Les élections en Irlande, outre la victoire du Sinn Féin, apportent d’autres enseignements intéressants, et notamment l’échec cuisant de deux partis qui avaient fait campagne essentiellement contre l’immigration, mais aussi contre l’Union européenne.
Le Parti de la liberté irlandaise et le Parti national (The Irish Freedom Party and the National Party) s’étaient engagés à restreindre l’immigration en cas de victoire, mais n’ont pas réussi à obtenir de sièges et ne devraient pouvoir bénéficier d’aucun financement de l’État, ayant réalisé moins de 1 % (le financement étant ouvert à 2 % des votes de première préférence lors d’une élection générale).
Le succès des mouvements anti-immigration à travers l’Europe et les récentes protestations contre l’accueil de migrants dans certains villes d’Irlande avaient incité une trentaine de candidats de plusieurs groupes à se présenter sur un programme résolument anti-immigration. Ces candidats se décrivaient comme des patriotes irlandais, et il semblerait qu’en raison de divergences d’appareils et d’étiquettes, ils se soient neutralisés à l’occasion de ces élections.
Sans exception, ils ont été lourdement battus, aucun candidat n’ayant même réussi à obtenir un remboursement de ses dépenses.
The National Party, qui a été créé en 2016, n’a donc pas réussi la percée attendue par son leader Justin Barrett, qui paye aussi sa virulence contre l’Union européenne dans un pays très attaché à l’Europe. Le meilleur score des candidats de ce parti est de 1,74 % des voix dans le secteur de Longford-Westmeath.
The Irish Freedom Party, fondé en 2018, a présenté dix candidats, mais aucun n’a obtenu plus de 2,06 % des voix. Son candidat dans le Kerry, John Bowler, un Californien qui s’est installé en Irlande ces dernières années, n’a obtenu que 0,61 % des voix, tandis que dans la baie de Dublin-Nord, Ben Gilroy a obtenu 1,08 % des voix.
Par ailleurs, Gemma O’Doherty, une ancienne journaliste irlandaise indépendante qui s’est présentée sous l’étiquette contre la corruption, a obtenu 1,97 % des voix à Fingal (soit 1 614 voix après les transferts).
O’Doherty a récemment fait la une des journaux (avant d’être exclue de YouTube et de Twitter) pour avoir dénoncé la propagande publicitaire mise en place par un groupe possédant une chaîne d’hypermarchés d’Irlande, où l’on voyait un couple métis sur une publicité. Elle a également subi les foudres de la bien-pensance (très puissante en Irlande comme en Angleterre) pour avoir diffusé publiquement des photos d’écoliers de type extra-européens qui, selon elle, montraient que les Irlandais devenaient une « minorité ethnique dans de nombreuses villes ».
En 2018, seuls 41 % des Irlandais, selon une enquête, se déclaraient ouverts à l’idée d’accepter davantage d’immigration, notamment musulmane. Néanmoins, à la sortie des urnes ce samedi, seul 1 % des sondés estimaient que l’immigration constituait une de leur principale préoccupation avant d’aller voter.
Le prochain recensement ethnique, qui se déroulera en 2021, permettra en tout cas à la population – contrairement à la France où cela est interdit – d’être renseignée sur l’avancée de l’immigration sur l’île, et de ses conséquences. En 2011, les Blancs représentaient encore en effet 93 % de la population irlandaise (dont 84,5 % d’Irlandais de souche). Un pourcentage dont se satisferaient sans doute bon nombre de leurs voisins Européens, qui pourraient alors effectivement donner la priorité, comme l’ont fait les Irlandais à l’occasion de ce vote, sur le logement, l’immobilier, la pauvreté et la politique sociale à mener.
Illustration : DR
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