Les analyses des résultats du 1er tour des élections municipales dans le canton de Machecoul illustre, comme partout en France, l’assise toujours plus faible des élus locaux et la fragilité de leur légitimité électorale. Avec une moyenne de 55,5% des inscrits, le taux de l’abstention témoigne de cette inflexion qui fait que la liste la mieux élue – celle de M. Luc Normand à Cheix-en-Retz- ne rassemble que 39,04% des électeurs inscrits sur la commune.
La vague épidémique n’explique pas totalement le désintérêt des électeurs pour un scrutin pour lequel historiquement ils se mobilisent. Voici quelques éléments que mes sondages sur le terrain et l’analyse de ces résultats m’autorisent à avancer :
– L’AFFADISSEMENT DE L’OFFRE ÉLECTORALE: Plusieurs communes, telles Port-Saint-Père ou Saint-Hilaire-de-Chaléons, n’ont pas eu de listes concurrentes à celle du maire sortant.
– LE FLOU ARTISTIQUE CONCERNANT LA CLASSIFICATION DES CANDIDATS: Dans les villes les plus importantes du canton (Machecoul, Chaumes-en-Retz et Villeneuve-en-Retz), aucun candidat n’a voulu revendiquer d’appartenance partisane, se bornant ainsi à des étiquettes approximatives (Divers gauche, divers droite, divers centre).
-LE MANQUE DE DÉBAT DE FOND SUR LES DÉFIS FUTURS DES COMMUNES ET EN PARTICULIER DES PLUS PETITES ET DES MOINS PEUPLÉES : Les questions entourant les rapports nouveaux entre les communes et les intercommunalités ont été savamment éludées. Rien sur la baisse des dotations de l’Etat aux communes récupérées par les communautés de communes. Rien sur le changement de composition de l’Assemblée communautaire de Pornic Agglo. Rien sur la loi du plus fort qui s’installe dans les intercommunalités entre les cadors démographiques et les communes qui souffrent du dépeuplement.
En résumé, les résultats du premier tour de ces élections municipales, en dépit du contexte dans lequel elles se sont déroulées, indiquent que le vice de légitimité qui frappent nos élus locaux va grandissant. Cela pourrait soulever le désintérêt si, l’année prochaine, des élections sénatoriales n’étaient pas organiser pour renouveler, selon le voeu du gouvernement, l’intégralité de la Chambre Haute. Elus sans que l’on sache de quel parti ils se réclament, les nouveaux conseillers municipaux auront à choisir leurs sénateurs dans des listes qui seront, elles, partisanes. Ce taux élevé de l’abstention pourrait donc représenter un blanc-seing dangereux. Cependant, peut-on sérieusement blâmer l’électeur rural qui commence à considérer les fusions de communes forcées et l’appartenance inéluctable à des intercommunalités dont les ressorts lui sont étrangers comme des constructions faites, comme la prétendue construction européenne, sans son concours?
Theophaen Thibault
Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine