La population de Guérande atteignait 17 000 habitants en 2019 contre 6 500 en 1968, une des plus fortes progressions de Loire-Atlantique. Sur le plan politique, la ville est restée « à droite » depuis toujours, épousant toutes les étiquettes de la Vème république, UDR, RPR, UMP, et enfin LR. En 2014, le filloniste Christophe Priou député maire de Guérande ne se représentait pas et laissait la place à Stéphanie Phan Thanh, divers droite et proche des Républicains, mais celle-ci abandonnait son siège pour « indisponibilité » en 2014 et se voyait remplacée par Nicolas Criaud (LR).
Un maire aux étiquettes variables et qui n’en affiche plus !
Début juin 2019, quelques jours seulement après le résultat des élections européennes qui avaient vu l’effondrement historique des Républicains, Nicolas Criaud signait, à l’initiative de Christophe Béchu, maire LR d’Angers, et avec 71 autres maires de sa famille politique dont celui de La Baule, un appel à soutenir sans faille Emmanuel Macron : « Nous voulons le succès du Président de la république et de son gouvernement ».
Le maire sortant se représente
Nicolas Criaud se représente cette année à la tête d’une liste Ensemble Guérande avance où il a éliminé 70 % des élus sortants ce qui provoque beaucoup d’amertume et de déception chez les exclus qui se répandent en propos peu amènes sur le maire. Sa liste ne s’affiche pas ouvertement macroniste et il déclare : « 80 % de l’équipe n’a pas d’appartenance à un parti politique. C’est une liste libre, de large rassemblement citoyen (…) ne tenant pas compte des étiquettes politiques ». C’est peut-être vite dit quand on y remarque la présence du Nantais Xavier Fournier qui en est la véritable cheville ouvrière. Celui-ci, conseiller municipal et métropolitain de Nantes, élu sur la liste de Laurence Garnier, était candidat sur la liste LREM aux élections européennes, responsable d’Agir « la droite constructive ». Il travaille à Paris comme secrétaire général du groupe des « indépendants » au Sénat. Criaud et Fournier n’hésitent pas à se faire photographier en compagnie du sarkozyste Franck Louvrier, tête de liste des Républicains à La Baule et patron départemental de son parti. Comprenne qui pourra…
Les Verts en embuscade
Criaud se verra opposer une routière de la politique guérandaise, Mme Dominique Bailchache, élue conseillère municipale en 1995 puis adjointe à la culture jusqu’en 2014 où elle présentait sa propre liste qui obtenait 17 % des suffrages mais ne se maintenait pas au second tour. À 72, ans elle repart au combat électoral à la tête de la liste Guérande, un avenir en Presqu’ile, liste apolitique et sans étiquette même si elle admet avoir sollicité l’investiture de La République en Marche !
Le maire de Guérande se verra aussi opposer deux autres listes dont celle des écologistes : « Vivons Guérande écologiste et solidaire » menée par le conseiller sortant François Pageau. Il ne faut pas la mésestimer compte tenu du changement sociologique de la population guérandaise. Elle avait déjà obtenu 3 sièges en 2014 et arrivait en seconde position avec 18,6 % aux européennes de mai 2019.
Charles de Kersabiec : rassembler, mais sans étiquette
En octobre dernier on annonçait la candidature d’une autre liste, Un nouveau souffle pour Guérande, sans étiquette politique elle aussi, menée par Bruno Chelet. Victime d’un accident de santé, celui-ci devait se retirer, l’équipe constituée continuant le combat électoral derrière le général Charles de Kersabiec.
Breizh Info a rencontré le nouveau postulant à la mairie qui mène depuis décembre une campagne très active.
Charles de Kersabiec est général (2s) trois étoiles dans les troupes de marine. 40 ans dans l’armée, il a occupé diverses fonctions opérationnelles et managériales ainsi que des responsabilités dans les ressources humaines, la communication ou la diplomatie. Il a terminé sa carrière comme commandant des troupes françaises au Gabon.
« Échaudé par la valse des étiquettes des politiques guérandais », il insiste d’abord sur l’absence d’étiquette de la liste qu’il conduit. Il refuse d’aborder des sujets de politique nationale comme « la réforme des retraites ou la PMA qui sont sans lien avec la politique locale ». Il préfère afficher des valeurs telles que le sens du bien public, la confiance en l’homme et le sens de l’équipe, l’attention portée aux plus faibles et aux plus fragiles et déclare : « Je suis ainsi particulièrement attaché à la notion de transmission et c’est avec ce regard que j’aborde les enjeux éducatifs, culturels, et de développement durable, numérique ou économique ».
Charles de Kersabiec ne fait aucune confiance au maire sortant pour offrir aux Guérandais le rayonnement et les services qu’ils sont en droit d’attendre dans une ville de 17 000 habitants, en particulier sur les plans culturel et sportif.
Celle-ci est chroniquement endettée, ce qui amène à repousser des dépenses incompressibles comme la construction d’une nouvelle école. Les infrastructures sont en mauvais état (voirie), leur fonctionnement et entretien devront faire l’état d’un audit par un cabinet extérieur. Les services municipaux devront être réaménagés pour les rendre plus performants, ce qui amène le candidat à dénoncer « des promotions et recrutements non justifiés ».
Charles de Kersabiec souhaite que le nouvel exécutif de Cap Atlantique, la communauté d’agglomération regroupant 15 communes, « reconnaisse la centralité de Guérande ».
Il insiste aussi sur la politique culturelle et le patrimoine historique qui doit être valorisé comme l’extérieur des remparts, la chapelle Saint-Michel…. Il dénonce le « fiasco » du dossier de l’aménagement des bâtiments du petit séminaire, « bébé refilé à Cap Atlantique par un tour de passe passe » ». Le tourisme, « poule aux œufs d’or », doit être maîtrisé, il faut lui donner un nouveau souffle qui ne soit pas au détriment des Guérandais. Si Charles de Kersabiec rejette la notion de « frontière culturelle », il entend néanmoins promouvoir la culture et l’identité bretonne de Guérande.
En conclusion, la liste du Nouveau souffle pour Guérande promet de rééquilibrer et dynamiser la gestion communale, la relation entre le centre-ville et les villages : La Madeleine, Clis, Saillé…, la gouvernance de l’intercommunalité et la vie démocratique.
Quel sera le choix des Guérandais entre trois listes se voulant apolitiques ou sans étiquette ? Réponse les 15 et 22 mars prochains.
FC
Crédit photos : DR
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