Coronavirus. La confusion autour du mot réanimation contribue-t-elle à la panique et à l’angoisse ?

La confusion autour du mot réanimation contribue-t-elle à la panique et à l’angoisse en cette période de pandémie de coronavirus ?

C’est en tout cas ce que laisse à penser l’emploi de ce mot qualifiant un service hospitalier bien particulier, mais qui, dans la tête de beaucoup de gens, rime avec le fait de réanimer, ce qui provoque des erreurs chez ceux qui pensent qu’un patient est en réanimation parce qu’il a fait un arrêt cardiaque par exemple. C’est certes parfois le cas (s’il a été réanimé par les premiers secours) mais ce n’est pas, loin s’en faut, l’exclusif d’un service de réanimation. On vous explique.

Quelques données sur la réanimation et le coronavirus

Tout d’abord, les services de réanimation en France accueillaient vendredi (le chiffre a donc évolué depuis) 3 350 personnes dans les différents services de réanimations des hôpitaux français. Au total, la France dispose aujourd’hui de 5 000 lits de réanimation dans tout le pays, ce qui laisse encore la possibilité de voir venir, mais il ne faut pas que ça s’aggrave trop non plus. Mais à titre de comparaison, la France est bien moins armée que l’Allemagne, 28 000 lits, que la Corée ou le Japon. Selon le Panorama Santé de l’OCDE 2019 : le taux d’équipement en France est de 3,1 lits pour 1 000 habitants, (contre 2,6 lits pour 1 000 habitants en Italie). Ces deux pays sont dans la même fourchette que les Pays-Bas (2,9), la Norvège (3,2) et le Portugal (3,3). Selon ce décompte, le Royaume-Uni est le pays le moins bien doté en soins intensifs, avec la Suède (2,1).

Rappelons par ailleurs que toutes les personnes infectées par le coronavirus ne vont pas forcément passer par un service de réanimation, la plupart, avec des symptômes faibles ou moins graves étant invités à rester chez eux et ne pas aller dans les hôpitaux, déjà très encombrés. Par ailleurs, même ceux qui ont des formes graves ne vont pas non plus systématiquement passer par un service de réanimation. Selon Le Figaro, chez 5 % des malades environ, la pneumonie virale causée par le coronavirus s’aggrave et provoque une détresse respiratoire, et c’est pour ce pourcentage-là que le service de réanimation est nécessaire, puisque les fonctions vitales peuvent rapidement être touchées (détresse respiratoire, circulatoire notamment).

C’est là qu’il faut comprendre ce qu’est un service de réanimation.

Qu’est-ce qu’un service de réanimation ?

La société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) définit parfaitement cela sur son site : « La réanimation est un service spécialisé où sont hospitalisés les patients les plus graves. Ils y bénéficient d’une surveillance constante des fonctions vitales comme la ventilation, l’oxygénation, la pression artérielle, les fonctions cardiaque et rénale. Si besoin, une assistance de ces fonctions vitales peut être mise en place afin de permettre si possible la survie du patient.

Les patients sont admis en réanimation s’ils présentent une défaillance d’une fonction vitale comme par exemple lors d’une infection grave (choc septique), d’une intoxication médicamenteuse, d’un polytraumatisme, d’un coma, d’une insuffisance rénale aiguë, d’une insuffisance respiratoire aiguë, après un arrêt cardiaque ou encore en post-opératoire d’une chirurgie majeure comme la chirurgie cardiaque ou digestive.

Il existe des réanimations « spécialisées » pour les nouveau-nés, la pédiatrie, les patients de neurochirurgie (accident vasculaire cérébral ou traumatismes crâniens graves), les patients de chirurgie cardiaque ou thoracique.

En réanimation, l’état des patients et les traitements mis en œuvre nécessitent du personnel spécialisé. Les médecins sont spécialistes en anesthésie-réanimation ou en réanimation et travaillent en collaboration avec tous les spécialistes de l’hôpital. Les infirmières prennent habituellement en charge 2 à 3 patients, et sont formées à l’utilisation des techniques sophistiquées de suppléance comme l’épuration extrarénale ou la ventilation mécanique. Les aides-soignantes participent aux soins des patients avec les infirmières et les médecins. »

Comment réagir face à une personne qui présente une détresse respiratoire ?

Avant d’aller en service de réanimation, le patient aura été diagnostiqué à l’hôpital, notamment aux Urgences, après avoir été amené par les services de secours, ou par des ambulanciers privés, ou par des témoins d’une détresse respiratoire.

À ce sujet, lorsque vous êtes face à une personne présentant des symptômes d’une détresse respiratoire :

– Installez la victime confortablement (position semi-assise) et desserrez ses vêtements.
– Conseillez-lui de se pencher légèrement vers l’avant, cela l’aidera à mieux respirer.
– Demandez à la victime si elle a des médicaments et aidez-la à les prendre.
– Si la détresse ne passe pas, appelez les secours.

Quoi qu’il en soit, en conclusion, il ne faut pas forcément paniquer à l’idée d’apprendre qu’un proche est en service de réanimation : au contraire, c’est dans ces services que les patients sont le plus surveillés, et donc potentiellement le mieux soignés si leurs états respectifs le nécessite. Cela n’empêche bien évidemment pas des cas lourds et graves d’y arriver, puisque le service est aussi fait pour cela. Mais il semblerait tout de même que dans la tête de beaucoup de nos concitoyens, le mot « réanimation » soit mal interprété. Espérons avoir contribuer à bien informer à ce sujet.

Photo : DR
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