Ce jeudi 13 février, des centaines d’agriculteurs de la Marne sont allés apporter leur soutien à Jean-Louis Leroux, devant le tribunal de Reims. Ce dernier a été mis en examen pour tentative d’homicide volontaire après avoir tiré sur des individus qui cambriolaient sa ferme pour la énième fois.
Tous demandaient la libération du pauvre homme, abandonné par l’Etat (40 à 50 cambriolages rien que sur sa ferme), par les autorités chargées de le protéger lui, sa famille et son entreprise, et qui se retrouve aujourd’hui en prison (et menacé par la communauté à laquelle appartenaient les cambrioleurs), pour avoir défendu son droit à la propriété, à la libre entreprise, et à la sécurité. Au terme de l’audience du jeudi 13 février, le tribunal a décidé d’accepter la demande de libération de l’agriculteur, et de le placer sous contrôle judiciaire en attendant le procès. D’autres conditions à sa remise en liberté sont imposées : il ne doit pas paraître dans le département de la Marne, il ne doit pas sortir de France, il ne doit pas rentrer en contact avec la victime et les mis en cause et ne pas détenir d’arme.
Depuis des mois, cet agriculteur dénonçait et portait plainte contre les vols de carburants sur son exploitation sur laquelle il a installé des systèmes de détection. Selon lui, il a déposé 4 plaintes depuis le début de l’année et se serait fait voler au total 7.000 litres de carburant. Son avocat affirme enfin qu’il n’y avait pas intention de donner la mort car il a appelé au préalable les gendarmes.
Dans la région, les agriculteurs sont particulièrement visés témoigne Hervé Lapie de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) de la Marne: « Nous sommes confrontés à des siphonnages de carburant dans les tracteurs et les voitures. Il y a aussi des vols de tracteurs, et d’autres vols constamment dans les exploitations agricoles. Ce n’est plus tenable et c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. La FDSEA est très impliqué dans le soutien de la famille de Jean-Louis », ajoute Hervé Lapie « Au niveau de la commune il y a eu de nombreux vols. En un mois, il y a environ 8 à 10 maisons qui ont été visitées. Tout le monde est excédé et prêt à prendre la carabine. Ça fait peur », raconte le maire d’Ambrières qui craint que d’autres n’en viennent à la même extrémité. »
Cette affaire, dont aucun politique ne s’est emparé jusqu’à présent laissant cet agriculteur uniquement défendu par les principaux syndicats agricoles, est loin d’être cantonnée à la Marne. En Bretagne, des agriculteurs ont également fait part de leur soutien à Jean-Louis Leroux. « Si j’avais été éleveur dans la Marne, j’aurai peut être fait pareil. On n’en peut plus » nous écrit Eddy, éleveur de vaches laitières dans le Morbihan, victime lui aussi de cambriolages. « Si la gendarmerie et la Justice ne font pas leur boulot, que voulez vous qu’on fasse ? Qu’on se laisse saigner ? Pas question ».
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Ce dernier nous explique avoir été victime d’une série d’incendies et de cambriolages qui ont touché, ces dernières années, son village. A chaque fois, les Gendarmes constatent les dégâts, prennent les plaintes, ça s’arrête là. Parfois, les enquêtes aboutissent, comme à Callac récemment, où un pyromane a été interpellé puis placé en détention provisoire. Néanmoins, globalement, ces méfaits laissent des traumatismes chez les victimes.
« Ma femme a fait une dépression suite aux cambriolages dont nous avons été victimes » nous confie Eddy. « Comment voulez vous vivre quand la nuit, vous vous réveillez parce que vous avez entendu du bruit, parce que vous êtes constamment sur vos gardes ? » . Les dégâts moraux s’additionnent aux dégâts économiques. « Les assurances n’ont aucune pitié. Elles remboursent, mais elles ne veulent plus de vous ensuite, ou augmentent les tarifs. C’est la double peine ».
A chaque fois, les témoignages recueillis sont unanimes. Tous soutiennent Jean-Louis Leroux. « Ces cambrioleurs savent très bien que nous sommes nombreux à être armés dans les campagnes. Ils pillent à leurs risques et périls et parce qu’ils savent que la Justice ne les inquiètera pas ou peu. Ils ont joué, ils ont perdu. En attendant, la victime, c’est Jean-Louis Leroux, lui n’avait rien demandé, si ce n’est bosser, et faire vivre sa famille » conclut Eddy.
YV
Illustration : DR
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