Il est quelquefois préférable d’être un banquier « mutualiste » qu’un banquier « capitaliste ». Dans le cas du Crédit mutuel de Bretagne, ça rapporte davantage !
Des salaires royaux
Le conflit qui oppose Arkea – CMB à la Confédération nationale du Crédit mutuel présente au moins un avantage : petit à petit les sociétaires finissent par « s’instruire » quant aux salaires royaux que s’octroient les dirigeants d’Arkea – CMB. Des rémunérations qui n’ont rien de « mutualistes » mais plutôt dignes du CAC 40.
Évidemment, ce sont des questions qui ne sont jamais abordées lors des assemblées générales des caisses locales – d’autant plus que de plus en plus ces assemblées générales deviennent carrément bidon avec la pratique des « assemblées générales portes ouvertes » (sic). Ainsi on renforce l’opacité du système et on ne fournit aucune explication aux sociétaires du Crédit mutuel de Bretagne qui sont, pourtant, les propriétaires de la banque mutualiste.
Il ne faut pas compter davantage sur la curiosité des journalistes de la presse régionale (Ouest-France et Le Télégramme) pour creuser cette question et d’autres. C’est seulement lorsque l’actualité l’exige que ces deux quotidiens se réveillent – timidement. Seule la presse parisienne « ose » dévoiler les revenus de Jean-Pierre Denis, président d’Arkea – CMB, et de Ronan Le Moal, directeur général d’Arkea.
Les deux dirigeants du groupe Arkea – Crédit mutuel de Bretagne, Jean-Pierre Denis et Ronan Le Moal, ont vu, en 2010, leur rémunération augmenter respectivement de 51% et de 53% (Le Canard enchaîné, 5 octobre 2011).
Une rémunération multipliée par quatre
De 2009 à 2016, la rémunération de Jean-Pierre Denis est multipliée par quatre, pour atteindre 1,6 million d’euros en 2016. Un record pour un groupe bancaire régional, qui dépasse largement les 720 000 euros perçus par Nicolas Théry, le patron du groupe Crédit mutuel ou le 1,2 million d’euros attribués à François Pérol, à la tête de Banque populaire Caisse d’épargne (Le Monde, mardi 20 février 2018).
Le rapport annuel portant sur l’exercice 2016 nous apprend, à la page 60 du document, que le salaire de Jean-Pierre Denis (fixe et variable) a atteint 1 599 932 euros pour cette même année. « À titre de comparaison, si l’on se réfère au classement du magazine Challenges, il a donc gagné plus (en fixe et en variable) que le patron d’Arcelor Mittal Lakshmi Mittal (1,4 million), le PDG de Safran Philippe Petitcolin (1,3 million), le PDG de Legrand Gilles Schnepp (1,2 million) ou encore le PDG d’Orange Stéphane Richard (1,5 million) ». La même année, le directeur général Ronan Le Moal a vu ses rémunérations fixes et variables atteindre 1,3 millions d’euros. Alors que le président de la Confédération, Nicolas Théry, doit se contenter de 700 000 euros.
Mais Jean-Pierre Denis bénéficie d’autres revenus. Ainsi, pour le même exercice, il a empoché 104 842 euros en tant qu’administrateur de Kering et 31 406 euros en tant qu’administrateur de Nexity (D’après Mediapart, 2 mars 2018).
Mieux payé que le président de la Confédération nationale du Crédit mutuel
En 2017, Jean-Pierre Denis, président du Crédit mutuel Arkea et de la fédération du CMB a gagné 1 573 356 euros, dont 530 000 euros pour la part fixe. Alors que Nicolas Théry, président de la Confédération nationale du Crédit mutuel, voyait sa rémunération limitée à 749 260 euros, dont 725 510 pour la part fixe (Le Télégramme, mercredi 16 mai 2018).
Pour Jean-Pierre Denis, les rémunérations variables sont les suivantes : 150 000 euros en 2010 ; 165 000 euros en 2011 ; 199 091 euros en 2012 ; 156 758 euros en 2013 ; 442 700 euros en 2014 ; 300 182 euros en 2015 ; 1 060 000 euros en 2016 ; 1 033 425 euros en 2017 ; 1 060 000 euros en 2018. Au total M. Denis s’est donc servi la somme de 4 567 156 euros sur ces huit exercices.
Pour Ronan Le Moal, les rémunérations variables sont les suivantes : 118 877 euros en 2010 ; 130 000 euros en 2011 ; 160 817 euros en 2012 ; 125 408 en 2013 ; 389 586 en 2014 ; 240 160 en 2015 ; 850 000 euros en 2016 ; 828 415 euros en 2017 ; 850 000 euros en 2018. Au total Ronan Le Moal s’est donc servi sur ces huit exercices la somme de 3 693 265 euros (Médiapart, lundi 17 février 2020).
À ces rémunérations variables, il confient d’ajouter le fixe qui est de 530 000 euros par an pour Denis et de 725 510 euros/an pour Le Moal.
Bernard Morvan
Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine