La grogne populaire de la mi-novembre a une fois de plus visé le pouvoir à Téhéran. Cette fois, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres a été la destruction d’un avion de ligne ukrainien dans le ciel de la capitale iranienne, entraînant la mort de 176 innocents.
Après le crash, les étudiants d’Amir Kabir et d’autres universités sont descendus dans la rue avec la population pour montrer leur indignation contre ce régime, qui n’a apporté que la mort et la haine. Les flammes de la colère se sont rapidement étendues dans plusieurs villes, comme Ispahan, Chiraz, Babol, Lahijan, Hamedan et Machad.
Les étudiants, avant-garde du soulèvement
Cette fois, les meneurs des manifestations, d’abord à Téhéran, puis dans le reste des villes, étaient les étudiants. Ils ont ciblé le guide suprême dès le début. Les slogans étaient axés sur la dictature d’Ali Khamenei. Les frondeurs ont scandé « A bas le dictateur » ou « commandant-en-chef, démission ! », exigeant le départ du guide suprême de l’Iran.
Le peuple iranien s’est opposé à cette nouvelle dictature dès le début des années 1980. Il a traversé le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988, le soulèvement des étudiants en 1999, les manifestations populaires les fraudes électorales de la présidentielle de 2009, le soulèvement de décembre 2017 et les récents événements de novembre 2019.
Cette fois, la cible principale était Khamenei en tant que dictateur. Tous les arguments et les revendications qui avaient mené aux manifestations des années précédentes non seulement sont restés valables, mais certains sont encore plus forts.
Plus des deux tiers des Iraniens, un pays riche, vivent sous le seuil de pauvreté. Le chômage augmente chez les jeunes et particulièrement parmi les diplômés. Toute cette situation a conduit, ces dernières années, à la formation de bataillons de la faim et du chômage.
Tout cela a été boosté par la répression des libertés fondamentales. La répression des femmes et le voile obligatoire, l’oppression des jeunes qui ont soif de modernité et rejettent les dogmes médiévaux ; une catégorie qui refuse de se résigner. Tous ces arguments et ces motifs ont contribué à façonner le mouvement anti-dictature qui est aujourd’hui devenu imparable.
En outre, le sang de 1 500 personnes injustement versé par la dictature religieuse lors des événements récents, a accentué la mobilisation. Cela a été clairement démontré ces dernières semaines, dans les slogans des étudiants qui criaient dans les rues : « 1 500 personnes tuées en novembre!”. Le litige pour les personnes qui ont perdu la vie dans l’attaque du vol ukrainien s’est ajouté au litige pour les victimes du soulèvement de la mi-novembre.
Principales caractéristiques du soulèvement de janvier
Le septième soulèvement organisé ce mois-ci a sa meilleure illustration dans les slogans. En plus de se concentrer sur le fascisme religieux et à Khamenei, les manifestants ont également souligné la répression et l’exportation du terrorisme par les gardiens de la révolution. En plus d’être responsable du massacre de 1500 personnes en novembre, cet organe est la principale cause de l’avion ukrainien abattu. “Gardien! Honte à toi, dégage du pays », ont scandé les étudiants en janvier, ainsi que “les gardiens commettent des meurtres, le guide suprême les soutient!” et ainsi de suite.
Après l’élimination du général Qasem Soleimani lors d’une opération américaine en Irak, le guide suprême a utilisé une propagande trompeuse et diffusé des informations en premières pages des journaux pour s’assurer que Soleimani devrait être considéré comme un héros national et un être cher, incitant les gens à sortir dans les rues pour célébrer ses funérailles. Au lieu de cela, les gens ont démontré publiquement qu’il déteste cet homme en brûlant son portrait. « Soleimani assassin, son guide aussi est assassin », ont-ils crié en réponse au barnum de ses funérailles.
Hamid Enayat
Photo d’illustration : DR
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