Tandis que l’aéroport d’Orly va fermer plusieurs jours à partir du 31 mars et que la SNCF va fortement limiter son trafic, les taxis – notamment à Nantes – vivent un vrai calvaire. En direct du terrain.
Ce 26 mars vers minuit, « il devrait y avoir une quarantaine de taxis à Nantes. Nous sommes quatre, tous libres », indique un taxi nantais en train d’attendre en vain près de la préfecture. « Aujourd’hui, j’ai fait deux courses seulement, c’est ma pire journée depuis que j’exerce ». C’est que le trafic ferroviaire est au point mort, et l’aérien guère mieux : « Deux vols ont atterri sur la journée, dont un d’Orly, qui ferme à la fin du mois ».
Et en journée ? Guère mieux. « Nous devrions être 200, nous étions 40 et nous n’avons pas travaillé. Y en a qui ont déjà arrêté, d’autres le feront dans les jours à venir car ça ne sert à rien », explique un autre artisan taxi.
Le 19 mai un certain nombre de syndicats de taxis dont la CGT Taxis, Sud Taxis, CFDT, FO, Gescop, Taxis de France, UNIT, SDCTP, etc., ont expédié un courrier à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, au sujet des difficultés de la filière : « L’impact pour les acteurs de transport est extrêmement important », écrivent les auteurs du courrier. «La filière taxi se trouve dans une situation particulièrement précaire suite à la baisse drastique du revenu des chauffeurs dont certains sont obligés d’arrêter leur activité. Cette situation […] risque d’entraîner la faillite de toute la filière du taxi (chauffeurs, coopératives, loueurs de véhicules spéciaux, écoles de formation, etc. ».
Les organisations professionnelles signataires demandaient dans le courrier le « dégrèvement partiel ou total sur une période de 6 mois au niveau fiscal (TVA, impôts sur société) et au niveau des cotisations sociales » ainsi que la « réactivation des cellules d’accompagnement dédiées aux taxis en grande difficulté financière ». Concernant les découverts bancaires, les syndicats demandaient de « mettre en place de manière automatique des autorisations de découvert plafonnés pour éviter d’être fichés à la Banque de France ». Le ministère n’a pas vraiment répondu à ce courrier, mais prévu de proroger par décret les cartes professionnelles échues au 1er mars 2020 de trois mois.
Du fait de la réduction du trafic aérien intérieur et du trafic ferroviaire, les taxis ont encore de longues semaines de quasi-chômage à vivre. « D’ici début mai, ça va être très dur », confie un taxi nantais. « OK pour le confinement, mais aurait-on pu éviter tout ça ? » s’interroge un de ses collègues. Dans la mesure où des simulations de février prévoyaient déjà 5 000 cas pour mi-mars avec des hôpitaux débordés, très probablement. Reste à savoir combien de morts supplémentaires faudra-t-il pour généraliser les tests dans la population, le traitement à la chloroquine avant de se retrouver en réanimation – donc trop tard – et la fin des coupes sombres dans les moyens des hôpitaux…
Louis Moulin
Crédit photo :DR
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