Ce dimanche 15 mars 2020.
Il n’est pas d’usage dans nos sociétés démocratiques qu’une électrice vienne présenter ses excuses à des candidats pour ne pas avoir rempli son devoir électoral. Pourtant aujourd’hui je le fais et c’est vous dire combien mon malaise est grand.
Pour être claire, je me permets de vous donner quelques précisions sur ma personne, mon état d’esprit. Je vous rassure, j’ai bien conscience d’être une goutte d’eau dans le marigot national, mais j’ai besoin de partager mes interrogations, mes doutes.
Hier soir, je n’en croyais pas mes oreilles quand j’ai entendu la déclaration du Premier ministre : les élections municipales sont maintenues. Ensuite le détail des mesures de confinement liées au stade 3 de la progression du coronavirus. J’écoute, je retiens tout particulièrement ce qui me concerne : âgée de 70 ans avec un diabète. Bon, si je comprends bien, je dois rester chez moi. J’essaye d’élargir ma réflexion et de tout replacer dans un contexte de prévention nationale. Mon devoir : rester le plus possible en bonne santé pour laisser, autant faire se peut, de la place pour quelqu’un en détresse respiratoire. Après tout, je suis retraitée, donc j’ai la chance de ne pas avoir à gagner ma vie, je considère comme une obligation de solidarité nationale de respecter les consignes.
Alors, je viens vous exposer mon dilemme : je suis toujours une citoyenne responsable et je ne vois pas comment satisfaire à mon devoir d’électrice qui me pousse à aller voter et à mon devoir de citoyenne qui m’incite à respecter les consignes détaillées par les responsables de la santé.
Heureusement pour moi, ma petite commune est plutôt bien gérée et il n’y a qu’une liste, alors les conséquences sont atténuées. Mais que faire quand le vote s’annonce plus décisif ?
En politique comme en éducation, dans les périodes troublées, et c’en est une, seules des directives claires et le principe de l’exemplarité doivent l’emporter. Ils doivent aller dans le même sens, d’une même voix, et ce n’est hélas pas le cas.
Nous nous sommes souvent fait épingler, nous Français, pour notre esprit frondeur, notre égoïsme parfois à fleur de peau, notre légèreté viscérale. Mais, sachez le bien tous, nous ne sommes pas que cela. Nous sommes aussi capables, une fois les mauvais réflexes purgés, de faire preuve de solidarité, de civisme, et notre humour et notre causticité sont aussi des atouts pour gagner la lutte.
Alors, avant de renouveler mes excuses à nos candidats, car vous l’avez compris j’ai choisi de m’abstenir de participer aux élections de ce jour, je demande au Président de ne plus écouter les mauvais conseillers, de décider le report voire l’annulation du second tour et tant pis si cela défrise le Conseil constitutionnel… !
Nous sommes en guerre contre le coronavirus et si nous voulons vaincre nous devons tous nous mobiliser pour jouer gagnant. La période ne se prête pas aux tergiversations. La victoire dépend de directives claires auxquelles nous devons tous nous plier. Plus tard, mais seulement plus tard, il faudra rebattre les cartes.
Je termine ce courrier en renouvelant, ma confiance, mon respect et ma reconnaissance au personnel soignant. Je n’ai pas à rougir, à la mesure de mes faibles moyens, j’ai toujours soutenu leurs demandes. Je sais que dans notre société, il y a beaucoup d’anonymes qui, comme moi, pensent très fort à eux, et là encore nous ne devrons pas nous contenter de vains mots.
Anne MESDON
Conseillère municipale 2008/2014
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