Alors que la radio-télévision de Turquie vient de publier ce soir le chemin le plus court pour les migrants d’atteindre l’Europe – il est dirigé vers la Bulgarie, la Grèce et les Balkans, des incidents ont éclaté aux frontières entre la Turquie et l’UE. Plusieurs centaines de réfugiés ont été vus sur le côté turc de la frontière avec la Grèce et des bus organisés vers la frontière grecque directement depuis les camps de migrants ou la ville d’Istanbul.
L’attitude de la Turquie fait partie d’un concert de gesticulations après une frappe russe qui a fait entre 27 – version officielle – et 65 morts dans l’armée turque, ainsi que des dizaines de blessés. Engagée en soutien d’Al Quaida à Idlib, l’armée turque n’hésite pas depuis plusieurs jours à bombarder l’armée syrienne, voire à prendre pour cible des avions et des soldats russes qui soutiennent les syriens, en pleine offensive contre l’enclave rebelle.
Le groupe turc détruit était dans un poste de commandement au sud de l’enclave rebelle d’Idlib, à Beluyn, tout près de la pointe nord d’une offensive gouvernementale syrienne en cours destinée à dégager l’autoroute M4 (Alep – Lattaquié), en application des accords de Sotchi entre la Russie, l’Iran et la Turquie que cette dernière n’a jamais été en mesure de faire appliquer, même envers les groupes rebelles dont elle revendiquait le contrôle.
??#Syria #Idlib #Kafr_Nabl #Saraqib #بليون
The name of the place where the Turkish/#NuNusra convoy was bombed is generally either not reported or misreported. It seems to be the village of #Belyūn (بليون) west of #al_Bara and a good 35 miles from #Saraqib. pic.twitter.com/GY7FaEOIsb— John Delacour (@JohnDelacour) February 28, 2020
Après une nuit de réactions officielles turques très militaristes et très remontées contre la Syrie – jamais contre la Russie – le parlement turc ce matin a oublié ses promesses de la nuit de déclarer la guerre à la Syrie. Et Poutine a parlé à Erdogan au téléphone. Ce dernier s’est cependant trouvé une cible, les millions de migrants syriens, irakiens, afghans et autres en Turquie alimentant les tensions sociales – par une ouverture des vannes limitée vers l’UE. Quant à l’offensive du gouvernement syrien, elle se poursuit avec succès, l’armée syrienne ayant pris le contrôle des montagnes qui dominent la M4 au sud et des vertes plaines d’Al Ghab, aux confins des trois provinces de Lattaquié, Hama et Idlib.
L’OTAN de son côté a appelé à la « désescalade » et confirmé que l’alliance n’interviendra pas aux côtés de la Turquie, qui s’est ingérée dans les affaires syriennes – l’article 5 de la charte de l’OTAN ne s’applique pas aux ingérences hors du territoire des états de l’alliance. Les Etats-Unis ont, eux, refusé de mettre à disposition des systèmes de défense anti-aérienne Patriot immédiatement aux turcs, qui avaient acheté des S-400 russes pas encore déployés.
#Syria #Idlib #IdlibDawn phase 2 #SAA within 5 km to M4 highway https://t.co/Yie3R4ODwe
— infoslevant (@Infos_MENA) February 28, 2020
En réponse, l’UE adopte pour une fois un discours plutôt ferme et uni – cela change des atermoiements passés. Bruxelles a menacé de suspendre un programme de 6 milliards d’euros destiné à aider la Turquie à faire face à la gestion des 3.6 millions de migrants sur son sol – dont une grande partie souhaitent rester le plus près possible de la Syrie et du Liban pour y rentrer une fois les troubles achevés et la paix revenue.
La Grèce et la Bulgarie ont annoncé renforcer leurs patrouilles à la frontière, et plusieurs points de passage ont été fermés aux frontières. Le premier-ministre grec Kiriakos Mitsotakis a déclaré : « je veux être clair : l’entrée illégale en Grèce ne sera pas admise. Nous augmentons la sécurité à nos frontières. La Grèce n’est pas responsable des événements tragiques en Syrie et ne souffrira pas des décisions prises par d’autres ».
Dans la région d’Evros, près de 300 migrants se massaient du côté turc de la frontière. Plusieurs barques de migrants – afghans ceux là – ont aussi accosté à Lesbos, une île grecque dont la population est déjà vent debout contre les migrants déjà arrivés et n’en veut plus d’autres. De son côté la Bulgarie a envoyé 1000 soldats à ses frontières et a annoncé avoir déjà arrêté deux groupes de 30 migrants qui ont tenté de se frayer un passage par la force. Son gouvernement a aussi annoncé que des milliers de migrants se massaient du côté turc de la frontière, autour d’Edirne.
Louis Moulin
Crédit photo : DR
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Une réponse à “Invasion migratoire. Incidents aux frontières de la Bulgarie et de la Grèce”
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