Les pénitents de Breizh, Le roman de Saint Louis, Petits arrangements entre amis, Le bateau fraise, La mémoire perdue : voici la sélection littéraire de la semaine, même si il peut être parfois difficile de se faire livrer des livres en période de confinement (surtout si l’on veut éviter les géants de la distribution de livres qui ruinent les petits éditeurs).
Les pénitents de Breizh
1788. Le bruit court à Saint-Vougay, dans le Haut-Léon en Finistère, que Gabrielle, héritière du marquisat de Kerjean s’est laissé séduire par Goulven, le fils du forgeron du château. Afin de laver cet affront, Jozon, le père du galant, demande au marquis Édouard de Hautefort la main de Gabrielle pour son aîné. Le châtelain refuse de déroger et rumine un plan diabolique. La nuit de Noël, tandis que Jozon bat le fer sur l’enclume, l’Ankou, le messager de la mort fait une terrifiante apparition. Les croyances ancestrales liées au trépas sont vivaces en Bretagne. La peur du forgeron est telle que son cœur fragile se brise. Délivré de l’importun, Édouard donne un bal pour les dix-sept ans de sa fille à l’issue duquel elle désignera son futur époux ou prendra le voile. Résignée à faire un mariage de raison, Gabrielle tombe dans les griffes d’un libertin, le marquis de Beauregard. Grâce aux idées nouvelles propagées par les philosophes des Lumières, les amants déchus triompheront-ils des obstacles liés à leur rang ? Sur fond de Révolution, l’intrigue policière et amoureuse nous amène à croiser des personnages attachants qui, parfois, nous glacent le sang. Les sentiments les plus purs de la condition humaine s’affrontent en un duel éternel et universel : amitié, désir, passion ; trahison, jalousie, haine ou vengeance. Si l’honneur est le maître mot, l’infamie est à l’affût tandis que vice et vertu s’unissent en un même lit. Sous les faux-semblants, enfouie dans le secret des âmes, aussi blessante que le tranchant d’une lame acérée, la vérité éclate comme un rayon de soleil dans un ciel obscur.
Un livre qui se lit vraiment bien en ces temps de confinement.
Alain Lombardi écrit avec l’inspiration d’un observateur éclairé, avec la curiosité d’un reporter. L’homme de télévision saisit l’image, l’instant, le détail avec les yeux du réalisateur qu’il est depuis 40 ans. Les mots ont pris le relais de l’image, la plume a remplacé la caméra, mais la passion qui l’anime reste la même et l’écrivain prend appui sur le réalisateur.
Les pénitents de Breizh – Alain Lombardi – Panthéon éditions – 26,20 €
Le roman de Saint Louis
« Je rêvais de retrouver la trace et l’image d’un Saint Louis à l’humanité sensible, un Saint Louis de chair, à figure humaine. Le temps, en l’élevant au-dessus de nos natures, lui a peut-être rendu un mauvais service. Il m’a imposé d’aller puiser aux sources les plus authentiques. Là où repose le trésor des paroles vivantes, laissées par les premiers témoins. Ceux qui ont vraiment connu le roi Louis IX, qui l’ont approché, accompagné depuis l’enfance jusqu’au trépas. J’ai remonté le filet d’eau vive. Je n’ai rien inventé. Ni les événements, ni les personnages, ni même l’insolite. Il m’a fallu plonger dans l’époque, en étudier la vie quotidienne dans ses moindres détails, sentir battre les passions, pour faire revivre un Saint Louis de notre temps. »
Philippe de Villiers est passionné d’histoire. C’est aussi un érudit auteur d’une quinzaine d’ouvrages à succès comme Les turqueries du Grand Mamamouchi (2005), Les Mosquées de Roissy (2006), Une France qui gagne (2007), Le roman de Charette (2012), Le roman de Saint Louis (2013), Le Roman de Jeanne d’Arc (2014) ou encore Les cloches sonneront-elles encore demain ? (2016), sans oublier ses incontournables mémoires politiques, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (2015), véritable phénomène de librairie : 200 000 exemplaires.
