En Angleterre, les lieux culturels et les musées risquent de voir leur financement réduit s’ils ne mettent pas davantage en avant la « diversité » dans leur recrutement, notamment les handicapés et les individus d’origine extra-européenne.
Un chantage financier à la « diversité »
La politique diversitaire passe à une vitesse supérieure dans les musées, les bibliothèques et autres lieux culturels d’Angleterre. Dorénavant, les entités ne faisant pas assez de zèle en la matière pourraient se voir impacter au plan financier. Une menace de sanction qui prend des airs de chantage. Dans son rapport annuel sur la diversité, le Conseil des arts d’Angleterre « brosse un tableau décevant » de la situation selon les mots de Nicholas Serota, président de l’organisation.
Ce dernier a déclaré qu’il était temps de « faire pression pour un réel changement » au sein du secteur culturel anglais. Dont les acteurs doivent en déduire que les financements publics dont ils bénéficiaient jusqu’alors risquent bien d’être désormais conditionnés à l’atteinte d’objectifs ambitieux pour attirer une main-d’œuvre et des publics plus diversifiés. Un an auparavant, lors de la parution du précédent rapport, le même Nicholas Serota estimait alors que de nombreuses organisations « faisaient du surplace » sur ce chemin obligatoire de la diversité.
Le rapport en question indique que les organisations financées par le Conseil des arts d’Angleterre ont réalisé de bien trop maigres progrès quant à la mise en œuvre de la diversité au sein de leurs structures avec un rythme de changement trop lent.
Angleterre : un Grand Remplacement à marche forcée ?
Dans son rapport, le Conseil des arts d’Angleterre détaille que, sur l’ensemble des organisations et structures bénéficiant de financements, parmi lesquelles se trouvent des galeries, des théâtres, des orchestres, des compagnies de danse et des musées, 11 % des travailleurs sont d’origine noire ou d’autres minorités ethniques. Une proportion jugée insuffisante au regard des 16 % que représentent ces catégories au sein de la population anglaise en âge de travailler.
Le cas londonien est intéressant car, si les personnes d’origine extra-européenne représentent 15 % des employés du secteur culturel, une part se rapprochant donc fortement de la moyenne nationale, le Conseil des arts d’Angleterre considère que ce chiffre est insuffisant puisque la part des extra-européens est de 40 % de la population active totale de la capitale britannique. Avec un tel postulat, où va mener cette fuite en avant diversitaire dans une ville où la part des britanniques de souche est déjà inférieure à 50 % ?
Le directeur de la diversité du Conseil des arts d’Angleterre, Abid Hussain, a pour sa part averti que les organisations devraient commencer à fixer des objectifs de diversité « élargis » en accord avec le Conseil, et que si ceux-ci n’étaient pas atteints, elles pourraient perdre leur financement public.
Tout comme Nicholas Serota, il considère lui aussi que « le rythme du changement a été trop lent », ajoutant que « certaines communautés sont nettement sous-représentées ». En prévenant qu’« il y aura des implications et des répercussions » si les objectifs fixés (et devant être révélés au mois d’avril prochain) ne sont pas atteints par les acteurs du secteur culturel anglais.
Enfin, il n’est pas dit que le Brexit vienne changer la donne dans cette Angleterre où la promotion de la « diversité » va devenir une condition de survie économique pour les organisations culturelles. Avant de frapper d’autres secteurs ?
AK
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