Suite à la diffusion d’images privées impliquant Benjamin Griveaux et de sa décision de retirer sa candidature à la mairie de Paris, beaucoup s’interrogent sur l‘influence des réseaux sociaux sur la démocratie, en France et à l’étranger. Irena Descubes, professeur assistant au département Marketing de Rennes School of Business, nous adresse une tribune à ce sujet, que nous reproduisons ci-dessous.
L’histoire de la société démocratique est façonnée par les informations partiellement ou complètement modifiées depuis l’Antiquité. Le mensonge, les tromperies et les escroqueries sont à la base de beaucoup de légendes de la mythologie grecque. Il y a 150 ans, le philosophe anglais John Stewart Mill s’est posé la question de la liberté d’expression dans son essai homonyme.
Il y affirme que la vraie liberté humaine requiert celle de conscience au sens large, à savoir la liberté de pensée et de sentiment, la liberté d’opinion absolue et la possibilité d’exprimer sa propre opinion, y compris pervertie et fausse. Selon lui, il n’appartient pas à l’Etat d’empêcher la publication d’une telle opinion. Que dirait-il aujourd’hui où les informations fausses pullulent sur les réseaux sociaux ?
Une régulation partielle des contenus
Selon Mark Zuckerberg qui s’est récemment exprimé à la Conférence sur la Sécurité tenue à Munich, Facebook efface tous les jours plus d’un million de faux comptes et a déjoué une cinquantaine de campagnes de désinformation coordonnées, émanant par exemple de la Russie, d’Ukraine ou d’Iran. Facebook dépense l’équivalent de son CA de 2012 en surveillance des contenus publié sur son réseau et emploie 35 000 personnes en charge de la sécurité. D’ailleurs, si Zuckerberg et Mill pouvaient se rencontrer, ils seraient en désaccord par rapport au rôle de l’Etat car le premier plaide pour une régulation partielle des contenus autorisés sur les réseaux sociaux par les Etats…
Une stratégie payante
Mais ce que Mark Zuckerberg ne dit pas est que lorsque les gens lisent les messages contenant des fake news, ils sont souvent en colère ou effrayés, ils interagissent davantage et passent plus de temps sur le réseau qui leur soumet davantage de messages publicitaires. Et la publicité signifie de l’argent. Cette tendance risque de s’accentuer avec le déploiement massif des contenus générés par l’utilisateur et les algorithmes des réseaux sociaux qui propulsent les informations populaires au sommet… parmi lesquelles beaucoup de fake news…
Irena Descubes, professeur assistant au département Marketing de Rennes School of Business
Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine