Le Zimbabwe a décidé de restituer des terres aux fermiers blancs alors que celles-ci avaient été confisquées durant la réforme agraire. Pourquoi une telle décision ?
La réforme agraire remise en cause au Zimbabwe
Les fermiers blancs seraient-ils de retour en grâce au Zimbabwe ? Toujours est-il que les choses semblent bouger. Le gouvernement vient de promulguer il y a quelques jours une loi visant à redistribuer des terres à certains de ces fermiers qui en ont jadis été dépossédés. Le texte précise ainsi que « toute personne qui désire obtenir le titre de propriété d’une terre agricole acquise, qui était auparavant son exploitation agricole, peut en faire la demande par écrit au ministre ». Par la suite, un comité sera chargé d’examiner les demandes.
Si la rétrocession des terres est évoquée par le biais de la location, des compensations financières pourraient aussi être octroyées aux fermiers blancs mais le gouvernement ne disposant pas de fonds suffisants pour payer les indemnités, c’est donc la première option qui est privilégiée. De son côté, l’Union des agriculteurs commerciaux (CFU), syndicat d’agriculteurs regroupant le plus grand nombre de fermiers blancs expulsés de leurs fermes au Zimbabwe, a salué la proposition du gouvernement.
La politique de Robert Mugabe discréditée
Pour prendre la mesure d’une telle annonce, il faut remonter en l’an 2000. À l’époque, sous la présidence du marxiste Robert Mugabe, une réforme agraire avait consisté à confisquer des terres gérées par les fermiers européens et à les redistribuer à des Africains. Mais ce transfert de propriété s’était aussi accompagné d’une très forte chute de la production agricole, conduisant même le pays jusqu’à la famine. Ces expropriations avaient alors été réalisées au nom des droits de la majorité noire du Zimbabwe avec 90 % des terres saisies en l’espace de trois années.
Il aura fallu attendre novembre 2017 et la chute de Robert Mugabe pour voir le pays entamer un nouveau virage tandis que ce dernier est contraint d’importer une très grande partie de ses céréales pour nourrir sa population. Un comble dans ce pays jadis si productif sur le plan agricole !
De son côté, Emmerson Mnangagwa, actuel président du Zimbabwe, le certifie, « il ne s’agit pas de l’abandon de la réforme agraire. […] Notre peuple a récupéré sa terre, avec ou sans faim ; avec ou sans récoltes exceptionnelles, nous avons repris nos terres. Nous aurons notre terre pour toujours ». Mais, malgré les mots, il semble que le pays a plus que jamais besoin des fermiers blancs. Rappelons qu’environ 4 500 fermiers blancs avaient été expulsés lors de la réforme agraire.
AK
Crédit photo : Wikimedia Commons (Public domain/USAID) (Photo d’illustration)
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