Fin janvier dernier, Nicolas Dupont-Aignan a fait une visite éclair en Loire-Atlantique pour rencontrer les militants de Debout la France ; nous étions le seul média à nous y intéresser. Une réunion publique, ouverte aux seuls adhérents, a rassemblé par la suite à la salle des Floralies, quai Henri Barbusse, quelques dizaines de militants. Auparavant, nous avons interviewé le leader de Debout la France.
Breizh Info : Nicolas Dupont-Aignan, quel est l’objectif de votre venue en Loire-Atlantique ?
Nicolas Dupont-Aignan : Je viens soutenir nos militants, défendre nos idées, nos valeurs. Nous avons trois candidats, Jean-Claude Lhommeau sur Sautron, Gaël Bourdeau à Piriac et Armelle Guenolé à Machecoul [les deux derniers sur une liste portée par d’autres, NDLR]. Nous voulons aussi mobiliser pour ne pas laisser le pays dans les mains de Macron.
Breizh Info : Vous avez proposé une primaire des électeurs patriotes, qui ne semble guère avoir été bien accueillie par le RN ?
Nicolas Dupont-Aignan : Nous voulons que les électeurs patriotes puissent choisir leur candidat. Si on réédite 2017 et qu’on laisse Macron choisir son meilleur candidat au sein des patriotes, ça peut être gênant pour notre camp. Je suis aussi là pour demander au RN de jouer à une règle du jeu très simple : départageons le meilleur candidat afin de déterminer la personne qui a le plus de chances de gagner face à Macron.
Breizh Info : Que pensez-vous de Marion Maréchal Le Pen ?
Nicolas Dupont-Aignan : Elle peut participer aussi. Je veux qu’un patriote gagne. Il faut qu’il s’appuie sur des électeurs, ait un programme sérieux, capable de gagner. Je suis pour qu’on prépare une alternative crédible avec un candidat qui puisse gagner.
Breizh Info : Et de Vincent Vauclin ?
Nicolas Dupont-Aignan : C’est très bien, je ne suis pas là pour critiquer. La règle du jeu est la même pour tous : avoir un candidat sérieux pour battre Macron sur un programme sérieux.
Breizh Info : Allez-vous soutenir le RN aux municipales ?
Nicolas Dupont-Aignan : Aux municipales, il n’y a pas de couleur politique pour la plupart des candidats, ce sont des intérêts locaux, le patriotisme français n’est pas mis en cause en gérant les trottoirs. Quand il y a quelqu’un de valeur, on le soutient. Quand on ne le connaît pas, on ne s’engage pas. Arrêtons de politiser toutes les élections locales !
Breizh Info : Que pensez-vous de la réforme des retraites ?
Nicolas Dupont-Aignan : Nous la combattons. On peut discuter et débattre de la meilleure réforme des retraites, mais c’est justement le genre de question à traiter tranquillement au cours d’une primaire de droite au lieu de s’écharper dessus pendant la campagne présidentielle. Ainsi on pourra gagner en 2022.
Breizh Info : Dans votre commune, vous faites face à une candidature du système contre vous, puisque c’est Fabienne Gabbanelli, la sœur de Guillaume Meurice, humoriste autorisé de France Inter – et coautrice de ses sketches – qui se présente contre vous. Qu’en pensez-vous ?
Nicolas Dupont-Aignan : C’est la propagande à l’œuvre, mais je sais y résister. En 2017, au plus fort de la tempête contre moi, j’ai été réélu [52% au second tour] ; Mme Gabanelli est une activiste et une fausse écologiste.
Breizh Info : Vous recevez un activiste anti-éolien, M. Montagne, au moment où justement les projets éoliens se multiplient dans le département – et ailleurs. Quel message voulez-vous faire passer ?
Nicolas Dupont-Aignan : C’est un combat très symbolique : la défense de la pensée rationnelle, la défense contre les dangers pour la santé que fait peser l’éolien, la défense des paysages… c’est une tâche essentielle pour l’avenir. Dans le département, 187 mâts sont en attente de construction, c’est le double du niveau actuel. Ils sont aussi 213 en Vendée, 85 en Anjou, 39 en Mayenne, 81 – soit 7 fois plus que l’existant – en Sarthe. C’est un désastre environnemental et sanitaire sans précédent.
Breizh Info : À propos d’écologie, des listes écologiques se présentent à Nantes, avec des programmes parfois assez radicaux comme celui de Julie Laernoës, qui souhaite aussi l’accueil inconditionnel des migrants et la fin de la vidéo-protection. Qu’en pensez-vous ?
Nicolas Dupont-Aignan : Ce n’est pas de l’écologie. C’est une gesticulation folklorique pour tromper les habitants. L’écologie, la vraie, va avec la dignité animale, la santé de l’homme, la protection de l’environnement.
Breizh Info : Certains candidats se sont positionnés aux municipales contre la 5G, qu’en pensez-vous ?
Nicolas Dupont-Aignan : La vraie écologie, ce n’est pas de déployer la 5G. Il faut rendre prioritaire le principe de précaution en santé publique, et refuser le fait que la France devienne une colonie chinoise [Huawei pèse 30 % du marché mondial des installations professionnelles, et est le seul dont la technologie est suffisamment au point pour être déployée en masse], la Suisse elle a fait un moratoire sur la 5G [en fait non : le canton de Genève l’a fait, Jura et Vaud l’ont fait avant d’être rappelés à l’ordre par la confédération, qui a donné des licences aux opérateurs mais pas encore sorti les directives techniques permettant l’utilisation de la 5G ; le canton de Neuchâtel vient de demander un moratoire fédéral – NDLR].
Breizh Info : Et que pensez-vous de Greta Thurnberg ?
Nicolas Dupont-Aignan : C’est le suicide européen. L’écologie a pour objet de défendre l’humanité, avec une approche rationnelle : entre la peur millénariste et le fait de céder à tous les lobbies, il y a un juste milieu.
Breizh Info : L’insécurité s’affirme comme un des grands enjeux des municipales, qu’en pensez-vous ?
Nicolas Dupont-Aignan : On m’en parle régulièrement. C’est la conséquence, à Nantes notamment, du laxisme permanent de l’idéologie d’extrême gauche qui a irrigué la vie politique depuis des années. Dans l’ensemble du pays, nous assistons à un mélange entre l’insécurité réelle et l’attitude des magistrats qui donne lieu à un désastre sécuritaire, tandis que le gouvernement préfère s’attaquer aux Gilets jaunes.
Breizh Info : Dernière question, quel bilan dressez-vous de Macron ?
Nicolas Dupont-Aignan : Un désastre, notamment en matière d’immigration, de sécurité, d’écologie. Les Français le savent, mais il les enferme dans des alternatives qui n’en sont pas : choisir entre Marine Le Pen et Macron, c’est un de ces choix qui aboutiront à sa réélection.
Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe
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