L’épidémie de coronavirus occupe logiquement une grande place dans les médias. En plus d’alerter sur les dangers et d’évoquer les diverses conséquences, les chaînes de télévision, journaux et autres sites internet donnent la parole aux médecins, docteurs et spécialistes des questions de santé.
Michel Cymes, le faux spécialiste
Michel Cymes fait partie de cette catégorie mais doit sa renommée à une autre caractéristique. Après avoir fini ses études de médecine, l’homme est devenu journaliste au début des années 1990, et plus précisément animateur d’émissions dédiées à la santé.
Spécialisé dans le diagnostic et le traitement des troubles du nez, de la gorge et de l’oreille, Michel Cymes aurait pu (dû ?) être un atout précieux pour ses employeurs et les téléspectateurs. C’est pourtant avec une légèreté déconcertante qu’il a abordé le coronavirus. Le 10 mars, sur l’antenne d’Europe 1, il proclamait que le coronavirus était une grippe comme les autres, que cela faisait « partie de la vie » et qu’il n’était « absolument pas inquiet » car il ne correspondait pas au profil le plus menacé, oubliant ainsi que chacun peut être porteur et contaminer les autres. Les « jeunes » semblent par ailleurs de plus en plus touchés.
S’il a fait un timide mea culpa samedi dans la presse, se donnant le beau rôle en prétendant qu’il avait trop voulu rassurer les Français, il expliquait la veille encore que les parisiens faisaient bien de quitter la capitale et de gagner leur résidence secondaire. Un avis pas partagé par ceux qui craignent que cela facilite la circulation du virus. Le journaliste français Frédéric Hermel, correspondant en Espagne, déplore que l’exemple espagnol ne soit pas pris en compte, le virus ayant circulé à cause du départ des madrilènes de la capitale.
En Espagne la fuite de Madrid a transporté le virus ailleurs, notamment dans des zones à moins forte capacité hospitalière. Le président de la région de Murcie a même dû prendre des mesures contre l’afflux de madrilènes vers leurs résidences secondaires sur la côte. https://t.co/Z3DwIoL90F
— frédéric hermel🇫🇷 (@fredhermel) March 16, 2020
A l’heure où la France, l’Europe et de nombreux pays à travers le monde sont confinés pour éviter de remplir les hôpitaux et les morgues, ses prises de position devraient, dans une société normale, lui coûter sa place sur le champ.
D’aucuns remarqueront qu’Emmanuel Macron en personne dédramatisait la situation il y a dix jours encore. Le 7 mars, il assistait en effet à une représentation théâtrale afin d’inciter les Français à continuer à sortir. Les leçons du gouvernement mais aussi d’un certain Michel Cymes au sujet des Français s’étant promenés dans les parcs dimanche après-midi –alors même que les élections municipales étaient maintenues !- paraissent donc très osées, bien que le fond soit exact.
Jean-Michel Aphatie attaque le monde médical
Jean-Michel Aphatie est un vétéran de la bêtise et de la mauvaise foi. L’on se souvient de ses nombreux « débats » avec Eric Zemmour et on l’entend encore régulièrement s’exprimer et prendre systématiquement des positions de soumission aux élites et de mépris envers les Français.
L’épidémie de coronavirus en France lui a pourtant donné l’occasion de se surpasser et de s’attirer les foudres de ceux qui ne le méprisaient pas encore puisqu’il a tout simplement accusé le monde médical d’en être responsable ! Le samedi 14 mars, sur France 5, Jean-Michel Aphatie a revêtu sa veste de chien de garde du pouvoir et craché une diatribe invraisemblable :
« Ce qui a trompé les responsables politiques, ce sont les médecins, qui ont dit : ‘ça n’est pas plus grave que la grippe’ ou ‘la grippe tue plus que le coronavirus’. Le problème, c’est la diffusion massive d’un virus qu’on ne connaît pas, ce qui peut poser un problème sanitaire important et derrière un problème économique. Ceci a conduit le gouvernement, à mon avis, à prendre trop tard, 15 jours trop tard, trois semaines trop tard, sur la base des discours scientifiques, qui étaient des discours de relativisation, à prendre trop tard la décision de fermer les classes.Moi je pense que nous avons du retard à cause du discours scientifique. Les médecins, dans leur immense majorité, disaient : ‘on va pas en faire trop quand même’. Et ils nous ont amené, je trouve, dans le mur ».
Le 28 janvier pourtant, Jean-Michel Aphatie était outré par l’idée lancée par Michel Onfray sur le plateau de LCI, à savoir appliquer le principe de précaution et contrôler les frontières. Une idée jugée inutile par l’apathique journaliste car il n’y avait alors que quatre cas connus en France…arrivés de l’étranger.
Le 28 janvier, face aux premiers cas de #coronavirus en Europe, Michel #Onfray appelait à un contrôle strict aux #frontières chez @audrey_crespo (@LCI), suscitant l’incompréhension de @jmaphatie. Un principe de #précaution qu'@EmmanuelMacron appelle "repli #nationaliste"… pic.twitter.com/okvZeY05nJ
— Michel Onfray TV (@MichelOnfrayTv) March 16, 2020
Après son attaque à l’encontre du monde médical, Jean-Michel Aphatie s’est fait sérieusement remonter les bretelles par le docteur Jérôme Marty, président du Syndicat de l’Union française pour une médecine libre, via une vidéo postée sur Twitter. Le médecin revient sur les différentes étapes de l’épidémie et notamment sur les manques observés lors du « stade 1 ».
Réponse à Jean Michel Aphatie https://t.co/3ZM65hTbDx pic.twitter.com/NXWrRw4Sjy
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) March 15, 2020
Si le docteur Marty demande des excuses, de nombreux français espèrent quant-à eux que Jean-Michel Aphatie –tout comme Michel Cymes- resteront bien confinés chez eux et n’auront ainsi plus l’occasion de s’exprimer à la télévision.
AR
Photo : DR
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