Claudine Dor nous adresse un texte au sujet de la nécropole romaine située à Quimper et à laquelle s’intéresse depuis 20 ans l’INRAP.
Pour être extraordinaire la découverte de 140 urnes cinéraires donc funéraires sur le parcours sacré de la Troménie menant de l’église romane Notre-Dame de Locmaria, la plus ancienne du Finistère, au sommet du mont Frugy, l’une des quatre collines de Quimper, n’est pas exceptionnelle !
Même fort bien conservées, dans la ville d’art et d’histoire et bientôt peut-être d’archéologie que se veut la capitale de la Cornouaille, elles rejoignent ou rejoindront dans quelques années, après leur « quarantaine » à elles, l’écrin du Musée départemental breton et ses trésors datant tantôt des Romains de 50 av. J.-C. à la fin du IIIe siècle, tantôt des Gallo-Romains, et prélevés sur les sites de Park ar Groas, Creac’h Maria, Kerjaouen et du Frugy, mont chauve après que la tempête de 1987 en fit disparaître la ramure, renouvelée depuis !
C’est d’Aquinolia et de son port sur l’Odet (fleuve et non rivière) que les galères romaines venues de l’oceanus Atlanticus débarquèrent légionnaires puis marchandises avant de rejoindre la voie antique de Carhaix (Vorgium, la capitale des Osismes… « les plus lointains » en celtique), mais pour ceux-là pas sans avoir offerts quelques sacrifices sur le plateau de la Déesse qui supporta la guillotine à la Révolution tandis que l’église primitive était fermée par ordre du préfet, celui-ci appuyé par le prudent évêque car le recteur avait refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé (1791) ! Principe de précaution qui n’est pas sans en rappeler d’autres ! Ainsi naquit Kemper, lieu de la confluence entre l’Odet, le Steir et le Jet !
Au IIe siècle, les Bretons d’outre-Manche étaient venus s’installer en Armorique pour y fonder leurs communautés celtiques avant d’être évangélisés par les 7 saints de Bretagne au VIe siècle puis, vers l’an mille, de participer à ce fameux « blanc manteau d’églises » dont celle de Locmaria, en cours de rénovation mais qui fêtera en 2022 ses 1 000 ans d’existence par une fête médiévale, souhaitons-la quel que soit le résultat des élections municipales…
Car il est vrai que ce patrimoine éveille peu la curiosité des listes en présence bien que toutes se vantent de développer un tourisme qui ne doit pas être que « balnéaire »… mais de plus en plus culturel comme l’y encouragent certains panneaux, déjà en place, et qui émaillent la ville. Mais pas encore assez pour mettre en valeur la nécropole retrouvée et son sarcophage, ses poteries et, plus proche de nous, les bijoux en or du… cimetière carolingien avant qu’un changement climatique ne fasse reculer les eaux, amenant les hommes de l’époque à s’adapter ou à se déplacer !
« Ce ne sont pas les historiens qui font l’Histoire mais ceux qui l’ont vécue » assure l’archéologue passionné Jean-Paul Le Bihan ! Serons-nous capables de l’écrire dans la continuité culturelle dont nous avons héritée ? Les inconvénients liés à cette quête patrimoniale comme les gels momentanés des terrains et le ralentissement de travaux sur lesquels ces antiquités ont été retrouvées, expliquent bien des réticences sans les justifier !
À qui devra-t-on une reconstitution, animée, futures saturnales, en toges et couronnes de laurier ? « La culture est ce qui reste à l’homme lorsqu’il a tout oublié »… Il serait bon de s’en souvenir !…
Claudine Dor
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Crédit photo : Musée breton finistère
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