Après plus d’un an de « hirak », demeuré maître du calendrier qu’il avait lui-même fixé, et en dépit de la poursuite de manifestations qu’il va maintenant s’efforcer de faire apparaître comme jusqu’au-boutistes, le « Système » algérien que l’on disait condamné, a finalement triomphé de la rue.
Une victoire qui s’est faite sans ces scènes d’anarchie qui défigurent la France depuis deux ans, et sans ces massacres de foules qui se produisent régulièrement dans le monde arabo-musulman. Un cas d’école…dans l’attente de l’avenir qui dira si cette victoire ne fut que provisoire.
Pour comprendre comment s’est fait le triomphe du « Système » algérien sur la rue qui le contestait, il importe d’écarter l’écume médiatique et les emballements idéologiques pour aller au fond des réalités algériennes (voir à ce sujet mon livre Algérie, l’Histoire à l’endroit).
Explications et développement :
Le triomphe du « Système » algérien tient en six points :
1) La Constitution ayant été maintenue, il n’y a donc pas eu d’élections constituantes, principale revendication politique des manifestants,
2) L’unité de l’armée et des grands corps de l’Etat, à commencer par la magistrature, a été préservée,
3) Les appels à la grève générale ont tous échoué, y compris dans le monde de l’éducation,
4) Alors que la rue affirmait que l’élection présidentielle ne pourrait se tenir, elle s’est déroulée dans le calme et a permis d’élire un président, certes mal élu, mais légitime.
5) L’armée n’est plus officiellement sur le devant de la scène,
6) L’Algérie sort de son long silence diplomatique et elle réapparaît dans les dossiers brûlants de la Libye et du Sahel.
Quant à la rue, et comme l’ont montré les foules immenses qui ont assisté aux obsèques du général Gaïd Salah, force est de reconnaître qu’elle n’appartient pas aux seuls « hirakiens » et qu’il y a donc deux peuples en Algérie. L’un conteste le « Système » quand l’autre le soutient…Peut-être parce qu’il en vit…Ce qui va d’ailleurs poser un vrai problème au président Tebboune. La crise économique algérienne est en effet telle que, s’il prend des mesures pour la régler, il va devoir trancher dans l’économie d’assistance et de clientèle, et il s’aliènera alors le peuple « légitimiste »…
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