Ce que nous dit le confinement, c’est, comme le fit très tôt remarquer Xavier Eman, l’inutilité absolue de nombreux métiers inventés par la modernité, et le bas salaire de ceux qui sont indispensables et qui continuent de s’exercer malgré la pandémie. Ce que nous permet le confinement, c’est d’analyser froidement les chiffres italiens : le virus est meurtrier pour les populations âgées ou fragiles, presque pas pour les autres.
Sans nier son extrême viralité et la violence de la maladie, le confinement nous dit qu’il n’était peut-être pas nécessaire. Que d’autres solutions étaient peut-être possibles comme en Corée du Sud où l’on a dépisté systématiquement, sans confiner, et que le débat entre Raoult d’une part et Buzyn, Lévy et Salomon de l’autre finira peut-être par le prouver. Ce que nous dit le confinement, c’est la dictature de l’émotion qui a remplacé la raison pour servir les intérêts de quelques-uns.
C’est le caractère moutonnier des Français qui agissent tous comme si la peste noire était de retour et se mettent à aimer à nouveau un gouvernement qu’ils conchiaient à raison il y a encore 2 semaines. Ils en reviendront… C’est la saloperie de quelques-uns qui depuis chez eux trouvent le moyen d’appeler la police pour dénoncer leur voisin qui ne se tiendrait pas à carreau.
C’est la veulerie des autres qui laissent des mots aussi laids que « vous êtes infirmière donc sûrement contaminée, merci de ne pas garer votre voiture à proximité de celle des autres ».
C’est la bienveillance populaire de ceux qui ont eu l’idée de sortir applaudir le personnel soignant, et l’hypocrisie, la bonne conscience repue d’un certain nombre qui s’imaginent ainsi être des résistants qui accomplissent une fois pour toutes leur devoir envers la Nation avant de retourner à leur petite vie de cloporte jouisseur.
On tient nos résistants de 20 heures comme nos grands-parents connurent ceux de 46 : je nourris le secret espoir que le tondu ne sera pas celui qu’on croit.
Ce que montre le confinement, c’est les tenants d’un monde métissé et sans frontières qui voient d’un mauvais œil le citadin venu s’installer à côté de chez eux, et lorgnent leur porte calfeutrée avec l’angoisse qu’elle ne suffise pas à arrêter l’envahisseur bactériologique. Mais plus que les vertus ou les défauts inhérents à la nature humaine, ce que nous dit le confinement c’est la sale gueule du monde qui vient.
Ce que nous dit le confinement, c’est l’incapacité des forces de l’ordre à penser un peu, à avoir des couilles et du cœur. C’est le zèle — au service de dirigeants qui les méprisent — qu’elles emploient à verbaliser une vieille Mayennaise venue seule sur la tombe de son mari enterré il y a quelques mois, une dame qui a fait 500 mètres pour abreuver ses chevaux, des gens du Calvados présents à un enterrement dans les limites fixées par le gouvernement.
C’est leur rigidité absconse qui transforme de bons Français en crétins absolus et lâches qui enfilent leur uniforme aussi bien pour matraquer des aides-soignantes réclamant des moyens que pour mettre une amende à un collègue qui se déplace sans l’ausweis d’Édouard Philippe pour aller au boulot demander aux gens le précieux ausweis en question. Parce que ce que nous dit le confinement, c’est la faiblesse absolue des démocraties libérales et des pays sans chef lorsqu’ils rencontrent une crise. C’est la surveillance généralisée dont ils ont besoin pour asseoir leur pouvoir sans légitimité populaire. C’est la pitoyable rhétorique guerrière d’une République impuissante avec son armée de technocrates asthmatiques qui appellent les Français à aller aux champs soutenir des agriculteurs qu’ils ont poussé au suicide pendant des années. « Tous aux champs, restez chez vous, fermez vos gueules, applaudissez, baissez culotte ! » et plus personne ne sait ce qu’il doit faire alors tout le monde allume la télé pour écouter Sibeth la bien nommée leur expliquer que tout est sous contrôle.
Ce que nous dit le confinement c’est la 5ème colonne journalistique qui trouve encore les moyens de dénoncer le racisme ambiant envers les immigrés, alors que la France est colonisée de haut en bas et que les Français continuent à courber l’échine avec une souplesse déconcertante. C’est la volonté qu’ils ont d’en finir définitivement avec ces Français.
Ce que nous dit le confinement c’est qu’il faut interdire les marchés, mais aller au supermarché — miasmes suspendus dans l’air ou pas. Qu’il ne faut pas ouvrir la boutique du coin de la rue, mais acheter sur Amazon dont les employés sont obligés d’aller travailler sous peine de licenciement. Parce que confinement ou pas, dans les multinationales qui dirigent le monde, le droit de retrait est l’exclusivité du patron, et il est rare qu’il se retire pour faire moins mal aux salariés : leur cul vaudra toujours moins que la Bourse.
Ce que nous dit le confinement, c’est l’arrivée d’une crise économique et sociale sans précédent, avec chômage de masse et menace de guerre civile. Et le virus sera le bouc émissaire du Système, il justifiera un pas supplémentaire vers la gouvernance globale.
Parce que ce que nous dit le confinement, c’est qu’il sert aussi de répétition générale au monde qui vient. Finies, les démocraties libérales avec leurs États, même corrompus, même faibles, même inefficaces. Le modèle, l’avenir, c’est la Chine. Avec sa technologie, son capitalisme exacerbé et son communisme tout juste bon à être la police politique du Marché. Adieu la libre-entreprise — mantra des libéraux —, coucou les gros monopoles qui seuls peuvent surmonter les normes étatiques, la pression bancaire, les crises, les taxes (quand ils les payent…) Ave, les smart-cities où la racaille continuera d’exercer sa terreur et d’emmerder le confinement, où les sans-papiers débarqueront de Turquie où de Gibraltar par millions pendant que la flicaille, pandémie ou crise économique oblige, sera occupée à vérifier que vous êtes en règle : ausweis, certificat d’assurance, ceinture, cigarette au volant, contrôle technique et tout le bordel…
Ce que nous dit le confinement, c’est que la machinisation vous rend de moins en moins indispensables à la vie de votre pays, puisque celui-ci devient peu à peu une part de marché comme une autre pour une Finance apatride qui s’enrichit à mesure que vous vous appauvrissez. Et ceci quelle que soit votre profession, l’intelligence artificielle pouvant remplacer un comptable ou un ingénieur sans souci. Ce que nous dit le confinement, c’est que l’Europe est dirigée politiquement par des gens qui n’ont ni cœur ni raison, par des pantins déracinés et asservis à la tête d’États déjà moins puissants que le Marché.
Ce que nous dit le confinement, c’est qu’il va falloir réapprendre très vite à être libres et autonomes. À faire Sécession de toute urgence, sous peine de disparaître en tant qu’humains au moins autant qu’en tant qu’Européens.
Jean-Eudes Gannat
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