Ça y est ! Comme tous les marchés nantais, Talensac est fermé. Par décision du gouvernement. Et pas de dérogation pour le seul marché couvert de Nantes. On n’est jamais trop prudent… Bien entendu les grandes surfaces restent ouvertes, elles. Pas de problème. Ces temples de la consommation de masse, ces cathédrales de la malbouffe, remplissent certainement les fameuses « mesures barrière » contre cette saloperie de covid-19. Bravo et merci ! Pour paraphraser le grand Audiard, on dira que les gouvernants ça ose tout, que c’est même à ça qu’on les reconnait…
Talensac, je le connais depuis près de trois quarts de siècles. Né dans le voisinage, rue Paul Bellamy, mes premières expéditions au marché, je les ai faites en tramway jaune avec ma mère… C’est dire ! Et depuis j’y suis resté fidèle. J’ai connu des générations de fournisseurs. Des très bons, qui connaissaient leurs produits, qui savaient faire. Pas du genre à vous refiler en douce un fruit blet… Du sérieux. Des artistes du cochon qui vous sortaient des merveilles de l’animal préféré des Gaulois… Des cadors du poisson, qui vous préparaient un bar ou une sole en quelques gestes bien précis. Du grand art ! J’y ai emmené mes enfants et plus tard encore mes petits-enfants. Les gosses ça s’éduque ! Ils ont appris comment on choisit ses fournisseurs, comment on repère les bons produits : poisson, viande, charcuterie, légumes, fruits. Talensac, c’est le royaume de la bonne tortore, du tout pour la jaffe ! Comme à la Samaritaine, on trouve de tout dans ce sacré marché !
Et maintenant, confinement oblige, plus rien. Nada, nothing, netra bet ! Poissonniers, bouchers, boulangers, charcutiers, maraîchers, crémiers, fruitiers, traiteurs : tous au chômedu ! Décision du préfet et bénédiction de madame Rolland, notre bonne maire. Merci à eux ! On se gardera bien de qualifier cette décision, on deviendrait vite grossier…
Pourtant le marché s’était organisé : filtrage à l’entrée, vérification des ausweis, mesures de protections internes – distances de sécurité, personnel muni de masques et de gants, etc. Rien ne manquait. Mais visiblement ça n’a pas suffit !
Reste encore le « drive » (!), qui permet de s’approvisionner auprès de certains fournisseurs. Alors allez-y sans hésiter ! Il faut sauver le soldat Talensac !
YL
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