Le dossier concerne donc des élus, coupables, sans scrupules, particulièrement mauvais dans leur gestion et leur comportement.

Elle affirmait pour se justifier : « Pour ce tour de France, nous nous sommes appuyés sur les travaux de l’association Anticor mais aussi sur les rapports des chambres régionales des comptes. »

Un premier constat permet de voir que parmi les maires épinglés, ceux de la droite parlementaire (LR, UDI, DD) sont 14 contre 9 de gauche (PS, DG).

Ensuite, un seul maire du PC y figure, ce qui est surprenant quand tout le monde sait la mainmise de ce parti sur les communes qu’elles contrôlent. Par contre, alors que le FN / RN compte très peu d’élus, deux d’entre eux figurent dans ce tableau noir.

Le maire de La Haie-Fouassière a ce privilège

Pourtant, le plus surprenant dans cette liste n’est pas là. En effet, y figure Jean-Pierre Bouillant, maire d’une petite commune rurale de Loire-Atlantique, La Haie-Fouassière. Il bénéficie d’être classé sous la rubrique « les saccageurs » et d’être qualifié comme « L’amateur d’art ».

Que peuvent inspirer ces titres au lecteur sur ce maire sinon qu’il a détruit l’harmonie de sa commune et dépensé l’argent des contribuables en l’investissant dans des œuvres d’art ? Un mauvais esprit pourrait même se dire qu’il l’a fait à son profit personnel.

Sur quoi s’appuie notre journaliste pour de telles attaques ?

Toute son argumentation tourne autour d’un rond-point édifié en 1993 sur la D149. Elle affirme : « ses administrés conserveront sans doute de lui le souvenir… d’une soucoupe volante grandeur nature en aluminium ».

Elle précise : « Facturé à l’époque 400 000 euros, dont un peu moins de la moitié à la charge de la commune, ce monument a valu au giratoire sa place de quatrième rond-point le plus moche de France dans le palmarès de ces obsédés de la gabegie des deniers publics, les Contribuables associés. »

Pourtant, comme la journaliste le dit elle-même : « Au moment de son édification, Jean-Pierre Bouillant n’était que conseiller municipal ». Il n’en est donc pas responsable. Mais, pour la journaliste, Jean-Pierre Bouillant est pourtant bien coupable car : « depuis, il n’a eu de cesse de mettre en avant la soucoupe, qui orne même les plaquettes touristiques de la ville… ».

Est-ce vraiment une faute pour un maire d’utiliser un rond-point devenu symbolique de sa commune pour sa communication ?

Ainsi, rien ne justifiait la mise en cause du maire de La Haie-Fouassière et sa présence parmi d’autres élus dont certains, effectivement, ont commis des actes répréhensibles.

Sous ces qualificatifs attribués indument à J.-P. Bouillant de « saccageur » et « amateur d’art », Soazig Quéméner aurait pu épingler pour de vraies raisons Johanna Rolland, le maire de Nantes. Il suffit de voir l’explosion des constructions immobilières sans respect de l’identité de chaque quartier. De même, dans la communication de la ville, est mise en avant une « œuvre d’art », les anneaux de Buren, payée entièrement par les contribuables nantais sous le règne de J.-M. Ayrault dont J. Rolland est l’héritière, sans oublier le gouffre financier de l’arbre aux hérons.

Alors, qu’est-ce qui a pu décider Soazig Quéméner à choisir Jean-Pierre Bouillant et non Johanna Rolland ? Qui y avait intérêt ?

Jean Theme

Photo : DR
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