Les agressions, les vols et les agressions sexuelles sur le réseau des transports en commun de Nantes (Semitan) sont légion, sans compter les agressions physiques contre les agents – 1 à deux par jour. La CFDT, principal syndicat, en a marre, et à l’approche des municipales, reprend sa campagne sur l’insécurité, mise en sommeil ces derniers mois. Une action choc est prévue à l’épicentre des trafics, le 7 février de 17 à 21 h, place du Commerce.
La circulation des trams ne sera pas perturbée, mais les syndicalistes veulent tracter et mettre les mots sur l’insécurité, à l’heure où trafic de stupéfiants et vols à l’arraché battent leur plein entre la croisée des tramways et la Médiathèque. Par ailleurs le syndicat s’est fendu d’une lettre au ministère de l’Intérieur, après avoir alerté le préfet et même la députée de la 5e circonscription de Nantes, Sarah el Airy (Modem), actuellement sur la liste en Marche de Valérie Oppelt pour les municipales de mars 2020.
Le 22 janvier dernier, le syndicat écrit ainsi à Christophe Castaner : « Faut-il attendre un événement dramatique pour que vous preniez enfin des mesures efficaces et renforce[z] le sous-effectif de la police nationale ? […] En ce début d’année 2020 la situation est des plus préoccupantes. Bagarres dans les transports et sur les quais, violences faites aux femmes, vols à l’arraché, utilisation d’armes blanches et gaz lacrymogène, caillassages, tirs sur les véhicules de transport ».
Indiquant en regard l’augmentation de la population – 43.599 personnes en cinq ans de 2012 à 2017, à raison de 8720 personnes en moyenne par an – et l’augmentation de 22% depuis 2011 à 2018 du nombre de voyages (142 400 000 voyages en 2018), la CFDT met l’accent sur la faiblesse des effectifs policiers chargés spécifiquement de surveiller le réseau.
Il s’agit de la BSTC, brigade de sécurité des transports en commun, « 14 fonctionnaires de police […] scindés en deux groupes [qui] intervient prioritairement aux horaires les plus criminogènes, entre 13 et 21 h, jusqu’à 1 h du matin si nécessaire », relève le syndicat. « Et encore, quand ils ne sont pas affectés au maintien de l’ordre, car à Nantes, il y a souvent des manifestations, des perturbations pendant les manifestations, et de plus en plus en marge des manifestations – c’est une aubaine pour les voleurs en toutes sortes », tempère un policier nantais.
Bref, 14 policiers présents par intermittence, débordés, dont le travail n’est pas du tout reconnu par l’institution judiciaire, pour protéger des dizaines de milliers de voyageurs, chaque jour, dans les transports en commun nantais. Pourquoi s’étonner que c’est en train de tourner mal ?
Le syndicat demande : « la création de postes supplémentaires pour assurer la sécurité, la création d’une brigade motorisée des transports, chargée d’intervenir rapidement sur un appel d’urgence, la création d’un poste de coordonateur des moyens police nationale, gendarmerie, police municipale, sur le modèle de Paris, la présence de BSTC aussi sur l’ouverture de réseau [les agressions, vols et autres attouchements sont aussi de plus en plus fréquents en fin de nuit, de 4 à 8 h du matin, notamment quai de la Fosse et sur l’île de Nantes], l’accompagnement ponctuel de la BSTC dans le cadre des opérations de contrôle, la résolution des problèmes liés aux trafics illicites [de stupéfiants], sur Commerce et qui s’étendent maintenant sur Pirmil et la ligne de tramway 3 ».
L’existence d’une brigade motorisée de police municipale figure dans le programme de la candidate En Marche Valérie Oppelt pour les municipales de mars prochain. On peut donc se demander si la CFDT, portée par une base d’agents de la SEMITAN las du verrouillage de l’information opéré par une municipalité socialiste en fin de règne et dans un contexte de forte augmentation de l’insécurité, n’a pas décidé de prendre le problème à bras le corps.
En court-circuitant une mairesse socialiste visiblement dépassée depuis 2014. Et quitte à reprendre, pour se faire entendre d’un ministère de l’Intérieur pour lequel Nantes n’est visiblement pas la priorité – ne serait-ce que parce que ce n’est pas une ville gérée par En Marche, des recettes ébauchées par la candidate LREM locale.
Avec une petite possibilité d’être entendue, tant sur le plan local que national, alors que même les commerçants, habituellement discrets, surtout en période électorale, multiplient manifestations et actions pour alerter sur l’insécurité constante qui étouffe Nantes.
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Louis Moulin
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