Mais où est passé Florent Tani ? Hyperactif dans les rangs de l’opposition de gauche, après avoir été élu dans la majorité de gauche de Daniel Leroux, s’être présenté en 2014 et avoir rejoint le conseil municipal en 2016 suite à la démission du communiste historique Jean-Luc Plumelet, il a subitement disparu des radars fin avril dernier. Il a aussi, selon nos informations, du quitter ses activités professionnelles – en rapport avec la petite enfance – et la commune. Une enquête est en cours. Depuis 10 mois, la majorité – autour du centriste Jean-Michel Buf et l’opposition de gauche s’entendent pour que rien ne filtre.
Pilier de la FAL depuis 1999, dont il est responsable du service vacances (jusqu’en 2012) et des formations BAFA, il a commencé à l’accueil périscolaire à Nantes, puis à l’OMJ de Saint-Nazaire. Il a aussi été le directeur coordinateur de l’AJL de Savenay pendant un an – le temps que le directeur en poste soit mis à disposition des FRANCAS – association d’éducation populaire issue du Parti communiste – il a aussi été le directeur coordinateur de Co’Anim, un centre de loisir jeunesse à Saint-Colomban.
Officiellement de juillet 2014 à juillet 2019. En pratique, « il n’était plus présent sur la structure depuis le 24 avril », nous explique la nouvelle directrice. Arrivée d’une autre région, elle n’a d’ailleurs vu son prédécesseur que deux demi-journées à Nantes, « ce qui est très différent des pratiques dans le secteur : normalement, le tuilage se fait pendant plusieurs semaines, le temps d’expliquer les projets en cours, les interactions etc. » explique un responsable associatif dans le milieu de la petite enfance.
« Je ne l’ai vu que deux fois, une fois en juin pour l’entretien avec la vice-présidente, une autre fois deux jours plus tard pour le tuilage. Point », explique la directrice, qui ajoute « il est parti dans le cadre d’une rupture conventionnelle et jusqu’ici, il n’y a pas eu d’enquête dans notre centre ». Très présent dans la presse et sur la page Facebook, Florent Tani en disparaît après un dernier article d’Ouest-France du 23 avril dernier, et est encore interrogé une dernière fois par le courrier du Pays de Retz le 24 mai 2019.
Sur le site de Blain gauche solidaire, sa présentation indique : « je me suis investi dans le milieu associatif depuis mon arrivée à Blain en 2003. Tout d’abord à l’association des parents d’élèves du collège Anatole France, où j’ai activement participé à la mise en place d’un pedibus, dont j’ai été le responsable bénévole de sa création en 2006 jusqu’à son arrêt en 2008. Je suis délégué des parents d’élèves du lycée Camille Claudel et j’assure bénévolement la formation des élèves délégués du collège le Galinet pendant trois jours chaque année ».
Florent Tani présidait aussi la FCPE de Blain de juin 2012 à mai 2019 et le club de Tennis de table depuis 2014 ; son départ de la présidence n’a fait l’objet d’aucun commentaire. « Eric est le nouveau président, Michel et Damien restent à leurs postes », commente sobrement le compte-rendu du conseil d’administration de l’association, en date du 19 juin 2019 – encore une fois à rebours des pratiques associatives où l’ancien président est généralement remercié pour son action.
Idem pour sa démission du conseil municipal, survenue le 29 avril 2019 et sobrement constatée par le maire Jean-Michel Buf le 28 mai 2019 : « en préambule de ce conseil municipal, le maire informe que Florent Tani a démissionné de sa fonction de conseiller municipal, et que la personne immédiatement appelée a refusé la nomination, la suivante aussi. On attend la réponse de la troisième qui n’habite plus Blain ».
« Interdit de paraître sur Blain »
A l’énoncé de son nom, on sent les proches de la liste de gauche – conduite par Jean-Pierre Hamon et Rita Schladt – se raidir. « Il n’a jamais été question qu’il soit sur la liste, il n’avait pas la carrure, et on n’allait pas mettre un communiste en tête de liste, en 2014 on s’est fait démonter pour ce genre de choix », explique un ex-proche de la liste de gauche.
Jean-Pierre Hamon ne cherche pas à cacher : « il est parti sans explication et n’a jamais voulu répondre aux questions de Rita. Il y a des faits avérés, dans le cadre du club de tennis de table, des faits graves, il est interdit de paraître sur Blain ». Même si l’opposition de gauche n’a guère cherché à informer les blinois. Olivier Pineau, qui est présent sur la liste, balaie le sujet « les gens racontent ce qu’ils veulent, on ne va pas chercher ce qu’ils ont fait dans leur vie avant ». Surtout sur la commune…
Rita Schladt s’affirme « détruite par ça. C’est horrible. Il a annoncé par mail qu’il partait. Je pensais qu’il s’agissait d’une rupture amoureuse. En réponse, il a dit qu’il voulait être seul et ne pas en parler. On a su au début de l’été 2019 qu’il était parti pour des faits graves ; les élus n’ont pas été mis au courant, mais s’il a été obligé de quitter la ville, c’est pour protéger les gens ».
Stéphane Brunat, du club de Tennis de table, confirme du bout des lèvres : « il y a effectivement une affaire concernant Florent Tani. Il a démissionné sans explication. On a eu ordre de se taire et de se rapprocher de la gendarmerie. C’est une affaire grave ». Une autre source proche du dossier nous affirme sans détours : « il a profité de sa position ». Selon nos informations, une enquête est en cours, avec « plusieurs victimes », et des auditions auraient eu lieu.
Le maire Jean-Michel Buf et sa majorité au courant depuis des mois ?
Si la plupart des blinois en sont réduits à se demander ce qui se passe, d’autres semblent au courant depuis des mois – mais n’ont pas jugé utile d’avertir la population. Des fois qu’il y ait d’autres faits, par exemple… Ainsi, un élu de l’actuelle majorité, proche du maire Jean-Michel Buf, en campagne pour un second mandat, affirme être « au courant depuis des mois. Il a été effectivement obligé de s’éloigner ».
Le maire, Jean-Michel Buf, reconnaît être « au courant mais à posteriori. Il y a le secret de l’instruction, je n’ai pas envie de colporter des rumeurs et il y a la présomption d’innocence. Il ne faut pas croire qu’un maire détient les informations, surtout s’il y a une enquête en cours ». Nous lui demandons pourquoi n’a-t-il pas averti les parents de la commune, notamment au collège et au lycée publics : « en tant que maire, je ne peux pas me permettre de dire aux parents des choses que je ne sais pas. Je ne suis pas concerné au premier chef ». Et cherche à se protéger : « il n’y a pas un reproche qui puisse venir de mon côté. Je ne suis pas au courant et je n’ai pas à l’être ».
Louis-Benoît Greffe
Photo : DR
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