Chypre demande de l’aide de la part de l’UE pour faire face à l’arrivée de migrants dans la partie sud (grecque) de l’île. Des migrants qui transitent généralement plutôt par le nord aux mains des Turcs. Qui jouerait la carte de la substitution de populations ?
Chypre grand-remplacée par les migrants ?
À Chypre, les migrants arrivés depuis la Turquie ont-ils été envoyés par cette dernière à des fins bien précises ? C’est ce que pense en tout cas le gouvernement chypriote. À la fin du mois de février dernier, le ministre de l’Intérieur Nicos Nouris accusait la Turquie d’avoir délibérément canalisé des migrants pendant des mois vers le sud chypriote grec de l’île, ethniquement divisé, afin de modifier la composition de sa population.
Nicos Nouris a ainsi déclaré que jusqu’à deux tiers des migrants arrivant dans la partie sud de l’île, membre de l’Union européenne mais pas inclue dans l’espace Schengen, y parviennent depuis la partie nord, à savoir la République turque de Chypre du Nord. Une entité qui a la particularité de n’être reconnue que par la Turquie et qui a fait suite à la partition de l’île en 1974 lors du débarquement des forces turques.
Selon le ministre de l’Intérieur chypriote, « nous maintenons qu’il y a un but et un objectif très spécifique, qui est de modifier le caractère démographique de l’île, et il est clair que nous ne pouvons pas continuer à accepter des migrants en si grand nombre ».
Forte augmentation du nombre de migrants
Si la situation demeure moins explosive que sur l’île de Lesbos, en proie aux protestations des autochtones face à l’afflux massif de migrants, les autorités chypriotes grecques sont elles aussi en alerte. Actuellement, près de 21 000 demandeurs d’asile stationneraient dans la partie sud de l’île, soit 3,8 % de sa population. La plupart d’entre eux sont originaires du Moyen-Orient, principalement de Syrie, et d’Asie. Une proportion que Chypre considère comme étant la plus forte parmi tous les États membres de l’UE. Par ailleurs, déjà 12 000 individus ont obtenu l’asile.
Géographiquement isolé, le gouvernement de Chypre s’est alors tourné vers l’UE pour obtenir un soutien financier et matériel supplémentaire afin de l’aider à faire face à l’afflux de migrants, notamment pour renforcer la surveillance maritime. Le ministre de l’Intérieur s’est récemment rendu à Bruxelles pour plaider en faveur d’une politique européenne globale de migration permettant une répartition plus équitable des migrants qui ont obtenu l’asile.
En attendant, pour faire face à la situation, Chypre a fait plus que doubler le nombre de fonctionnaires chargés de l’examen des demandes d’asile tandis que les délais de dépôts des demandes sont dorénavant raccourcis. Dans le même temps, les expulsions sont accélérées. Un nouveau centre d’accueil d’une capacité de 600 places pour les migrants attendant de voir leurs demandes d’asile traitées doit aussi être construit. Autant de mesures qui ne constituent absolument pas une réponse à long terme face à la pression migratoire et, dans ce cas précis, démographique.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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