La dirigeante du DUP, le principal parti unioniste d’Irlande du Nord, Arlene Foster, a rejeté la proposition de Mary Lou McDonald, présidente d’un Sinn Féin triomphant aux législatives en Irlande, d’organiser un scrutin sur la réunification de l’Irlande.
Irrespective of the view in Dublin or Brussels, a border poll can only be called by SoS if it appears likely to secure a majority in Northern Ireland.
No such circumstances exist in Northern Ireland.
➡️ 2001 GE 42% for United Ireland
⬇️ 2019 GE 38% for United Ireland
— Arlene Foster (@DUPleader) February 11, 2020
En position de force au Parlement irlandais, le Sinn Fein a remporté 37 sièges sur les 160 que compte le Dail, devenant ainsi le deuxième plus grand parti et prétendant à entrer au gouvernement. Le parti a également remporté le plus grand nombre de votes de première intention ; si le parti avait présenté plus de candidats, il aurait pu obtenir 11 sièges supplémentaires, ce qui en aurait fait le plus grand parti au Parlement irlandais.
Mary Lou McDonald a maintenant averti que le Royaume-Uni doit commencer à se préparer à une Irlande unie, tout en déclarant que le prochain Premier ministre devrait faire pression pour l’organisation d’un référendum en ce sens. Elle a également appelé l’UE à soutenir l’unification de l’Irlande. « C’est un point clé de l’accord du Vendredi saint : la présence de l’État britannique en Irlande est uniquement basée sur le consentement », a-t-elle ajouté. « Ce consentement ne peut être testé que lors d’un référendum sur l’unité et nous allons avoir un référendum sur l’unité, et je veux que nous le fassions de manière ordonnée, réfléchie, démocratique et absolument pacifique. Celui qui sera le Taoiseach (Premier ministre) lorsque tout cela se jouera devra le faire savoir très clairement à Boris Johnson. »
Mme McDonald a appelé l’UE à jouer son rôle, en déclarant que l’Union devait « prendre position à l’égard de l’Irlande de la même manière qu’il a soutenu la réunification de l’Allemagne ». Dans le cadre du Brexit, les dirigeants européens ont déjà déclaré que l’Irlande du Nord deviendrait automatiquement membre de l’UE après la réunification.
Un appel rejeté par Arlene Foster, leader du DUP, qui indique de son côté que le soutien à une Irlande unie avait diminué au cours des deux dernières décennies. Elle a souligné que le vote combiné pour le Sinn Féin et le SDLP est passé de 42 % aux élections générales de 2001 à 38 % aux élections générales de 2019.
« Indépendamment du point de vue de Dublin ou de Bruxelles, un scrutin frontalier ne peut être organisé que si le secrétaire d’État (britannique) chargé de l’Irlande du Nord estime que ce scrutin est susceptible d’obtenir une majorité en Irlande du Nord. De telles circonstances n’existent pas en Irlande du Nord » a-t-elle twitté.
D’autres responsables des unionistes ont également été très incisifs à ce sujet, comme Sammy Wilson : « Ils sont un pays étranger, ce qu’ils disent d’un référendum britannique est sans importance. Toute demande de la République d’Irlande serait considérée comme une ingérence inacceptable, et ce ne sont pas quelques cris qui vont faire changer cela. Boris Johnson a été très clair sur le fait qu’il ne donnera pas de référendum à l’Écosse, alors pourquoi en donner un à l’Irlande du Nord alors que cela ne ferait qu’inviter les Écossais à faire pression ? »
Après le Brexit, cette victoire du Sinn Féin contribue à accélérer le processus historique en cours en Irlande. La démographie ne jouant par ailleurs pas en faveur des protestants et des unionistes, il se pourrait qu’il y ait, dans les décennies à venir, de nombreux chamboulements en Irlande. Au détriment de la paix ? La balle est désormais dans le camp des décideurs politiques qui connaissent les conséquences d’une guerre civile qui a déjà traumatisé de nombreuses générations et fait des milliers de victimes…
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