Le déploiement de la fibre optique, tant attendue, a pris du retard en Bretagne. Beaucoup de retard même : deux années. Et des responsabilités à pointer du doigt dans une région où la LGV vers Paris a davantage mobilisé les élus.
Fibre optique, le retard breton
Peut-on vraiment être surpris ? Les promesses de voir la fibre optique couvrir l’ensemble des campagnes bretonnes à l’horizon 2026 sont bien mal engagées. Le projet, destiné à alimenter les foyers bretons avec le très haut débit supérieur à 100 Mb/s, accuse en effet deux ans de retard sur les prévisions de la phase 1 du déploiement, à savoir la période 2016-2020.
Dans ce contexte, le président de la Région Bretagne (B4) Loïg Chesnais-Girard s’est rendu à Pontivy le 4 février pour faire le point sur la mise en place du THD (très haut débit) dans le département à l’occasion d’une réunion sur le projet Bretagne très haut débit (BTHD). Étaient notamment présents le syndicat mixte de coopération territoriale Mégalis Bretagne (dont le président est Loïg Chesnais-Girard lui-même) et les élus du Morbihan. Dont la maire de Pontivy Christine Le Strat. Et cette dernière a rapidement prévenu Loïg Chesnais-Girard : « Je ne vais pas vous ménager ». Un sentiment de colère d’autant plus légitime dans un Centre-Bretagne où l’arrivée de la fibre optique est attendue de longue date par les acteurs économiques locaux. Il n’y a pas que la LGV vers Paris pour dynamiser les écosystèmes bretons ! Visiblement bien conscient de ces manquements inacceptables dans le respect des délais annoncés, le président du Conseil régional a présenté ses excuses aux élus « qui sont en première lignes face aux mécontentements légitimes des usagers ».
Quel avenir pour le THD en Bretagne ?
Dans le détail, l’écart entre les grandes villes bretonnes et les campagnes est, une nouvelle fois, criant ! Les agglomérations ayant pris elles-mêmes en charge le déploiement du THD n’ont pas connu de retard. Mais, hors des villes, le compte n’y est pas du tout. En cause, Mégalis Bretagne qui a cumulé une série de problèmes. Du manque de main d’œuvre à la pénurie de fibre en passant par des péripéties administratives, le bilan n’est guère reluisant… et les délais non tenus.
Un désaveu qui ne concerne pas que le Morbihan mais aussi les autres départements bretons. Le 5 février, Loïg Chesnais-Girard était cette fois en visite en Ille-et-Vilaine, à Iffendic. En présence, là aussi, des maires et élus des intercommunalités mais également du président du Conseil départemental, le socialiste Jean-Luc Chenut.
Quelles perspectives pour rattraper les retards dans la mise en place du THD en Bretagne ? La Région a changé de méthode l’année dernière, a rappelé Loïg Chesnais-Girard : « il y a un an nous avons décidé de passer à un marché de conception – réalisation, un choix politique fort. […] L’entreprise Axione, filiale du groupe Bouygues, s’est donc vue confier toutes les études et l’ensemble du chantier. » Avec l’ambition de réaliser 150 000 prises de fibres par an. Seul point positif de cet état des lieux, le coût du projet, initialement évalué à trois milliards d’euros, est désormais de 1,7 milliards d’euros. Rendez-vous en 2026 pour savoir si Mégalis et la Région vont être à la hauteur de l’enjeu. Les conclusions de la phase 2 en 2023 donneront déjà une idée de l’avancée du chantier. Ou de l’accumulation des retards…
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