L’Iran, terre de football ! L’on évoque souvent l’Amérique du Sud ou le Royaume-Uni pour parler de la passion qui habite les fans de foot mais d’autres régions du monde ont leur mot à dire, y compris des endroits auxquels on ne songerait pas à première vue. C’est par exemple le cas du Japon, mais nous nous intéresserons aujourd’hui à l’Iran.
Téhéran, ville reine du football iranien
Le championnat local a évolué au gré des troubles politiques et n’est devenu professionnel qu’en 2001. Dans les années 60, une compétition opposant les différents clubs de Téhéran faisait office de compétition phare du pays, les équipes de la capitale iranienne fournissant par ailleurs la quasi-totalité des joueurs de l’équipe nationale. Une équipe nationale iranienne vainqueur de la coupe d’Asie trois fois successivement entre 1968 et 1976.
L’ancien nom de l’élite est « Ligue Azadegan », Azadegan désignant les prisonniers de la guerre entre l’Iran et l’Irak. C’est aujourd’hui la deuxième division qui porte son nom. La politique n’est jamais bien loin du sport.
Si Téhéran n’est plus la seule ville représentée dans le championnat, dénommé « Coupe du golfe Persique » depuis 2006, le derby entre l’Esteghlal Téhéran et le Persépolis FC est l’affiche qui déchaîne le plus les passions.
Comme souvent dans les capitales et autres métropoles, le derby oppose non seulement deux clubs qui se haïssent mais aussi deux classes sociales opposées. Le premier est ainsi considéré comme le club bourgeois tandis que le second est plus populaire.
L’atmosphère passionnée et bruyante du derby de Téhéran
De graves incidents impliquant joueurs et supporters éclatèrent en 1995 après un scénario à rebondissements, Esteghlal remontant deux buts de retard dans les dernières minutes de la partie.
Rebelote cinq ans plus tard, avec cette fois plusieurs dizaines d’arrestations et des scènes d’émeutes en ville le 29 décembre 2000.
Le Persepolis FC est par ailleurs le club le plus titré du pays avec douze championnats à son palmarès dont les trois derniers. L’équipe de Téhéran a aussi disputé la finale de la Ligue des Champions Asiatique en 2018, s’inclinant 2-0 contre les Japonais des Kashima Antlers.
Tractor Club : soutien massif et speaker à la ramasse !
Les amateurs de football français qui suivent la Ligue 2 ont eu l’occasion d’entendre parler d’un autre club iranien il y a quelques mois. L’attaquant de Troyes, Kévin Fortuné, également passé par Lens et souvent décisif, a en effet rejoint le Tractor Club, situé à Tabriz, au Nord-Ouest du pays.
Le Tractor Club attire plus de 60 000 supporters lors des chocs qui se disputent dans son stade Yadegar-e Emam, d’une capacité de 71 000 places. Peu de clubs français peuvent se vanter d’un tel succès et le choc a dû être brutal pour un joueur habitué aux enceintes de Niort, Châteauroux ou Laval.
En 2015, une histoire invraisemblable était arrivée à cette équipe et son public, qui, à cause d’un speaker maladroit (ou lâche ?) avait crû être champion…alors que l’équipe suivante était passée devant elle au classement après la dernière journée ! Quelques sièges avaient volés sur la pelouse ce jour-là et d’autres incidents émaillent parfois les matchs, notamment lors des rencontres face aux équipes de Téhéran.
Coupe du Monde 1998 : pour l’éternité !
Un souvenir rassemblera pour toujours l’ensemble des amoureux du ballon rond en Iran : lors de la Coupe du Monde 1998, l’équipe nationale avait obtenu la première victoire de son histoire dans la compétition contre son rival historique, les Etats-Unis ! Une affiche qui avait fait frémir les organisateurs mais tout s’était déroulé sans encombre au stade Gerland, à Lyon, sauf pour le gardien américain, qui avait dû aller chercher deux fois la balle au fond de ses filets alors que ses coéquipiers ne trompaient la défense adverse qu’une seule fois.
https://www.youtube.com/watch?v=2nO-oOEQa-c
Depuis, l’Iran s’est présenté sur la scène mondiale à trois reprises, en 2006, 2014 et 2018. La sélection y a obtenu sa seconde victoire (1-0 contre le Maroc) et réalisé deux bons matchs contre des cadors (1-1 contre le Portugal et 0-1 contre l’Espagne).
La prochaine grande victoire pour l’Iran sera peut-être au sein même de ses frontières avec l’autorisation des femmes dans les stades. En octobre dernier, 3 500 iraniennes ont assisté à un match, une première depuis 1979 et la révolution.
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