Déception chez les défenseurs des langues régionales. La proposition de loi du député breton Paul Molac sur le sujet a été totalement retoquée par la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Peut-on seulement s’en étonner ?
Langues régionales : la désillusion
La France a un problème avec ses langues régionales. C’est le sentiment qui résulte du passage de la proposition de loi sur les langues régionales du député du Morbihan Paul Molac entre les mains de la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Celui qui est par ailleurs conseiller régional de Bretagne doit défendre sa proposition le 13 février prochain dans l’hémicycle. Mais le texte n’a dorénavant plus grand chose à voir avec son contenu original. Il ne contient plus que trois articles sur les neuf initialement présents.
Parmi les six supprimés, se trouvent les articles clés pour la sauvegarde des langues des patries charnelles composant l’Hexagone : à savoir ceux portant sur l’enseignement de ces langues, enjeu majeur de leur transmission et de leur survie. Il était notamment question de généraliser la proposition d’enseignement de la langue régionale sur certains territoires mais aussi de financer les écoles associatives comme le réseau Diwan ou encore de sécuriser les expériences d’immersion dans l’enseignement public. Selon les mots de Paul Molac, « la loi a été vidée de sa substance ». « C’est pourtant bien par ce biais que l’on parviendra à assurer ou non la transmission de nos langues à travers les générations », rappelle-t-il par la suite.
Quant aux trois articles restant dans la proposition, il s’agit d’un article concernant la signalétique bilingue et de deux autres ayant trait au patrimoine. Pendant ce temps, malgré son classement comme « langue sérieusement en danger » par l’Unesco, la langue bretonne peut mourir tranquille…
Des efforts vains face à un État sourd
Autre déception, le retrait de la proposition de loi par cette commission des Affaires culturelles d’un article portant sur les signes diacritiques des langues régionales. Un sujet particulièrement sensible en Bretagne avec le feuilleton du prénom Fañch et de son tilde, symbole à lui seul d’une administration jacobine jusqu’au-boutiste. Pendant ce temps, le décret annoncé il y a quelques jours par la ministre de la Justice Nicole Belloubet sur ces signes diacritiques régionaux se fait toujours attendre.
Une absence totale de considération de la part de l’État pour les langues de France également dénoncée par le député de Haute-Corse Jean-Felix Acquaviva :
#LanguesRegionales : nous sommes en situation de danger de mort ! On ne peut pas nous demander de choisir entre son identité profonde, sa « mère », et la #republique #LinguaCorsa #LinguaViva #DirectAN @RetPS @Partitu_FemuAC @Paul_Molac pic.twitter.com/X7RKvAKkO3
— Jean-Félix Acquaviva (@JF_Acquaviva) February 5, 2020
Rendez-vous le 13 février prochain pour connaître le contenu définitif du texte adopté. La manifestation organisée le 30 novembre 2019 devant le ministère de l’Éducation nationale, à laquelle participaient plusieurs associations de défense de la langue bretonne mais également Paul Molac n’aura donc pas servi à grand chose. Qui en sera surpris ?
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