En Italie, les déclarations de Matteo Salvini sur l’avortement des étrangères ont fait des vagues. Mais ces pratiques se font à la charge du système de santé italien.
Matteo Salvini et les avortements d’étrangères
Le leader de la Ligue a fait parlé de lui le 16 février. Lors d’une réunion publique se déroulant à Rome pour lancer la campagne de sa formation politique avant les élections municipales de l’année prochaine, Matteo Salvini a abordé l’épineux sujet de l’IVG (interruption volontaire de grossesse). Une pratique légale jusqu’au troisième mois depuis 1978 en Italie. Une fois ce délai dépassé, l’IVG est toujours envisageable pour un certain nombre de raisons thérapeutiques. Toutefois, près de 70 % des gynécologues, se référant au principe de l’« objection de conscience », s’opposent à pratiquer l’avortement.
Pour Matteo Salvini, c’est l’utilisation des services médicaux italiens par des femmes étrangères qui pose problème : « Nous avons eu des signalements [NDLR : par des infirmières] selon lesquels certaines femmes, qui ne sont ni de Rome ni de Milan, se sont présentées pour la sixième fois aux urgences de Milan pour une interruption de grossesse », a-t-il déclaré. Puis d’ajouter : « Ce n’est pas mon travail, ni celui de l’État de donner des leçons de morale ou d’éthique à qui que ce soit, il est juste que la femme choisisse pour elle-même et pour sa vie. Mais on ne peut pas considérer les urgences comme la solution à un mode de vie non civilisé en 2020 ».
Una domenica pomeriggio di ascolto, proposte, idee per tornare a fare splendere Roma dopo anni di malgoverno.
Avanti così! ?? pic.twitter.com/fTawKb4L97— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) February 16, 2020
Des IVG aux frais des Italiens
Pour l’ancien ministre de l’Intérieur italien, se pose aussi la question des coûts engendrés par ces pratiques. Dans cette optique, il suggère de limiter le nombre d’IVG prises en charge financièrement par l’État : « Certains ont pris les urgences pour un distributeur automatique de soins sans payer un centime. Il est temps de dire stop aux milliers de citoyens non italiens qui campent aux urgences. La troisième fois que vous vous présentez, vous payez. » Le ton est donné…
Du côté du monde médical, les propos de Matteo Salvini ont fait réagir. Selon Pina Onotri, secrétaire générale du Syndicat des médecins italiens SMI, « l’avortement ne se pratique pas en Italie dans les services d’urgences, cela semble étrange, voire impossible, à moins que ne survienne une pathologie, un avortement spontané, ce qui est rare ».
Outre ses critiques envers les avortements de femmes étrangères, Matteo Salvini n’a pas non plus ménagé le gouvernement italien actuel sur d’autres points. Notamment sur le plan économique où il a suggéré de baisser les impôts pour lutter contre l’évasion fiscale. Il a aussi tirer quelques flèches contre la municipalité de Rome et certaines de ses priorités : « Allons contrôler les camps de roms, pas les bars et les restaurants, où j’ai vu la police mesurer des chaises et des tables sur les terrasses ». Sans oublier de fustiger les déchets qui jonchent la ville un peu partout. Du Salvini dans le texte ! Reste à savoir si le style fera toujours recette lors des prochains scrutins.
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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