Il y a deux semaines, le Diplocat [Conseil de la diplomatie publique de Catalogne, un consortium public-privé créé par le gouvernement catalan pour promouvoir la connaissance de la Catalogne au sein de la communauté internationale] a publié le résumé d’une enquête sur l’image internationale de la Catalogne et de l’Espagne.
Il en ressort que selon ce sondage l’image de l’Espagne s’est dégradée et que 42 % des Européens estiment que l’UE devrait jouer un rôle de médiateur entre les gouvernements espagnol et catalan. La récente publication du rapport complet nous donne l’occasion d’en savoir beaucoup plus sur ce que les Européens pensent du cas catalan.
La méthodologie utilisée est un questionnaire par Internet auquel 2 561 personnes ont répondu (qui comporte donc un biais).
L’une des données les plus significatives est que la grande majorité des Européens (74 %) pensent que si un territoire souhaite devenir indépendant, il a le droit démocratique de le faire. C’est l’opinion majoritaire dans tous les pays interrogés, bien qu’elle soit particulièrement élevée chez les Slovènes (85 %), les Lettons et les Estoniens (86 %). Ces trois États ont obtenu leur indépendance relativement récemment.
Les Européens sont également favorables à l’idée de céder davantage de pouvoirs aux régions, bien que la majorité d’entre eux estiment que la loi doit être respectée en tout temps, même si cela implique l’interdiction d’un référendum. Il n’y a qu’en Slovénie et dans les deux pays baltes que moins de la moitié de la population est d’accord avec ce point.
Les deux positions – le droit à l’indépendance et le respect de la loi – peuvent entrer en conflit lorsqu’un État refuse de faciliter une solution politique à certaines demandes. Lorsqu’une telle situation se produit, comme ce fut le cas lors du processus catalan, les personnes interrogées ont des opinions divergentes sur le rôle que devrait jouer l’Union européenne.
La plupart sont favorables à ce que l’Union européenne serve de médiateur entre les deux gouvernements ou qu’elle soutienne ouvertement le référendum. Les deux options ont recueilli le plus grand soutien en Slovénie (73 %), en Lettonie et en Estonie (66 %), suivies par l’Allemagne (61 %) et l’Italie (60 %). En fait, la France est le seul pays où ces deux options sont soutenues par moins de la moitié des répondants (44 %).
À l’autre extrême, ceux qui sont favorables à ce que l’UE défende l’unité espagnole ou refuse de prendre parti en matière d’indépendance ne sont majoritaires dans aucun pays. Le fait que l’UE ait adopté cette position jusqu’à présent a conduit de nombreux Européens à s’opposer à la manière dont elle a géré le conflit catalan.
Connaître les principaux développements du processus
Outre le fait qu’ils se sont fait une opinion sur les grandes évolutions politiques qui se sont produites dans le cadre du processus catalan, une partie importante des Européens ont une compréhension approfondie des spécificités des événements récents. Plus de 80 % ont entendu parler de l’exil de Carles Puigdemont à Waterloo, du référendum du 1er octobre 2017, de la déclaration d’indépendance et de l’emprisonnement des leaders indépendantistes.
En fait, environ la moitié des personnes interrogées se considèrent « bien informées » ou « très bien informées » de ce qui se passe en Catalogne. Cela a eu un impact sur l’image de l’Espagne et de la Catalogne à l’étranger, ce qui a conduit 77 % des personnes interrogées à penser que le conflit n’a pas été résolu.
Au total, 53 % des personnes interrogées ont changé d’avis par rapport à l’Espagne et 56 % par rapport à la Catalogne, mais dans le sens inverse. L’image globale de l’Espagne est maintenant plus négative, puisque pour 31 % des personnes interrogées, elle s’est aggravée et pour 22 %, elle s’est améliorée ; tandis que, dans l’ensemble, la Catalogne a une image plus positive : 34 % la voient sous un jour plus positif, contre 23 % qui la voient de façon plus négative.
En ce qui concerne les différents États, plus de la moitié des Slovènes (52 %) ont désormais une opinion plus négative de l’Espagne, suivis des Lettons et des Estoniens (40 %) et des répondants du Royaume-Uni (40 %). Dans l’ensemble, l’image de l’Espagne ne s’est améliorée dans aucun des pays étudiés.
En ce qui concerne la Catalogne, la situation est plus compliquée. En Slovénie, en Suède, en Italie, au Royaume-Uni, en Lettonie et en Estonie, la Catalogne a désormais une image plus positive, tandis que les Français, les Allemands et les Suisses ont une opinion plus négative.
Enfin, il convient de noter qu’une majorité des personnes interrogées estime que le gouvernement espagnol n’a pas fait grand-chose pour promouvoir le dialogue (61 %) et a été trop autoritaire (59 %), tandis qu’une minorité considère que l’Espagne a « fait ce qu’elle devait faire » (37 %) ou qu’elle a été trop molle (23 %). Les résultats sont similaires à ceux d’une récente enquête du Real Instituto Elcano, un groupe de réflexion dédié à l’analyse de la politique étrangère espagnole. L’enquête de l’institut a également produit des chiffres similaires en ce qui concerne le nombre d’Européens qui estiment que l’Espagne n’a pas suffisamment dialogué et qu’elle a été trop autoritaire.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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