Une des causes du dépérissement des zones rurales s’appelle grandes surfaces et centres commerciaux.
Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, est fort aimable lorsqu’elle parle de la Bretagne : « Les Bretons ont toujours su travailler ensemble, mutualiser leur vision, leurs ressources. Cela m’a toujours frappé ici : quelles que soient les étiquettes des gens, tout le monde travaille pour la Bretagne. Ce n’est pas le cas dans toute la France. » (Ouest-France). Elle est même capable de faire aux Bretons quelques cadeaux : participation de l’État à hauteur de 90 millions d’euros au financement du réseau public de fibre optique en Bretagne, transfert en pleine propriété à la Région du foncier de l’État nécessaire à l’extension de l’aéroport de Rennes-Saint-Jacques ou encore le transfert de moyens en faveur des écoles Diwan (Ouest-France, Bretagne, mardi 4 février 2020).
Affirmer que « nos campagnes sont des territoires d’avenir », c’est bien, mais ça reste dans le domaine de l’incantation même si un « agenda rural » de 181 mesures destinées à améliorer la vie quotidienne des habitants des territoires ruraux, qui voient disparaître les uns après les autres les services publics et les commerces de proximité, aspirés par les plus grandes agglomérations, a été adopté par le gouvernement. Pour Mme Gourault, « il s’agit de remettre des lieux de vie au cœur des villages », en facilitant l’obtention de la licence IV dans les villages, par exemple. « Il y avait jadis dans les campagnes des boutiques qui faisaient à la fois office de mercerie, de dépôt de pain et de bistrot. Aider les petits commerces entre dans cet esprit », ajoute-t-elle (Le Figaro, jeudi 20 février 2020). Fort bien, mais il est à craindre que le ministre ne passe à côté de l’essentiel. Car l’une des causes de la mort du monde rural s’appelle grandes surfaces et centres commerciaux. Mme Gourault semble aveugle sur ce point capital.
En effet, à quoi bon subventionner d’une manière ou d’une autre la réouverture de commerces dans les petites villes et les communes rurales si les centres Leclerc et Intermarché installés en périphérie continuent à aspirer l’activité commerciale. Un petit commerce a besoin d’un chiffre d’affaires minimum pour tenir et cela Mme Gourault a l’air de l’ignorer. L’« agenda rural » du ministre est donc plein de bonnes intentions mais totalement insuffisant pour redonner du souffle au monde rural. Mais vu le poids politique et financier énorme des sept groupes de distribution (Carrefour, Casino, Cora, Système U, Leclerc, Intermarché, Auchan), on voit mal Mme Gourault tenter de s’opposer à leur toute-puissance.
B. Morvan
Crédit photo : Arno Mikkor, Aron Urb/Flickr (cc)
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