Un collectif d’extrême-gauche a ouvert cette semaine un nouveau squat de migrants, rue Moquechien – en bas du marché de Talensac, près du site d’ERDF et de la Poste cours des Cinquante Otages. Et en face de la préfecture. L’installation, qui ne manque pas d’inquiéter les riverains, aurait pu être faite suite à des complicités entre syndicats et extrême-gauche.
Le fait que le gymnase de l’ASGEN, rue Moquechien, était vide depuis au moins juillet 2019, était un secret bien gardé. Les lieux sont censés être rasés pour accueillir un projet immobilier, sans date définie. Juste à côté, se trouvent les locaux des syndicats d’EDF, des locaux d’EDF, le transformateur ERDF vandalisé le 17 décembre dernier par des syndicalistes opposés à la réforme des retraites – ce qui a entraîné une énorme coupure de courant dans le centre-ville de Nantes, et la Poste du cours des Cinquante Otages. Juste en face, de l’autre côté du cours, la Préfecture.
Des lieux hautement stratégiques, mais visiblement très mal surveillés puisque le collectif d’extrême-gauche Personne à la rue a pu ouvrir le gymnase, « réquisition » confirmée par l’association d’extrême-gauche l’Autre Cantine dont l’un des cofondateurs, Christophe Jouin, est candidat sur la liste EELV de Julie Laernoes aux municipales après avoir pris un mois avec sursis pour avoir enfariné la maire socialiste Johanna Rolland avec sa petite amie, elle aussi militante d’extrême-gauche.
« Personne d’autre que des syndicalistes de chez nous n’en avaient les clés », s’étonne-t-on du côté d’EDF. L’eau chaude n’a même pas été coupée, alors que les lieux sont vides depuis des mois. La police municipale de Nantes a constaté ce 6 février vers 11 heures l’installation de 50 migrants, principalement en situation irrégulière, dont 30 issus du gymnase squatté à Beauséjour (Saint-Herblain) enfin évacué et vide la semaine dernière.
Nombreux sont les riverains à ne pas cacher leur inquiétude : « Les savoir tout près de l’approvisionnement électrique de la ville et du marché de Talensac m’inquiète beaucoup », confie Aline, 48 ans, « d’autant que c’est déjà le bordel quand l’Autre cantine distribue ses repas sous les auvents du marché ». « Les voisins du squat de migrants de Beauséjour ont vécu un enfer, entre viols, agressions, intrusions, cambriolages… ici, ils vont certainement être beaucoup plus que 50, ça va très vite partir en live, et nous étions jusque là le dernier quartier du centre-ville à être à peu près épargné. Je suis inquiet pour mes enfants », explique Medhi, voisin proche du squat.
« Quand on arrive le matin on trouve de la gerbe, de la saleté, de la pisse sous les préaux, on doit s’installer malgré tout et trois fois sur quatre le placier nous refuse de quoi nettoyer, alors qu’il y a de l’eau de javel en bidon et des branchements d’eau avec le tuyaux pourtant », explique une commerçante présente à l’extérieur.
« Avec les migrants ça ne va pas s’améliorer, Talensac est déjà un marché à l’abandon, maintenant c’est tout le quartier qui va en pâtir et on va se prendre l’insécurité au passage. Parce que désolé pour les militants, mais ce ne sont pas des enfants de chœur ! ce qui explique qu’ils les installent chez les autres plutôt que de les prendre chez eux, puisqu’ils les aiment tant ».
Du côté des forces de l’ordre, certains ne cachent pas leurs inquiétudes. « Les élections approchent, et tant le préfet que l’erreur qui nous sert de maire – hélas pour les nantais depuis 2014 – vont laisser faire pour acheter la paix sociale. Les riverains vont déguster et nous aussi : soit on va y passer notre temps, soit on va nous dire de ne pas y aller et quelqu’un finira par se faire justice soi-même. A Saint-Herblain comme dans d’autres endroits, on a eu de la chance que personne parmi les voisins ne pète un câble et règle le problème lui-même. A la campagne, ce se serait fini ainsi depuis longtemps : qui serait d’accord de se voir cambriolé ou ses enfants violés sans rien dire ? », s’interroge un policier nantais.
« Aux riverains d’un nouveau squat, je dirai Bienvenue en enfer »
« Il faut en finir avec l’angélisme et dire les choses en face », confie un autre policier nantais. « Quand la police municipale ou les politiques passent, ils vous montrent des femmes et des enfants, souvent hébergés, en pratique, dans d’autres lieux. Voire qui ont des logements. Ça fait mieux, ça fait pleurer et la presse gobe ça – quand elle n’est pas complice ».
En réalité, « au quotidien, ce sont des squats d’hommes célibataires, souvent défavorablement connus de nos services. Ils achètent ou dealent de la drogue, donc on retrouve immédiatement sur place les blédards [nords-africains] clandestins qui se disent mineurs et qui alimentent la délinquance en ville ».
« Ils leurs vendent la came, les rançonnent et font des repérages, comme ça quand le squat finit par partir, ils reviennent et multiplient les faits délinquants dans le quartier, comme ça s’est passé dans le quartier Graslin après le départ du squat rue de Bréa. Maintenant la nuit, clairement, c’est un coupe-gorge parce qu’ils ont bien compris que c’était bourge et qu’il y avait de l’argent à se faire. D’ailleurs, ils ne viennent pas de loin puisqu’ils étaient à Commerce et maintenant vont jusqu’à Gare Maritime ; on les interpelle souvent le long du quai, en bas du quartier, et dans les rues qui descendent ».
Et même entre eux, on est loin de l’image angélique : « il y a des bagarres, de la tension, qui s’accroît avec la promiscuité et l’impasse dans laquelle ils sont. Y en a qui s’introduisent chez les riverains ou qui font de la délinquance d’opportunité, des vols à l’étalage etc. C’est pour vivre, ou revendre pour s’acheter à manger, mais ce n’est pas une excuse, ou alors autant légaliser le vol.
Bref, si j’avais quelque chose à dire aux riverains d’un nouveau squat de migrants, c’est bienvenue en enfer, et que plus ça va durer, pire ce sera. Mais ils peuvent toujours prier pour qu’il y ait un mort, naturel ou non (overdose, rixe etc.), après quoi le pouvoir se réveillera et fera évacuer les lieux ou les fera gérer par une association, avec des vigiles etc ».
Louis Moulin
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