Le virus de la tomate ToBRFV inquiète l’Anses qui redoute un risque de propagation et une menace économique pour les producteurs.
Virus de la tomate : un risque important
Après la confirmation d’un cas de ToBRFV, le virus de la tomate, dans deux serres d’une exploitation du Finistère le 17 février dernier, l’inquiétude monte chez les producteurs. Mais aussi au sein des autorités sanitaires. Lors d’un point presse effectué au Salon de l’Agriculture le 24 février, Roger Genet, le directeur général de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a fait part de ses craintes de la propagation du virus notamment via la vente de plants aux particuliers :
« La difficulté, c’est qu’aujourd’hui à peu près 50% des plants en France sont commercialisés vers le grand public, vers les jardins potagers et là, comme c’est un virus très résistant dans l’environnement, il peut passer d’un plant à l’autre par le fruit, par les feuilles, par les outils et donc contaminer de jardin en jardin ». En sachant que la tomate est le légume préféré des Français avec environ 14 kg consommés par an et par ménage, on peut alors prendre la mesure des risques encourus…
La menace du ToBRFV sur les producteurs français
Si le ToBRFV n’aurait pas d’impact sur l’homme selon l’Anses, une contagion rapide est en revanche à craindre dans les potagers, jusqu’à toucher les producteurs professionnels. L’agence considère ainsi que ces derniers sont potentiellement exposés à un grave risque économique.
De l’avis de Roger Genet, « on peut avoir une vraie situation épidémique difficile à réguler, et c’est évidemment très difficile d’aller décontaminer les jardins et les outils des gens, donc on est extrêmement vigilant sur ces introductions et, quand il y a un point d’infection, à remonter à la source pour pouvoir circonscrire ». Les jardiniers du dimanche sont donc prévenus. En sachant par ailleurs que ce virus de la tomate est susceptible d’infecter la totalité des plants sur un site de production. Dans ces conditions, les cultures sous serre et plus généralement toutes celles à haute densité en sont donc des cibles privilégiées.
Des mesures lentes, une menace présente
Pour l’heure, aucun autre cas de ToBRFV en dehors des deux serres de l’exploitation finistérienne n’a été signalé dans l’Hexagone. Il s’avère que les plants contaminés, issus de semences produites en Hollande, avaient transité par le Royaume-Uni. Et pour compliquer encore les choses, « rien ne dit pour autant que la semence a été produite aux Pays-Bas » selon Philippe Reignault, directeur de la santé des végétaux de l’Anses. Toutefois, des prélèvements ont été effectués dans trois autres exploitations s’étant approvisionnées avec le même type de plant de tomates.
De plus, de l’aveu même du directeur général de l’Anses, le risque d’acquérir des plants ou des semences contaminés n’est « potentiellement pas écarté » pour l’instant. Si les mesures d’urgence mises en place au niveau européen n’ont été prises qu’au mois de novembre dernier, des plants commercialisés auparavant n’ont donc pas subi les contrôles pratiqués depuis. Autre caractéristique inquiétante, la transmission du virus peut se faire par un simple contact physique entre une plante malade et une plante saine et le ToBRFV peut résister à l’air libre plusieurs semaines, et parfois plusieurs mois. Enfin, la Bretagne n’est pas la seule concernée puisque le virus de la tomate a déjà été signalé dans d’autres pays européens, notamment en Allemagne, Espagne, Royaume-Uni et Hollande.
AK
Crédit photo : Pixabay (Pixabay License/Tomekwalecki)
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