L’art de l’enluminure est trop souvent considéré comme définitivement perdu. Son temps de gloire serait le Moyen Age, jusqu’à la diffusion de l’imprimerie. C’est un peu court, l’enluminure a perduré, plus confinée, plus rare et plus chère encore, jusqu’à nous.
Mise en œuvre dans les monastère, l’enluminure ornait les textes sacrés, les livres pieux. Des scènes figurées, des compositions décoratives, des lettrines faisaient de ces livres des objets précieux réservés à une très mince élite. Il existait aussi une production profane, tel le très connu et très beau Livre de chasse de Gaston Phébus (1387).
Un grand nombre de ces manuscrits se retrouve aujourd’hui dans des collections privées, inaccessibles ou dans des musées. Leur présentation au public est très limitée, fragmentaire car les supports sont très fragiles et interdisent toute exposition prolongée, toute manipulation.
Les enluminures sont l’objet de transactions rares, atteignant des prix élevés. En janvier 2020, la BnF a préempté pour 36 600 euros un Livre d’heures à l’usage de Paris, de 1502.
De quoi horrifier les adeptes du vegan…
Les techniques de l’enluminure ont de quoi horrifier les adeptes du vegan ou les 100% bio. Le support obligatoire est du vélin, de la peau d’animaux mort-nés, veau, agneau, chevreau… Les encres sont du minium, de l’oxyde de cobalt, du sulfure de mercure, du lapis lazuli, de l’or… Les couleurs font plutôt dans le végétal, safran, curcuma, garance, ibiscus mais elles sont travaillées à la graisse animale.
La minutie du travail, sa lenteur, son manque absolu de rentabilité convenaient parfaitement à la vie monastique. Avec l’économie marchande, on pensa aux femmes qui coûtent moins cher et, de toute façon, incapables de s’exprimer en grand format…
L’enluminure est aujourd’hui inscrite à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France. Hors d’Europe, l’enluminure a brillé dans les aires persane et moghole.
A Angers, un Institut supérieur de l’enluminure et du manuscrit (ISEEM), privé, dispense un enseignement au demeurant bien coûteux.
En Bretagne, à La Gacilly, Héloïse Audry conduit un atelier réputé qui, outre sa production, initie les amateurs…
A Vertou, France Conquer a créé son atelier et elle aussi initie des stagiaires. Pour avoir vu et admiré son travail, je ne peux qu’inviter les lectrices, lecteurs de Breizh Info à s’inscrire à son prochain stage, à Nantes, les 6 et 7 mars. Il tournera autour d’Anne de Bretagne.
Jean Heurtin
* France Conquer.
Crédit photos : DR
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