Notre cerveau est-il prédisposé au racisme ? Ou plutôt à l’amour des siens avant toute chose ? C’est ce sur quoi s’interroge le magazine Sciences & vie
« Inconsciemment, nous pensons que les personnes d’un groupe étranger sont moins humaines, moins intelligentes et moins susceptibles d’éprouver des sentiments complexes, montrent les études » explique Emmanuel Monnier, auteur de l’article, dont voici quelques extraits, intéressants :
Professeur à l’université de Yale, le psychologue John Dovidio démontre depuis plus de vingt-cinq ans que l’on peut avoir un discours sincèrement antiraciste tout en manifestant au quotidien des pratiques inconscientes de discrimination vis-à-vis de certaines catégories de personnes, dès lors qu’elles peuvent être justifiées par des arguments pseudo-rationnels. Il a ainsi confronté différentes personnes blanches à l’agression (simulée) d’une femme au couteau. Dans un cas, la femme agressée est blanche, dans l’autre, noire. Résultat ?
Quand la personne pense être le seul témoin de la scène et donc moralement tenue d’intervenir, elle porte secours à la victime, qu’elle soit blanche ou noire. Mais lorsque la personne croit que d’autres assistent comme elle à l’agression, et qu’elle peut donc se convaincre que d’autres interviendront à sa place, elle porte secours deux fois moins souvent à la femme noire qu’à la femme blanche (38 % contre 75 %). Idem lorsqu’on demande à des cobayes blancs, qui s’affirment pourtant non-racistes, de choisir un candidat pour un poste : quand les compétences sont sans ambiguïté, le candidat noir n’est pas discriminé. Mais lorsque ces compétences trahissent des forces et des faiblesses, le candidat blanc est systématiquement favorisé par rapport au candidat noir.
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Amour des siens, haine de l’autre
Les psychologues sociaux ont démontré que le premier moteur de la discrimination n’est pas la haine de l’autre, mais l’amour des siens. Ils observent en effet, chez tous les individus, une inclination à favoriser le groupe auquel ils s’identifient (l’endogroupe) par rapport aux autres groupes (les exogroupes). Cet ethnocentrisme naîtrait du besoin fondamental de l’enfant de développer des relations privilégiées avec certaines personnes (ses parents, sa famille, ses amis…), ce qui a pour conséquence d’en exclure d’autres.
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Quitte à faire souffrir l’autre groupe ? L’indifférence à la souffrance des étrangers a perdu de son mystère depuis qu’a émergé, dans les années 2000, le concept d’ »infrahumanisation » sur lequel Jacques-Philippe Leyens a beaucoup travaillé : les personnes d’un groupe étranger sont inconsciemment perçues comme moins humaines que celles de son propre groupe, c’est-à-dire moins intelligentes et moins susceptibles d’éprouver des sentiments complexes (amour, honte, admiration…).
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Un résultat cohérent avec d’autres études qui ont relevé que plus la cohésion et l’altruisme entre les membres d’un groupe sont forts, plus ils s’accompagnent de comportements de rejets vis-à-vis des groupes extérieurs, les groupes soudés ayant plus tendance à considérer les autres comme moins humains qu’eux.
Difficile de chasser le naturel donc. A moins que nos chers décideurs politiques se mettent à travailler sur des médicaments visant à modifier le cerveau humain et nos comportements ? Ne riez pas, il y en a peut être qui y songent déjà…au nom de la lutte contre le racisme et les discriminations bien entendu…
L’article dans son intégralité sur Sciences & vie
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