Le roman de Saint Louis – Philippe de Villiers – Le Rocher poche – 8,95 €
Petits arrangements entre amis
Qu’est-ce que le Conseil d’État ?
Le plus influent des réseaux de pouvoir ?
L’endroit où se fabrique un droit ésotérique pour initiés ?
Un refuge doré pour les amis du Président en place ?
Le juge suprême de l’Administration ?
Un lieu de connivences et… de décisions ?
Le dernier protecteur des libertés publiques ?
À travers son enquête, la première du genre, Yvan Stefanovitch nous fait découvrir la réalité de cette puissance invisible qui ne dit pas son nom. Un système nauséabond mis à jour avec cet excellent travail de journalisme.
Yvan Stefanovitch est journaliste. Il a publié une dizaine de livres dont Le Sénat, un paradis fiscal…, L’empire de l’eau et La caste des 500.
Petits arrangements entre amis – Yvan Stefanovitch – Albin Michel – 19,90 €
Le bateau fraise
Pendant douze ans, Alain Labbé fut navigateur. Aujourd’hui, il est producteur de fraises à Plougastel. Dans la lignée d’Une année à la campagne de Sue Hubbell, il décrit son quotidien d’agriculteur, entre récoltes, marchés, soucis économiques et bonheurs gustatifs.
Alain Labbé embarque en 1974 avec Éric Tabarly. Il navigue durant douze ans, en solitaire ou en équipage et notamment avec Olivier de Kersauson. Après deux tours du monde en course et deux traversées de l’Atlantique, il s’installe en 1999 à Plougastel comme producteur de fraises. Le bateau fraise est son premier livre.
Pour se distraire en lisant local pendant le confinement.
Le bateau fraise – Alain Labbé – Phébus – 18 €
La mémoire perdue
« La mémoire perdue examine comment et pourquoi nous en sommes venus à présumer qu’il nous faut vivre en nous passant de la plupart des récits – de récits complexes et riches, étranges et contradictoires, fondamentaux et difficiles, douloureux autant qu’instructifs, agréables autant que tristes. C’est un ouvrage qui s’interroge sur ce qui (comme Freud l’a bien montré) nous fait préférer voir l’histoire comme un trauma que la voir comme une richesse. Il analyse pourquoi la littérature, l’art et la musique du passé ne sont presque plus accessibles aux jeunes gens autrement que sous la forme de sujets d’épreuves scolaires ou universitaires, et, au-delà, n’ont guère d’utilité plus poussée, ni ne sont source de plaisir, de questionnements fructueux ou de sens. Il explore pour quelles raisons réfléchir sérieusement aux réalisations du passé est devenu l’apanage de quelques-uns, à l’égard de qui la modernité est en général soupçonneuse. Cette perte d’histoire se mesure en Occident à l’aune de la dégradation du goût (bien que, je le reconnais, on déplore une telle dégradation depuis que la notion même de goût existe) et de la compréhension des réalisations esthétiques et intellectuelles. Mais elle se mesure aussi à travers les multiples formes du déracinement moderne : solitude, exil, mal-être, absence symbolique et parfois littérale d’un foyer. Confrontés à l’oubli des idées et des êtres, et poussés seulement à s’efforcer d’atteindre des succès à venir qu’on présente comme s’ils étaient planifiés, les Occidentaux d’aujourd’hui habitent le séjour trépidant des égarés qui ne font qu’imaginer savoir vers quoi ils vont. »
Francis O’Gorman est professeur à l’université de Lancaster. Il a publié vingt-trois livres, pour la plupart consacrés à la littérature anglaise, et est aussi l’auteur d’essais sur le même sujet ainsi que sur la musique et sur l’état actuel de l’enseignement supérieur en Grande-Bretagne.
La mémoire perdue – Francis O’Gorman – éditions du Rocher – 17,90 €
Photo : DR
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