Bientôt la fin des pièces de 1 et 2 centimes dans la zone euro ? C’est l’idée de la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. La porte ouverte à la disparition progressive de la monnaie liquide ?
Rien n’est encore acté mais les petites pièces rouges qui hantent le fond de vos porte-monnaie sont peut-être sur le point de sortir de l’Histoire. Pour des raisons d’économies sur les coûts de fabrication notamment, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen envisagerait de les supprimer. Et de ne garder que les pièces de cinq centimes, avec un arrondi obligatoire des prix à la clé.
Ces pièces de 1 et 2 centimes d’euro ne circulent déjà plus dans plusieurs des 19 pays de la zone euro. Mais certains États, au premier rang desquels l’Allemagne, sont en revanche opposés à cette suppression. Une idée lancée par l’ancien président de la Commission Jean-Claude Juncker en décembre 2018. Et qui devait être annoncée par cette même Commission mercredi 29 janvier lors de la présentation du programme de travail 2020, selon l’agence de presse allemande DPA.
Des pièces coûteuses et souvent oubliées
Dans les faits, il s’agirait donc
d’arrondir aux 5 centimes inférieurs ou supérieurs afin de réduire les coûts de fabrication monétaires et de simplifier les paiements en espèces. Ces pièces rouges représentent par ailleurs une masse monétaire morte compte tenu de leur faible utilisation tandis qu’un
rapport réalisé en 2013 indiquait que la production de ces pièces de 1 et 2 centimes avait coûté 1,4 milliard d’euros à la zone euro depuis 2002.
En France, le Comité action publique 2022, comprenant une quarantaine de membres dont des économistes et des élus mais aussi des personnalités issues du public et du privé, s’est penché sur la question. Lancé par le Premier ministre Édouard Philippe en 2017, le comité avaient pour mission de réfléchir à des propositions de réforme. Et a, lui aussi, suggéré l’abandon des pièces de 1 et 2 centimes d’euro.
Toutefois, derrière la suppression de ces deux types de pièces, doit-on craindre la marche forcée vers une disparition progressive du cash ? Ce comité se fendait ainsi d’un
rapport en 2018 préconisant de « réduire progressivement la circulation d’espèces », pour aller « vers une extinction complète » de la monnaie liquide. Et cela « pourrait commencer à court terme par mettre fin à la circulation des pièces de 1 et 2 centimes ».
Si la suppression de ces deux pièces serait approuvé par 64 % des citoyens européens selon un sondage publié en 2018 par la Commission européenne, le glissement vers une société « zéro cash » au nom de la lutte contre la fraude fiscale et le grand banditisme pourrait bien avoir des conséquences indésirables, et encore insoupçonées par ces mêmes citoyens. À commencer par le contrôle total des États sur l’utilisation de leur argent.