En Bretagne, le délai moyen pour obtenir un rendez-vous chez le Dermatologue est supérieur à 100 jours dans les Côtes d’Armor, en Ille et Vilaine ou dans le Finistère. Inférieur à 30 jours en Loire-Atlantique et dans le Morbihan, signe déjà, qu’entre les départements, des inégalités profondes existent.
Le site Guide Santé, qui avait déjà tirer la sonnette d’alarme à propos du manque de dentiste, poursuit son travail d’information sur les déserts médicaux, en s’intéressant cette fois-ci aux dermatologues. Nous vous invitons à consulter la carte, pour vous rendre compte du désert qui existe en Bretagne à ce sujet. Un désert inquiétant, et qui oblige notamment les habitants de la ruralité à non seulement attendre, mais aussi à parcourir des centaines de kilomètres parfois pour un rendez-vous en dermatologie, quand ils ne sont tout simplement pas refusés car n’étant pas du canton ou de la ville d’appartenance du Dermatologue.
Voici pourtant des solutions à court et à moyen termes pour pallier aux inégalités territoriales d’accès aux soins en dermatologie proposées par la Société Française de Dermatologie mais aussi par les animateurs de ce site.
Comprendre les causes de la pénurie avant d’aborder les solutions possibles
En France, il faut compter en moyenne 95 jours avant d’obtenir un rendez-vous en dermatologie. De plus, de profondes disparités géographiques existent, entraînant de fait une inégalité d’accès aux soins, selon que le patient vit dans une métropole ou dans une zone rurale. Certains patients doivent parcourir de nombreux kilomètres pour consulter un dermatologue. Cela s’explique pour trois raisons principales : l’augmentation de la demande de la part des patients, la chronicisation de la maladie cutanée et la mauvaise répartition des médecins sur le territoire.
« Aujourd’hui, nous faisons face à une situation inquiétante dans le domaine de la dermatologie en France » déclare le Docteur Jean-Pascal Del Bano, fondateur du Guide Santé. « On constate d’un côté une concentration de dermatologues dans les métropoles et de l’autre de véritables déserts médicaux, comme par exemple dans la Creuse ou le Jura. Pourtant, s’il était bien réparti, le nombre de dermatologues pourrait suffire pour soigner les patients dans des délais raisonnables. Heureusement, des solutions existent et il est important que patients et médecins travaillent ensemble pour pallier à cette mauvaise répartition de dermatologues sur le territoire français »
Des solutions possibles pour désengorger les salles d’attente
Sur le court terme, il est possible d’agir au niveau des patients en jouant sur trois leviers : l’information, la formation et l’orientation. Il est nécessaire de mieux informer les patients sur les maladies de peau et leurs dangers. Ainsi savoir repérer un mélanome avec la règle ABCDE ou procéder à un auto-examen de la peau sont deux solutions qui permettraient de désengorger les salles d’attente. Des modules d’éducation thérapeutique en établissement hospitalier pourraient être mis en place pour “former” les patients et leur permettre de devenir “acteurs de leur maladie”. Enfin, la réorientation est le levier important le plus important. Les patients doivent réintégrer le parcours de soins, en consultant d’abord leur médecin généraliste, capable de traiter 80% des maladies de peau, avant de consulter directement un dermatologue.
A moyen terme, les pouvoirs publics et les professionnels de santé sont les seuls à pouvoir agir pour faire face à la perte régulière des effectifs de dermatologues ou à la mauvaise répartition territoriale des médecins. Il s’agirait d’abord de renforcer la formation des médecins généralistes établis mais aussi des futurs médecins inscrits en diplôme d’étude supérieur de médecine générale. L’objectif est qu’ils puissent acquérir un niveau de compétence dans le cadre d’un premier niveau de diagnostic et de prise en charge des maladies cutanées les plus courantes.
Un deuxième levier d’action sur le moyen terme concerne le numérique. La dermatologie est une spécialité particulièrement adaptée à la télémédecine car les lésions cutanées sont immédiatement accessibles à l’examen visuel.
Développer téléexpertise ou téléconsultation permettraient de gagner un temps précieux. Enfin, définir une meilleure géographie médicale mieux adaptée aux besoins réels de la population est le levier le plus important à mettre en place. Il faut réorganiser la disponibilité territoriale des dermatologues en développant par exemple des consultations avancées en dermatologie en coopération avec des centres de santé.
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